Proposer, transmettre, célébrer pour que tout homme puisse découvrir qu’il est aimé de Dieu. C’est, à la manière de Jésus, proposer ce que nous croyons être l’unique bonne nouvelle pour l’homme de tous les temps. Mais la discrétion et le respect vont de pair avec le partage et le témoignage.
Je commencerai par quelques précisions qui me semblent nécessaires.
D’abord une définition de la laïcité. Le mot grec “laikos” est apparu au sein de l’Eglise du 1er siècle, sous la plume de Clément de Rome pour désigner celui qui n’est pas prêtre. Il désigne l’état des fidèles qui ne sont pas revêtus des ordres sacrés. Le vocable “laïcité”, par contre n’a jamais été en usage dans la littérature ecclésiastique. Il faut attendre la fin de XIXe siècle pour le voir utilisé dans le seul langage politique. Le Supplément du Littré de 1881 le mentionne pour la première fois. Le Larousse en donne la définition suivante : “Système qui exclut les Eglises de l’exercice du pouvoir politique ou administratif, et en particulier de l’organisation de l’enseignement”. Toutefois, Pie XII se prononcera en faveur d’une “saine et légitime laïcité de l’Etat” (23 mars 1958), Paul VI parlera de la “juste laïcité” de la cité terrestre (17 juin 1965), et Jean-Paul II, au début de cette année, définira la laïcité comme “le respect de toutes les croyances de la part de l’Etat, qui assure le libre exercice des activités cultuelles, spirituelles, culturelles et caritatives des communautés de croyants”. L’enjeu est clair : alors que certains plaident pour une laïcité-exclusion, l’Eglise est favorable à une laïcité-distinction qui assure l’autonomie du temporel et du spirituel. Distinction mais pas ignorance.
Quand au concept de “nouvelle évangélisation”, je crois que le Saint-Père en a donné une définition dans son Exhortation apostolique post-synodale “Ecclesia in Europa”, dans le chapitre III, “annoncer l’évangile de l’espérance”, quand il affirme qu’il ne s’agit “non pas tant de baptiser les nouveaux convertis que de conduire les baptisés à se convertir au Christ et à son Evangile” (n. 47). Ce qui suppose une prédication centrée sur la personne de Jésus et une présentation intégrale de l’évangile dans une Eglise qui célèbre. Comment ne pas citer encore un passage lumineux de l’Exhortation apostolique “Evangelii nuntiandi” de Paul VI, qui peut éclairer notre route : “Evangéliser est la grâce et la vocation propre de l’Eglise, son identité la plus profonde. Elle existe pour évangéliser, c’est-à-dire pour prêcher et enseigner, être le canal du don de la grâce, réconcilier les pécheurs avec Dieu, perpétuer le sacrifice du Christ dans la sainte messe, qui est le mémorial de sa mort et de sa résurrection glorieuse” (n. 14).
“Laïcité et nouvelle évangélisation en France”. Les allocutions du Saint-Père et celles des évêques de notre pays venus récemment en visite “ad limina” nous ont fourni une image fidèle du panorama spirituel et humain de la société française. Une société marquée par l’incertitude du lendemain, où la famille est en crise, profondément sécularisée. Nous devons lui proposer l’Evangile comme une lumière et une force pour affronter la vie. Nous devons le faire en écoutant, en témoignant, en célébrant. Ce n’est pas facile mais après tout, Jésus a bien commencé son ministère au désert.
Ceci dit, je vais maintenant essayer de répondre plus précisément à trois questions :
