Durant l’Avent, en nous appuyant sur Saint Paul, dirigeons-nous vers le Christ.
Saint Paul a puisé dans sa démarche spirituelle, dans sa prière, dans la contemplation du Christ, pour connaître en profondeur le mystère chrétien. En effet, la connaissance intellectuelle et la catéchèse sont importantes pour chacun, mais cela peut rester une connaissance purement intellectuelle, comme les mathématiques ou l’histoire. Paul nous montre qu’il y a un au-delà la connaissance intellectuelle, qui est la connaissance de la foi, au sens fort du terme connaissance, qui signifie « naître avec ». Cela suppose une maturation dans le silence de son cœur pour que les connaissances ouvrent véritablement à la rencontre personnelle avec le Christ ressuscité et une découverte sans cesse approfondie du mystère chrétien. C’est cette démarche qu’a faite saint Paul et qui l’a conduit à nous livrer des secrets importants sur le Christ, dont il médite sans cesse la vie, la parole et la mission. Parmi les méditations qu’il nous propose, une des plus importantes est celle que l’on trouve dans l’épitre aux Philippiens, chapitre 2, où l’Apôtre nous révèle le mystère de l’incarnation et de la Rédemption, mystère difficile, même pour les premiers chrétiens. Il est difficile de reconnaître un Dieu qui se fait proche de l’homme, un Dieu qui, sans perdre sa divinité, devient homme et qui s’anéantit dans la condition humaine jusqu’à la mort sur la Croix, nous dit Paul, mystère que l’on appelle d’un terme technique, la kénose. Ce n’est pas l’idée que l’on se fait habituellement de Dieu ! Et puis, il faudra particulièrement longtemps pour que le mystère de la Croix soit véritablement accepté comme mystère de la Rédemption. La Croix apparaît comme un scandale pour les juifs et une folie pour les païens (cf. 1 Co 1,23 ; Ga 5,11). Même les artistes auront de la peine à représenter le Christ en Croix dans leur approche de la foi chrétienne. Il faudra pratiquement cinq siècles pour que, en Occident, à Rome, à l’église Sainte-Sabine, on trouve une représentation du Christ en croix. C’est donc ce mystère de la Croix qu’il nous faut contempler pour découvrir vraiment la mission du Sauveur et pour affermir notre foi à un Dieu qui nous aime au point d’accepter de se livrer pour nous. Par sa mort sur la Croix, le Christ a assumé le péché de l’humanité. Il a donné sa vie pour que le monde ait la vie, et qu’il l’ait en abondance.
C’est ainsi que saint Augustin, méditant ce mystère s’est exclamé « Bienheureuse faute de l’homme qui valut au monde un Sauveur ! », hymne dont le texte définitif a été fixé par le Pape Innocent III et que nous reprenons au cours de la nuit pascale pour célébrer dans la joie la victoire du Christ sur le péché et sur la mort. La mort du Christ nous touche particulièrement parce qu’elle nous montre l’amour infini de Dieu pour chacun de nous. Dieu a voulu que l’homme, marqué par le péché des origines et par le péché personnel, soit sauvé, car il ne peut se sauver lui-même. Chaque fois que nous regardons la Croix du Christ ou que nous faisons le signe de la Croix, nous rappelons le don infini que Dieu nous a fait en se livrant pour notre salut, nous rappelant que, pour Lui, nous valons mieux que le péché que nous pouvons commettre, et que nous sommes appelés, en nous mettant à sa suite à marcher dans la voie de la sainteté, à avoir comme boussole la Croix, signe que le péché n’a pas sur nous le dernier mot et que l’amour de Dieu pour chacun de nous est infiniment plus fort. En contemplant la Croix du Christ, puissions-nous entendre Jésus lui-même nous murmurer au fond de notre cœur : « Je t’aime infiniment. Tu vaux mieux que le mal que tu as fait. N’aie pas peur, relève-toi sur la route, car sur la route de Dieu on guérit en marchant à l’ombre de la Croix ». En regardant la Croix du Christ, puissions-nous découvrir la confiance que le Seigneur a en nous, puissions-nous accepter de le découvrir et de le reconnaître comme celui qui seul peut nous sauver et faire de notre vie quelque chose de grand et de beau.
Et si chacun de nous acceptait de prendre régulièrement quelques instants pour contempler la Croix du Christ, mystère d’amour, mystère de salut, porte du bonheur. Je suis sûr que sa vie en serait transformée, car chacun sentirait alors que le Christ le regarde, l’enveloppe et l’accompagne de tendresse, de miséricorde et d’amour ?