« Soyons des femmes de grand désir ». Cette phrase est parmi les premières que j’ai entendu de la part de Marie, responsable du noviciat…
Cette phrase m’a surprise ! Femme, désir, je ne m’attendais pas à être accueillie avec ces mots dans la vie religieuse. Et aujourd’hui, je sens combien cette phrase est une phrase d’appel, exigeante.
Car en effet, de quoi s’agit-il ? Il s’agit de vivre, me reconnaissant fille du Père, créée par Lui, cherchant à faire sa volonté. Or, son désir pour moi, son désir en moi, quel est-il ? J’apprends, dans le travail du noviciat, à me mettre à l’écoute de la Parole, le Christ, qui cherche à naître dans l’humanité au long du temps. Lui, le Christ, révèle mon désir, désir de vie, de parole. Ce désir est fondateur de ma vie, je crois que Dieu l’a déposé en moi. Il est en moi, et je suis une femme. J’ai été surprise de découvrir que ma féminité a toute sa place dans ma vie religieuse, et qu’elle est appelée à être révélée davantage. La création se fait dans la séparation, « homme et femme il les créa ». Il y a là une séparation, la marque indélébile d’une différence. J’ai découvert combien cette altérité fondamentale est structurante pour la vie de l’humanité, pour ma propre vie.
Me reconnaître femme c’est donc faire droit à ce que je suis, dans le dessein du Père ; c’est faire droit à l’autre, homme, dans sa différence. Je crois que cette vie dans la différence sexuelle reconnue avec simplicité m’ouvre sur toute différence, sur toute altérité. C’est un chemin, et je goûte de le parcourir à la suite du Christ chaste, pauvre, obéissant, lui, le modèle d’humanité.