1. Quel regard l’Eglise porte-t-elle sur la laïcité ?
Je dirais qu’elle l’accepte dans la mesure où, au long des années, elle est devenue une technique juridique de relations entre l’Etat et les religions. Mais il n’en fut pas toujours ainsi et l’Eglise n’oublie pas que la laïcité fut conçue avant tout comme une philosophie de combat contre une religion, dans un pays donné, à savoir l’Eglise catholique en France. Tout commença en 1789 avec l’article 3 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui déclare que “toute souveraineté réside essentiellement dans la nation et que nul corps nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément”. Donc plus d’autorité du pape, des évêques et des parents. Suivront la première Constitution de 1791 qui réalisera les premières sécularisations, le culte de l’Etre Suprême, la laïcisation du clergé. Après la parenthèse de l’Empire et de la Restauration, la politique antireligieuse de la République va débuter par la loi de juillet 1880 qui supprime le repos dominical, pour s’attaquer ensuite au système scolaire, sans hésiter non plus à promulguer des mesures discriminatoires contre les catholiques, à commencer par les Congrégations religieuses. Petit à petit, la laïcité va montrer son visage : interrogé par Jaurès sur l’intention profonde de sa politique, Jules Ferry lui répondit : “Mon but ? organiser l’humanité sans Dieu”. On ne peut être plus clair ! Le même Ferry ira jusqu’à parler du “grand diocèse la libre pensée” ! La laïcité devient ainsi peu à peu religion d’état, une sorte d’idéologie de rechange.
En accédant au trône pontifical (1903), Pie X trouve l’Eglise en France sérieusement menacée : sous prétexte de “défense républicaine”, Combes et son gouvernement vont prendre des décisions nettement antichrétiennes : interdiction aux soldats de fréquenter les cercles catholiques, du point de vue du fisc les cérémonies religieuses sont assimilées aux représentations théâtrales, les congréganistes demeurés sécularisés en France sont l’objet de poursuites et les évêques qui les avaient défendus comme les curés qui les font prêcher se voient retiré leur traitement. Le 7 juillet 1904, sera votée la loi interdisant l’enseignement à tous les congréganistes : 2000 écoles fermeront !
Puis, trois événements vont servir de prétexte pour la rupture :
– Combes prétendit choisir les évêques tout seul. Pie X réclama bien sûr l’entente préalable.
– Le Président Loubet se rend en visite officielle au Quirinale, accueilli par Victor Emmanuel, souverain que le Saint-Siège tenait pour spoliateur. Le pape refusa de recevoir le président français qui réagit aussitôt, en rappelant son ambassadeur.
– Le Saint-Siège convoqua à Rome pour consultation les évêques de Dijon (Le Nordez) et de Laval (Geay), connus pour leurs sympathies républicaines. Le gouvernement protesta : le Saint-Siège, agissant à l’insu de Paris, a violé le Concordat (en réalité les Articles organiques).
Le 30 juillet 1904, Combes déclara : “la volonté du Saint-Siège rend sans emploi les relations diplomatiques entre le Vatican et la France”. L’ambassade de France près le Saint-Siège ferme ses portes. Cette rupture unilatérale allait durer dix-sept ans
A la suite de quoi un projet de Loi abrogeant le Concordat est présenté : il prévoyait en fait une sorte d’Eglise nationale. Mais le gouvernement de Combes tomba, à peine la discussion initiée. Au sein du nouveau gouvernement (Rouvier) si tous étaient en faveur de la séparation, personne ne nourrissait la hargne de Combes envers l’Eglise. Une commission, présidée par Aristide Briand fut chargée de faire aboutir la loi. Il accepta de faire, tout en précisant qu’il voulait une loi “franche, loyale, honnête” qui ne fut pas “un pistolet braqué contre l’Eglise”.
La loi fut votée en juillet 1905 et adoptée le 9 décembre suivant. Ses trois principales décisions étaient :
– Abolition du Concordat de 1901 et des articles organiques.
– La République “ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte” (Art. 2)
– Les biens de l’Eglise demeurent propriété de l’Etat, mais les édifices du culte seraient confiés gratuitement à des “Associations cultuelles”, élues par les fidèles. Les autres bâtiments (évêchés, séminaires) seraient laissés à la disposition du clergé pour quelques années.
D’autres articles de moindre importance prévoyaient des mesures pour les prêtres âgés, la police des réunions religieuses, les sonneries des cloches.
En réalité, la séparation a abouti à un véritable apartheid religieux, pour dégénérer en un laïcisme que le pape Pie XI n’hésita pas à désigner comme “la peste de notre temps” (Enc. Quas primas sur la royauté du Christ, du 11 décembre 1925).
