Le 49e Congrès eucharistique international s’est achevé le dimanche 22 juin 2008 à Québec. Voici des extraits de l’homélie de Benoît XVI donnée à cette occasion.
« L’Eucharistie, don de Dieu pour la vie du monde », tel est le thème choisi pour ce nouveau Congrès eucharistique international. L’Eucharistie est notre plus beau trésor. Elle est le sacrement par excellence; elle nous introduit par avance dans la vie éternelle; elle contient tout le mystère de notre salut; elle est la source et le sommet de l’action et de la vie de l’Église, comme le rappelait le Concile Vatican II (Sacrosanctum Concilium, n. 8). Il est donc particulièrement important que les pasteurs et les fidèles s’attachent en permanence à approfondir ce grand sacrement. Chacun pourra ainsi affermir sa foi et remplir toujours mieux sa mission dans l’Église et dans le monde, se rappelant qu’il y a une fécondité de l’Eucharistie dans sa vie personnelle, dans la vie de l’Église et du monde. L’Esprit de vérité témoigne dans vos cœurs; témoignez, vous aussi, du Christ devant les hommes, comme le dit l’antienne de l’alléluia de cette Messe. La participation à l’Eucharistie n’éloigne donc pas de nos contemporains, au contraire, parce qu’elle est l’expression par excellence de l’amour de Dieu, elle nous appelle à nous engager avec tous nos frères pour faire face aux défis présents et pour faire de la planète un lieu où il fait bon vivre. Pour cela, il nous faut sans cesse lutter pour que toute personne soit respectée depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle, que nos sociétés riches accueillent les plus pauvres et leur redonnent toute leur dignité, que toute personne puisse se nourrir et faire vivre sa famille, que la paix et la justice rayonnent dans tous les continents. Tels sont quelques défis qui doivent mobiliser tous nos contemporains et pour lesquels les chrétiens doivent puiser leur force dans le mystère eucharistique.
« Le Mystère de la Foi » : c’est ce que nous proclamons à chaque messe. Je voudrais que chacun s’engage à étudier ce grand mystère, spécialement en relisant et en étudiant, individuellement et en groupe, le texte du Concile sur la liturgie Sacrosanctum Concilium, pour témoigner courageusement de ce mystère. Chaque personne parviendra ainsi à mieux saisir le sens de chacun des aspects de l’Eucharistie, en comprenant sa profondeur et en la vivant avec une plus grande intensité. Chaque phrase, chaque geste, a sa signification et cache un mystère. J’espère de tout cœur que ce congrès servira d’appel aux fidèles à prendre un tel engagement pour le renouvellement de la catéchèse eucharistique, afin qu’eux-mêmes deviennent pleinement conscients de ce qu’est l’Eucharistie et enseignent à leur tour aux enfants et aux jeunes à reconnaître le mystère central de la foi et à construire leur vie autour de ce mystère. J’encourage spécialement les prêtres à accorder l’honneur qui lui est dû au rite eucharistique, et je demande à tous les fidèles de respecter le rôle de chaque individu, aussi bien le prêtre que le laïc, dans l’action eucharistique. La liturgie ne nous appartient pas : c’est le trésor de l’Eglise.
A travers la réception de l’Eucharistie et l’adoration du Saint-Sacrement nous voulons approfondir notre communion, la préparer et la prolonger. Elles nous permettent aussi d’entrer en communion avec le Christ, et à travers lui avec toute la Trinité, afin de devenir ce que nous recevons et de vivre en communion avec l’Eglise. C’est en recevant le Corps du Christ que nous recevons la force « d’unité avec Dieu et les uns avec les autres » (Saint Cyrille d’Alexandrie, In Ioannis Evangelium, 11, 11 ; cf. Saint Augustin, Sermo 577). Nous ne devons jamais oublier que l’Eglise est construite autour du Christ et que, comme l’ont affirmé saint Augustin, saint Thomas d’Aquin et saint Albert Le Grand, à la suite de saint Paul (cf. 1 Co 10, 17), l’Eucharistie est le sacrement de l’unité de l’Eglise car nous formons tous un seul corps dont le Seigneur est la tête. Nous devons sans cesse revenir à la Dernière Cène, le jeudi saint, où un gage du mystère de notre rédemption sur la Croix, nous a été donné. La Dernière Cène est le lieu de l’Eglise naissante, le sein contenant l’Eglise de tous les temps. Dans l’Eucharistie, le sacrifice du Christ est constamment renouvelé, la Pentecôte est constamment renouvelée. Puissiez-vous tous prendre toujours plus profondément conscience de l’importance de l’Eucharistie du dimanche, car le dimanche, premier jour de la semaine, est le jour où nous honorons le Christ, le jour où nous recevons la force de vivre chaque jour le don de Dieu.
