Que nous disent de Marie les premiers siècles de l’Église ? Quelques repères.
Les Pères de l’Église ont été les chantres de Marie, particulièrement saint Ambroise de Milan (IVe siècle) considéré comme un père de la mariologie occidentale et qui disait de Marie : “Elle est le Temple de Dieu non pas le Dieu du Temple ” et saint Jean Damascène, considéré comme le grand chantre de la piété mariale en Orient (VIIe-VIIIe siècle).
Les Pères de l’Église, dès après la mort de Jésus…
Tôt, après la mort de Jésus, sa Mère sera évoquée.
– Ignace d’Antioche (mort martyr en 110 ) aurait connu des témoins directs du Christ (Pierre ou Paul selon les textes ); il est le premier après les Evangiles à mentionner Marie : ” Notre Dieu Jésus-Christ a été porté dans le sein de Marie selon l’économie divine ” et encore, “Jésus né de Marie et de Dieu “…Son but est d’affirmer l’Incarnation ; il laisse entendre dans une lettre aux Ephésiens que les premiers chrétiens vénéraient déjà Marie.
– Vers 165, c’est saint Justin qui nomme le premier “la Vierge “;
– puis saint Irénée de Lyon (mort vers 202 ) évoque la coopération de Marie à l’œuvre du Salut et esquisse la théorie de Marie, Mère de l’Eglise. Peu à peu la piété populaire et la réflexion des intellectuels approfondissent l’image de Marie.
En Orient, à partir de 350, on attribue couramment à Marie le titre de “Mère de Dieu.” D’ailleurs la Vierge Marie est citée en tant que Mère du Verbe Incarné, tant dans le “Symbole des Apôtres” que dans le “Credo de Nicée-Constantinople”, les deux grandes affirmations de la foi chrétienne, communes à toute la chrétienté. Comme l’écrit saint Grégoire de Naziance (330-390), Marie devient modèle de vie chrétienne : ” Le Christ est né d’une Vierge, femmes cultivez la virginité et vous arriverez à être la Mère du Christ “.
Eglise d’Orient et d’Occident aux premiers siècles : une même évolution mariale
En Occident le mouvement est plus lent mais on adopte les mêmes positions : Au IVe siècle, saint Ambroise, archevêque de Milan, propose Marie comme modèle de toutes les vertus ; son influence sur la spiritualité mariale populaire est très profonde. Des difficultés et des questions s’agitent cependant quant à la virginité de la Mère de Jésus : des doutes et des manques de Foi discernés par certains mettant en cause sa Sainteté, saint Ambroise conclut : “la naissance du Christ est réelle, charnelle mais miraculeuse. Dans son Incarnation Dieu n’abolit pas la chair, il la transcende “. Peu à peu se dissipent les interrogations et c’est la reconnaissance absolue de la Sainteté de Marie.
Deux problèmes resteront posés jusqu’à XIXe et XXe siècles, l’Immaculée Conception et l’Assomption. A cause de l’hérésie pélagienne niant la notion de péché originel – et niant donc l’impossibilité pour toute créature de se sauver soi-même sans le recours à la grâce divine -, hérésie combattue par saint Augustin, pendant des siècles l’Occident se méfie donc de la notion d’Immaculée Conception qui, mal comprise, pouvait conduire à cette hérésie. Cependant, au-delà des discussions théologiques le culte marial se développe irrésistiblement. Les prières se multiplient, les fêtes dédiées à Marie progressent.
Marie, Mère de Dieu, dès le Concile d’Ephèse, au Ve siècle
Au Ve siècle, premières polémiques. Après une période plutôt paisible, une controverse survient : en 428, Anastase prêtre de Constantinople déclare que Marie ne peut être appelée Theotokos (mère de Dieu ) mais seulement de Jésus : “une simple créature peut-elle engendrer Dieu? “… Tumulte dans l’Église, émeutes, bagarres dans la rue, le peuple de Dieu est très attaché à la piété mariale ; Anastase est considéré comme sacrilège, ce sera l’hérésie nestorienne. Rome s’inquiète. Cyrille d’Alexandrie intervient avec vigueur pour briser l’hérésie. On réunit un concile en 431 à Ephèse où le rôle de la Mère de Dieu est totalement reconnu. Le 15 août, la fête de Marie Theotokos est instituée dès ce début du Ve siècle ; les icônes de Marie se multiplient.
Saint Léon le Grand (440-461) sera le plus grand théologien marial d’Occident. Au VIIIe siècle la dévotion mariale atteint des sommets avec Germain de Constantinople mort en 733 : “Dieu obéit à Marie comme à sa Mère, personne ne se sauve sans Marie, aucune grâce n’est octroyée sinon par elle “. L’Assomption devient en Occident la principale fête de la Vierge (elle l’est depuis longtemps dans la tradition de l’Eglise grecque ). Jean Damascène mort en 759 est plus modéré, il distingue l’adoration due à Dieu seul et la vénération destinée à Marie.
Au VIIe siècle, la théologie mariale est structurée
Peu à peu le culte de la Vierge se structure. On trouve trace de la Vierge dans des sermons du VIIIe siècle en Gaule. En réalité, entre les VIIè et VIIIè siècles, les éléments essentiels de la spiritualité mariale sont fixés tant dans l’Église d’Occident qu’en Orient ; la dévotion mariale d’aujourd’hui repose encore sur ces fondements. On peut résumer ainsi les vérités théologiques concernant la Vierge Marie que les grands Conciles œcuméniques ont mis en relief :
– le dogme de Marie Mère de Dieu, défini au Concile œcuménique d’Éphèse, en 431, par le pape Célestin 1er ;
– le dogme de la Virginité perpétuelle de Marie, défini au Concile du Latran, en 649, par le Pape Martin Ier, puis réaffirmé au troisième Concile de Constantinople, en 681.
Le terme “Vierge” à propos de Marie, est déjà employé dans les textes de référence les plus anciens de la Tradition
A propos de ce dogme le pape Jean Paul II fait remarquer :”Le terme “Vierge” à propos de Marie, est déjà employé dans les textes de référence les plus anciens de la Tradition : “Nous le trouvons employé dans le second symbole de foi de saint Epiphane, en 374, en relation avec l’Incarnation : le Fils de Dieu “s’est incarné c’est-à-dire a été engendré parfaitement de sainte Marie, la toujours vierge, par le Saint-Esprit” (Ancoratus, 119, 5 ; DS 44). L’expression “toujours Vierge” est utilisée à nouveau par le IIe Concile de Constantinople (553), qui affirme : “le Verbe de Dieu, s’étant incarné dans la sainte et glorieuse Mère de Dieu et toujours Vierge Marie est né d’elle” (DS 422). Cette doctrine est confirmée par deux autres Conciles œcuméniques, le Concile de Latran IV (1215) (DS 801) et le IIe Concile de Lyon (1274) (DS 852), ainsi que par le texte de la définition du dogme de l’Assomption (1950) (DS 3903), où la virginité permanente de Marie est comptée au nombre des raisons de son élévation, corps et âme, à la gloire céleste” (Audience générale, 28 août 1996).
Quant aux dogmes de l’Immaculée Conception et de l’Assomption, ils ont été proclamés par des papes (1), non par des conciles œcuméniques. Rappelons aussi que, s’il n’a pas proclamé de dogme nouveau, le concile œcuménique de Vatican II a, dans le chapitre VIII de sa constitution dogmatique sur l’Eglise “Lumen Gentium”, réaffirmé la maternité divine de la Vierge Marie ainsi que sa maternité sur l’Eglise et sa maternité universelle.