« Ce que la Bible est aux gens instruits, l’icône l’est pour les analphabètes, et ce que la parole est à l’ouïe, l’icône l’est à la vue», Saint Jean le Damascène
L’image occupe une place primordiale au sein de l’Eglise d’Orient. L’icône est omniprésente dans la vie du Chrétien orthodoxe : à Byzance, on trouve des icônes dans les maisons, aux carrefours. Les icônes sont bien plus que des uvres d’art. Elles ont un rôle liturgique : d’ailleurs dans les rites orientaux, on les encense. Comme le souligne l’historien de l’art Mahmoud Zibawi, «alors que l’Eglise d’Orient fait de l’image un signe de l’incréé et une participation au divin, l’Eglise d’Occident semble ignorer l’enjeu du culte des images saintes». Une lecture purement esthétique de ces uvres n’apporte qu’un éclairage partiel, d’où l’importance d’une lecture religieuse, à la lumière des rites, des cultes, des fois et de leur évolution au gré des siècles et des rencontres avec les autres religions.
Figurative mais non naturaliste, l’image obéit à un réalisme symboliste propre à l’Eglise d’Orient. L’art sacré des icônes cherche à incarner le visible de l’invisible. Les artistes sont des « thésaurophylaques », gardiens inspirés du Trésor divin et l’icône, elle-même, est « pneumatophore », porteuse de l’Esprit.
Le lien entre icône et liturgie se fonde sur la prière. Celle-ci permet, par un dialogue avec Dieu, de rétablir la communion avec le créateur. L’icône sert à la prière en manifestant la présence des personnes auxquelles s’adressent les fidèles. Elle révèle également le résultat de cette prière en figurant les corps spirituels des saints qui, par l’ascèse, sont parvenus à la vie divine.
L’iconostase
Le lien entre icône et liturgie s’incarne totalement dans l’iconostase, cette cloison qui sépare la nef, où se tiennent les fidèles, du sanctuaire réservé au clergé. Au Moyen-Age, des icônes apparaissent sur ce support, proposées à la vénération des fidèles. Sur la partie centrale de l’iconostase, sont représentés le Christ en majesté, la Vierge et Saint Jean Baptiste, ces deux derniers tournés vers le Seigneur en signe de vénération. De part et d’autre des portes qui s’ouvrent sur l’autel, prennent place les représentations du Christ, de la Vierge et des saints titulaires de l’Eglise. La Vierge et les saints sont tournés vers le Christ, récapitulant ainsi l’acte liturgique qui conduit l’assemblée vers le trône divin. La partie supérieure de l’iconostase, l’architrave, accueille également des icônes commémorant les principales étapes de la vie du Christ, reprenant les thèmes figurés sur les voûtes et les parois de l’église.