Je voudrais aussi inviter les pasteurs et les fidèles à une attention renouvelée à leur préparation à la réception de l’Eucharistie. Malgré notre faiblesse et notre péché, le Christ veut faire en nous sa demeure, lui demandant la guérison. Pour cela, il nous faut faire tout ce qui est en notre pouvoir pour le recevoir dans un cœur pur, en retrouvant sans cesse, par le sacrement du pardon, la pureté que le péché a entaché, «mettant en accord notre âme et notre voix», selon l’invitation du Concile (cf. Sacrosanctum Concilium, n. 11). En effet, le péché, surtout le péché grave, s’oppose à l’action de la grâce eucharistique en nous. D’autre part, ceux qui ne peuvent pas communier en raison de leur situation trouveront cependant dans une communion de désir et dans la participation à l’Eucharistie une force et une efficacité salvatrice. (…)
(…) L’Eucharistie n’est pas qu’un repas entre amis. Elle est mystère d’alliance. «Les prières et les rites du sacrifice eucharistique font sans cesse revivre devant les yeux de notre âme, au fil du cycle liturgique, toute l’histoire du salut, et nous en font pénétrer toujours davantage la signification» (S. Thérèse-Bénédicte de la Croix, [Edith Stein], Wege zur inneren Stille Aschaffenburg, 1987, p. 67). Nous sommes appelés à entrer dans ce mystère d’alliance en conformant chaque jour davantage notre vie au don reçu dans l’Eucharistie. Elle a un caractère sacré, comme le rappelle le Concile Vatican II: «Toute célébration liturgique, en tant qu’œuvre du Christ prêtre et de son Corps qui est l’Église, est l’action sacrée par excellence, dont nulle autre action de l’Église n’égale l’efficacité au même titre et au même degré» (Sacrosanctum Concilium, n. 7). D’une certaine manière, elle est une «liturgie céleste», anticipation du banquet dans le Royaume éternel, annonçant la mort et la résurrection du Christ, jusqu’à ce qu’il vienne (cf. 1 Co 11, 26).
Pour que jamais le peuple de Dieu manque de ministres pour lui donner le Corps du Christ, il nous faut demander au Seigneur de faire à son Église le don de nouveaux prêtres. Je vous invite aussi à transmettre l’appel au sacerdoce aux jeunes garçons, pour qu’ils acceptent avec joie et sans peur de répondre au Christ. Ils ne seront pas déçus. Que les familles soient le lieu primordial et le berceau des vocations.
Avant de terminer, c’est avec joie que je vous annonce le rendez-vous du prochain Congrès eucharistique international. Il se tiendra à Dublin en Irlande, en 2012. Je demande au Seigneur de vous faire découvrir à chacun la profondeur et la grandeur du mystère de la foi. Que le Christ, présent dans l’Eucharistie, et l’Esprit Saint, invoqué sur le pain et le vin, vous accompagnent sur votre route quotidienne et dans votre mission. Qu’à l’image de la Vierge Marie, vous soyez disponible à l’œuvre de Dieu en vous. Vous confiant à l’intercession de Notre-Dame, de sainte Anne, patronne du Québec, et de tous les saints de votre terre, je vous accorde à tous une affectueuse Bénédiction apostolique, ainsi qu’à toutes les personnes présentes, venues des différents pays du monde.