Cette loi fut ressentie par les catholiques comme une loi de combat et une monstrueuse injustice. Aussitôt le Saint-Siège s’opposa aux “Associations cultuelles”, prétention contraire aux principes d’organisation interne de l’Eglise dans la mesure où la formule proposée ne respectait pas l’autorité et le rôle de l’évêque, puisqu’il aurait été soumis aux présidents des associations cultuelles paroissiales. Ce problème sera réglé plus tard quand les pouvoirs publics admettront que, conformément à ses règles d’organisation interne, l’Eglise catholique puisse créer des associations diocésaines présidées par l’évêque, Ordinaire du lieu.
Il fallut attendre l’Accord de 1921 entre la France et le Saint-Siège et le rétablissement des relations diplomatiques, pour que le contentieux à propos de la séparation s’estompe. Il y aura une crise quand le Cartel des gauches cherchera à supprimer le Concordat dans l’Alsace-Moselle récupérée après la première guerre mondiale.
Rome finira par accepter le système de séparation (encyclique Maximam gravissimamque du 18 janvier 1924) en tentant d’en tirer parti et de l’assouplir en plusieurs points. Il faut reconnaître que le régime juridique conçu en 1905 n’a jamais été appliqué à la lettre. Les associations diocésaines vont bénéficier d’avantages fiscaux, d’aides indirectes des collectivités locales pour les constructions d’églises et on parviendra même à un régime de sécurité sociale des ministres du culte. Il faut également rappeler qu’en réalité le régime juridique des cultes en France est plus que singulier : à côté de la laïcité républicaine applicable sur tout le territoire, nous trouvons le Concordat napoléonien encore en vigueur pour les trois départements de l’Alsace-Moselle, la religion catholique, “religion officielle”, dans le département de la Guyanne (Ordonnance royale de 1828), un statut de droit public des cultes (décrets de 1939) pour les possessions de l’Atlantique et du Pacifique. Grâce à des conversations confidentielles menées dans les années 90 avec le cabinet de M. Lionel Jospin, Premier Ministre, il existe depuis 2002 une structure de dialogue Etat/Eglise, composée de deux commissions, présidées respectivement par le Premier Ministre et le Nonce Apostolique pour dialoguer régulièrement et résoudre d’éventuels problèmes. Ainsi est-on parvenu à un apaisement et à une situation bien paradoxale : la République a affirmé en 1905 qu’elle ne reconnaît aucun culte et pourtant l’Etat n’a jamais cessé de les connaître et de les réglementer. Décidément nous ne faisons rien comme les autres ! C’est qu’en réalité, un gouvernement ne peut ignorer les activités d’une partie importante de la société, à preuve les initiatives des autorités vis-à-vis de l’organisation de l’Islam en France. Il faut toujours se souvenir que seul l’Etat est laïque et non pas les citoyens L’Etat ne reconnaît aucun culte pour n’en méconnaître aucun.
Il faut observer toutefois que la laïcité française a beaucoup évolué. De laïcité d’hostilité sous la troisième République, on est passé à une laïcité de respect sous la Ve, puisque la Constitution de 1958 l’a définie comme “le respect de toutes les croyances”. Cette mutation du négatif au positif a été exprimée par M. Jean-Pierre Raffarin dans un entretien publié sur le numéro de l’hebdomadaire “Le Point”, du 23 mars 2003 dans lequel il affirme : “la laïcité signifie qu’il n’y a pas de religion d’Etat ; elle ne signifie pas qu’il y a un athéisme d’Etat”.
2. J’en viens à la seconde question : qu’en est-il des autres pays européens ?
Evidemment, vous vous en doutez, le modèle français est difficilement exportable !
La situation sur le continent européen est très diversifiée. Des 25 pays de l’Union :
– 7 Etats connaissent un régime de “religion d’Etat”.
Danemark, Finlande, Norvège et Suède (Luthéranisme), Grèce (Orthodoxie), Grande-Bretagne (Anglicanisme), Malte (Catholicisme).
