A l’occasion du colloque «Culture, raison et liberté» présidé par le cardinal Tauran le 2 juin 2005 à l’Unesco en mémoire de l’anniversaire des 25 ans de la visite de Jean Paul II, le Pape Benoît XVI a adressé un message
À Son Éminence
Monsieur le Cardinal Jean-Louis Tauran,
Archiviste et Bibliothécaire de la Sainte Église Romaine,
Je vous prie de bien vouloir transmettre mes cordiales salutations à toutes les personnes participant au Colloque «Culture, raison et liberté» qui se tient à Paris, pour commémorer la visite à l’Organisation des Nations unies pour l’Éducation, la Science et la Culture de mon vénéré prédécesseur, le Pape Jean-Paul II, le 2 juin 1980. Je tiens à saluer en particulier Monsieur Koïchiro Matsuura, Directeur général de l’U.N.E.S.C.O., me souvenant que l’organisation célèbre cette année le soixantième anniversaire de sa constitution. Je salue également M. Michael Omolewa, Président de la Conférence générale de l’U.N.E.S.C.O., l’ensemble de leurs collaborateurs et toutes les personnes accréditées auprès de cette institution.
Nous pouvons avoir aujourd’hui une immense reconnaissance envers le Pape Jean-Paul II qui, fort de son expérience personnelle et culturelle, a toujours souligné dans ses enseignements la place centrale et irremplaçable de l’homme, ainsi que sa dignité fondamentale, source de ses droits inaliénables. Il y a vingt-cinq ans, le Pape déclarait au siège de l’U.N.E.S.C.O. que, «dans le domaine culturel, l’homme est toujours le fait premier : l’homme est le fait primordial et fondamental de la culture» (n. 8). L’un des axes forts de sa réflexion devant cet «aréopage des intelligences et des consciences», comme il appelait alors ses interlocuteurs, ne fut-il pas de rappeler chacun de ses membres à sa responsabilité : «Construisez la paix en commençant par le fondement : le respect de tous les droits de l’homme, ceux qui sont liés à sa dimension matérielle et économique comme ceux qui sont liés à la dimension spirituelle et intérieure de son existence en ce monde» (n.22) ?
Annoncer la nouveauté libératrice de l’Évangile à tout homme, le rejoindre dans tout ce qui fait son existence et exprime son humanité, tel est le défi permanent de l’Église. Cette mission reçue par l’Église de son Seigneur rejoint fondamentalement votre projet et justifie hautement que le Saint-Siège ait toujours souhaité, par la présence d’un Observateur permanent, pouvoir prendre part à votre réflexion et à votre engagement. L’Église catholique continuera de le faire en mobilisant ses propres forces, qui sont avant tout de nature spirituelle, pour concourir au bien de l’homme dans toutes les dimensions de son être.
Dans un monde à la fois multiple et éclaté, mais aussi soumis aux fortes exigences de la mondialisation des relations économiques et plus encore des informations, il importe au plus haut point de mobiliser les énergies de l’intelligence pour que soient reconnus partout les droits de l’homme à l’éducation et à la culture, spécialement dans les pays les plus pauvres. Dans ce monde où l’homme doit apprendre de plus en plus à reconnaître et à respecter son frère, l’Église veut apporter sa propre contribution au service de la communauté humaine, en éclairant, d’une manière sans cesse approfondie, la relation qui unit chaque homme au Créateur de toute vie et qui fonde la dignité inaliénable de chaque être humain, de sa conception à sa fin naturelle.
Je salue les membres de la communauté universitaire et les enseignants qui participent à ce colloque, et je tiens à leur renouveler la confiance de l’Église, les encourageant à persévérer dans leur tâche exigeante et exaltante du service de la vérité. J’invite tous les participants à ce colloque à mettre en uvre une véritable politique de la culture, soucieuse de préserver les identités culturelles, souvent menacées par des rapports de forces économiques et politiques, mais aussi de promouvoir l’expression de la culture de l’homme dans toutes les dimensions de son être.
En saluant cordialement toutes les personnalités religieuses et civiles présentes à cette rencontre, j’invoque de grand cur sur tous l’abondance des Bénédictions divines.
Du Vatican, le 24 mai 2005.