La basilique de Vézelay est dédiée à sainte Marie-Madeleine. Pour méditer l’épisode capital de l’apparition du Christ Ressuscité à Marie-Madeleine et en restituer la profondeur, trois auteurs réunissent leur voix : un écrivain, un exégète et un historien de l’art dans l’ouvrage “L’apparition à Marie-Madeleine”(éditions Desclée de Brouwer, 2001).
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Marie-Madeleine, une figure de l’Eglise
Prière à Marie-Madeleine
Marie-Madeleine est l’un des personnages les plus complexes de l’Evangile : à la fois pécheresse et repentante, voluptueuse et ascète, mondaine et ermite, elle réconcilie en elle les contraires. C’est pourquoi les peintres, les écrivains, les sculpteurs, les musiciens et les cinéastes ont fortement été inspirés par ce personnage contrasté incarnant le mystère de la féminité au contact du Divin.
Les scènes fameuses dans lesquelles apparaît Marie-Madeleine frappent particulièrement l’imagination et font d’elle l’intermédiaire fascinant entre l’absence et la présence, qui se rejoignent par le miracle d’un désir infini embrasant terre et ciel. Dans le jardin clos où apparaît le Christ, lui enjoignant de ne pas le toucher (Noli me tangere !), elle est l’autre Marie ou l’autre Eve, fautive pardonnée et illuminée par la Résurrection. Et quand elle fait irruption parmi les disciples pour baigner les pieds du Christ de parfum avant de les essuyer avec ses cheveux, elle s’élance de tout de son être vers le Verbe incarné avec la force et les charmes de la Bien-Aimée du Cantique des Cantiques.
Dans L’apparition à Marie-Madeleine (éditions Desclée de Brouwer, 2001), Marianne Alphant, romancière, essayiste et musicienne commente : “cette rencontre du Christ et de la pécheresse pardonnée au matin de la Résurrection d’où naît, au coeur de l’élan brisé d’une étreinte reconnaissante, un amour insensé qui renonce à saisir”. Dans le même ouvrage, qui regroupe les écrits de trois auteurs, Guy Lafon, agrégé de Lettres, ancien professeur à l’Institut catholique de Paris, éclaire trois questions à propos de Marie-Madeleine : Marie a-t-elle raison de pleurer ? Pourquoi est-elle empêchée de reconnaître celui qui se présente à elle ? Pourquoi, quand elle est parvenue enfin à le voir, ne peut-elle pas le toucher ?
Enfin, Daniel Arasse, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales souligne comment la peinture, du fait de son inadéquation au texte évangélique de l’apparition à Marie-Madeleine, révèle à la fois les limites de ses pouvoirs de représentation et sa puissance, éventuellement dangereuse, de figurabilité en faisant visuellement surgir des pensées innommables, latentes dans le texte relatant cette même scène.
L’expérience sensible des artistes n’est pas de trop pour nous faire découvrir Marie-Madeleine. Ces derniers nous aident à saisir son saisissement et à ressentir son désir en repoussant les limites du visible afin que nous soyons capables, nous aussi, de reconnaître l’action du Ressuscité et de nous exclamer, comme elle : Maître !