– 7 autres professent la séparation des Eglises de l’Etat : Hongrie, Lettonie, Portugal, République tchèque, Slovaquie et Slovénie. La France est le seul pays à se proclamer laïque dans sa Constitution.
– 15 pays ont signé des Concordats ou accords bilatéraux avec le Saint-Siège pour régir les relations entre l’Eglise catholique et l’Etat : Autriche, Espagne, France (Alsace-Moselle), Italie, Portugal, Luxembourg, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lithuanie, Malte, Pologne, Slovaquie, Slovénie et la République tchèque (encore non ratifié). En Allemagne, le Saint-Siège a signé un accord avec 14 des 16 Lander.
Le mot “laïcité” n’apparaît dans aucune des 24 autres Constitutions de l’Union Européenne et, à ma connaissance, dans aucun texte européen. Juridiquement elle est inexistante.
Autonomie du politique et du religieux : tout le monde ou presque est d’accord sur le principe. Restent les modalités. Dans chaque pays les relations Eglises/Etat sont le fruit d’une histoire particulière. Issu d’un combat difficile, le modèle français fait figure d’exception. On peut comprendre que les rédacteurs du Traité institutionnel européen aient laissé prudemment le sujet des rapports Eglises-Etat dans le domaine des compétences nationales : “l’Union respecte et ne préjuge pas du statut dont bénéficient, en vertu du droit national, les Eglises et les associations ou communautés religieuses dans les Etats membres”.
3. J’arrive, enfin, à la troisième question : Difficultés et pierres d’attentes pour annoncer de nouveau l’Evangile aujourd’hui dans ce contexte d’extrême sécularisation de la France d’aujourd’hui.
Une précision : je vis en dehors de France depuis 31 ans. Il se peut donc que certaines de mes appréciations soient en décalage avec une réalité que vous connaissez mieux que moi : il vous sera facile de faire la part des choses !
Vous connaissez le livre de Danièle Hervieu-Léger, “Catholicisme, la fin d’un monde”. C’est une affirmation. Elle exprime sa conviction que le catholicisme en France ne fait plus partie des références communes de l’univers culturel français. Certes, un sondage réalisé en l’an 2000 révélait que la religion n’est une valeur importante que pour 10% d’entre eux. La proportion des jeunes qui pratiquent régulièrement est peut-être de 2% de leur tranche d’âge. La Révolution, la Séparation, la laïcité, les quarante années durant lesquelles la philosophie marxiste a été dispensée dans nos universités ont fait leur uvre. Mais nous ne devons pas céder à la désespérance. D’abord parce que ce n’est pas le premier séisme qui ébranle le catholicisme français. A la fin de la Terreur, il ne restait que 7 paroisses en communion avec le Siège apostolique. Pensons à ce qu’a été le XIXe siècle ! Ensuite parce que l’Esprit travaille et suscite des énergies nouvelles. Les évêques de France ont bien souligné cela dans leurs conversations romaines. Les laïcs se sentent de plus en plus responsables de l’annonce de l’Evangile, la préparation au mariage donne lieu à une véritable catéchèse, on note un désir d’approfondissement de la foi (journées de réflexion, retraites), les jeunes ne sont tout de même pas absents de l’Eglise, nous sommes présents dans tous les grands débats de société. Je suis toujours frappé par la générosité et le sérieux des candidats à la vie sacerdotale et religieuse. On est passé d’une foi d’obligation à une foi de conviction.
Alors que faire pour annoncer l’Evangile à nos compatriotes dans une telle situation ? 3 Verbes !
Proposer
Nous croyons que Jésus est le Rédempteur de l’homme et que sa résurrection est le seul événement de l’histoire humaine. Donc nous ne devons pas être timides. Il faut résister à la tentation du repli sur soi et à la nostalgie de temps révolus où d’ailleurs l’Eglise connaissait tant de difficultés. Y a-t-il eu jamais un âge d’or du Christianisme ? Il ne faudrait pas qu’en nous reconnaissant minoritaires, on se replie sur la petite communauté. Nous devons nous donner les moyens d’être entendus. Souvenons-nous des paroles de Paul VI : “l’Eglise doit entrer en dialogue avec le monde dans lequel elle vit. L’Eglise se fait parole ; l’Eglise se fait message ; l’Eglise se fait conversation” (Lettre du 6 août 1964 sur “L’Eglise aujourd’hui”).
