Pour son Message pour la Journée mondiale de la Paix (1er janvier 2005), le Pape Jean-Paul II a choisi comme thème l’exhortation de l’Apôtre Paul dans la Lettre aux Romains : “Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien”. Extraits.
“La perspective définie par le grand Apôtre met en évidence une vérité fondamentale : la paix est le résultat d’une longue et exigeante bataille, qui est gagnée quand le mal est vaincu par le bien. Face aux scénarios dramatiques d’affrontements fratricides et violents qui se déroulent en plusieurs parties du monde, face aux souffrances indicibles et aux injustices qui en résultent, le seul choix vraiment constructif est de fuir le mal avec horreur et de s’attacher au bien, comme le suggère encore saint Paul.”
“La paix est un bien à promouvoir par le bien : elle est un bien pour les personnes, pour les familles, pour les Nations de la terre et pour l’humanité entière.”
“Le mal, le bien et l’amour : Depuis les origines, l’humanité a connu la tragique expérience du mal, et elle a cherché à en trouver les racines et à en expliquer les causes. Le mal n’est pas une force anonyme qui agit dans le monde en vertu de mécanismes déterministes et impersonnels. Le mal passe par la liberté humaine… Le mal a toujours un visage et un nom : le visage et le nom des hommes et des femmes qui le choisissent librement… Chacun de ces choix porte en lui une connotation morale essentielle.”
“Si l’on en cherche les composantes profondes, le mal est, en définitive, un renoncement tragique aux exigences de l’amour. A l’inverse, le bien moral naît de l’amour, il se manifeste comme amour et il est tourné vers l’amour.”
“La grammaire de la loi morale universelle : Regardant la situation actuelle du monde, on ne peut que constater un déferlement impressionnant de multiples manifestations sociales et politiques du mal : du désordre social à l’anarchie et à la guerre, de l’injustice à la violence contre autrui et à sa suppression. Pour trouver son chemin entre les appels opposés du bien et du mal, il est nécessaire et urgent pour la famille humaine de mettre à profit le patrimoine commun des valeurs morales, reçu comme un don de Dieu lui-même”.
“Cette grammaire commune de la loi morale nous impose de nous engager toujours et de manière responsable pour faire en sorte que la vie des personnes et des peuples soit respectée et promue. À sa lumière, on ne peut que stigmatiser avec vigueur les maux de caractère social et politique qui affligent le monde, surtout ceux qui sont provoqués par les explosions de la violence. Dans ce contexte, comment ne pas penser au cher Continent africain…, à la dangereuse situation de la Palestine, la Terre de Jésus…, au phénomène tragique de la violence terroriste, qui semble pousser le monde entier vers un avenir de peur et d’angoisse… ou au drame irakien se prolonge malheureusement dans des situations d’incertitude et d’insécurité pour tous ?”
“Le bien de la paix et le bien commun : En effet, lorsque, à tous les niveaux, on cultive le bien commun, on cultive la paix… Tous, en quelque sorte, sont impliqués dans l’engagement pour le bien commun, dans la recherche constante du bien d’autrui comme s’il était le sien. Cette responsabilité revient en particulier à l’autorité politique, à tous les niveaux de son exercice.”
“Le bien commun exige donc le respect et la promotion de la personne et de ses droits fondamentaux, de même que, dans une perspective universelle, le respect et la promotion des droits des peuples.”
“Toutefois, des visions résolument réductrices de la réalité humaine transforment le bien commun en un simple bien-être socio-économique, privé de toute finalité transcendante, et le dépouillent de sa plus profonde raison d’être. Le bien commun, au contraire, revêt aussi une dimension transcendante, car Dieu est la fin ultime de ses créatures.”
“Le bien de la paix et l’usage des biens de la terre : Puisque le bien de la paix est étroitement lié au développement de tous les peuples, il est nécessaire de tenir compte des implications éthiques de l’usage des biens de la terre.”
“L’appartenance à la famille humaine confère à toute personne une sorte de citoyenneté mondiale, lui donnant des droits et des devoirs, les hommes étant unis par une communauté d’origine et de destinée suprême. Il suffit qu’un enfant soit conçu pour qu’il soit titulaire de droits, qu’il mérite attention et soins, et que chacun ait le devoir d’y veiller. La condamnation du racisme, la protection des minorités, l’assistance aux réfugiés, la mobilisation de la solidarité internationale envers les plus nécessiteux, ne sont que des applications cohérentes du principe de la citoyenneté mondiale.”
“Le bien de la paix sera mieux garanti si la communauté internationale prend soin, avec un plus grand sens de sa responsabilité, des biens que l’on reconnaît communément comme des biens publics”, comme le système judiciaire, celui de la défense, le réseau autoroutier ou ferroviaire.”
“Le principe de la destination universelle des biens permet, en outre, d’affronter de manière appropriée le défi de la pauvreté.”
“Le drame de la pauvreté apparaît encore étroitement lié à la question de la dette extérieure des pays pauvres.”
“Une mobilisation morale et économique est donc rendue particulièrement nécessaire… pour donner un nouvel élan à l’aide publique au développement, et d’explorer, malgré les difficultés que ce parcours peut présenter, les propositions de nouvelles formes de financement du développement.”
“Dans la Lettre apostolique Novo Millennio Ineunte, j’ai évoqué l’urgence d’une nouvelle imagination de la charité… Cela est particulièrement vrai lorsque nous nous approchons des nombreux et délicats problèmes qui entravent le développement du continent africain : pensons aux nombreux conflits armés, aux pandémies rendues plus dangereuses par les conditions de misère, à l’instabilité politique à laquelle est associée une insécurité sociale diffuse.”
“Puissent les peuples africains devenir les protagonistes de leur destinée… Que l’Afrique cesse d’être seulement objet d’assistance, pour devenir sujet responsable d’échanges convaincus et productifs !”
“Universalité du mal et espérance chrétienne : S’appuyant sur la certitude que le mal ne prévaudra pas, le chrétien nourrit une invincible espérance, qui le soutient dans la promotion de la justice et de la paix.”
“Aucun homme ni aucune femme de bonne volonté ne peut se soustraire à l’engagement de lutter pour vaincre le mal par le bien. C’est un combat qui ne se mène valablement qu’avec les armes de l’amour. Quand le bien l’emporte sur le mal, l’amour règne ; et, où règne l’amour, règne aussi la paix.”
Les chrétiens doivent “manifester par leur vie que l’amour est l’unique force capable de conduire à la perfection personnelle et sociale, l’unique dynamisme en mesure de faire avancer l’histoire vers le bien et vers la paix !”