Transmettre
Il est primordial de transmettre le contenu de la foi. Trop souvent nos chrétiens n’en ont qu’une vague idée. Comme prêtres nous avons une responsabilité particulière d’enseignement. Continuer à étudier, bien préparer nos homélies sont des priorités. Quand on a la responsabilité de la parole de Dieu, on ne peut pas se contenter d’être des dilettantes.
Notre génération a la chance d’avoir le magistère des papes de l’époque moderne, des moyens techniques performants et une information qui nous permet de prier et de penser en communion avec toute l’Eglise. Nous pouvons profiter des réflexions et des réalisations des uns et des autres. Dire sa foi dans un climat de sécularisation et d’incroyance ne va pas sans une approche renouvelée de la question de Dieu et de l’Eglise. Cela demande un investissement constant. Nous ne parlons pas en notre nom personnel ; nous sommes appelés et envoyés. Ceux qui sont confiés à nos soins sont en droit d’attendre de nous les vivres dont ils ont besoin pour la route.
Célébrer
Une Eglise qui prie interpelle : la qualité de nos liturgies, le rassemblement dominical, la célébration du Baptême, du mariage ou des funérailles sont des occasions d’évangélisation extraordinaires. C’est une occasion pour faire comprendre, surtout à ceux qui ne sont pas des pratiquants réguliers qu’il n’est pas d’événement qui ne doive trouver en Jésus-Christ son sens le plus définitif.
En outre une communauté rassemblée pour la prière manifeste aux yeux de tous la force de l’amour qui permet de s’accepter différents et de se respecter. C’est important pour ce monde dur que nous nous sommes fabriqué. Ce signe de l’amour fraternel à la manière du Christ doit être la marque des communautés chrétiennes rassemblées en son nom. C’est aussi dans ce sens que l’Eglise est sacrement.
Proposer, transmettre, célébrer pour que tout homme puisse découvrir qu’il est aimé de Dieu. Cela n’a rien à voir avec la propagande ou le prosélytisme. C’est, à la manière de Jésus, proposer ce que nous croyons être l’unique bonne nouvelle pour l’homme de tous les temps. Mais la discrétion et le respect vont de pair avec le partage et le témoignage. Ce serait une mauvaise manière de respecter la liberté que de laisser les autres dans l’ignorance de ce que nous avons nous-mêmes découvert et de ne pas répondre aux questions qu’ils se posent. Car la question de Dieu est inévitable. Il reste dans le cur de chacun un espace que Dieu seul peut combler.
Au fond, et ce sera ma conclusion, dans une société française où les valeurs chrétiennes ne sont plus les valeurs fondatrices, il nous revient à nous chrétiens d’être une question vivante pour ceux qui vivent autour de nous : nous devons avoir le courage de la différence. Malheur à nous si nous pensons et vivons comme tout le monde Nous ne sommes plus le “sel de la terre”.
Le chrétien dans le monde est comme la truite dans un cours d’eau rapide, écrit le cardinal Godfried Danneels, elle nage toujours à contre-courant et elle est le symbole de la contre-culture. La truite reste dans l’eau et ne la quitte pas. Mais elle vit dans un état de résistance continuel. Elle vit à coup de rein. L’eau ne la gêne pas : elle y prend plutôt son appui pour avancer en amont, vers la source du torrent. Les obstacles, elle les prend comme un tremplin pour avancer. Le chrétien aussi est une contre-voie dans la culture contemporaine : il ne s’installe pas confortablement sur la berge comme spectateur. Il est partie prenante en politique, musique, images, sexualité, famille ; il s’engage dans la science et la technique, il croit en un avenir : il a confiance en s’exerçant aussi à la résistance. Il nage à contre-courant” (L’évangélisation des Jeunes, Itinéraires, DC 2002, p. 741).