Aujourd’hui des courants de pensée de plus en plus importants ont un rapport purement scientifique et technique, ou une attitude de consommation, envers la vie. Une catéchèse de Mgr Guy de Kerimel
On voudrait la maîtriser, la dominer, la créer selon nos besoins, nos critères. Le résultat est l’installation d’une culture de mort, car on supprime la vie non prévue, non désirée, ne correspondant pas à nos critères, ou encore trop dépendante. Nous dérivons toujours plus vers l’eugénisme, dans un climat de violence envers la vie.
Comment, dans ce contexte grave, oeuvrer pour une culture de la vie ? Comment transmettre « l’Evangile de la Vie », pour reprendre le titre de l’encyclique de Jean-Paul II ?
Il me semble que la vie ne peut naître et se développer que selon certaines conditions, et qu’il nous faut travailler à recréer les conditions favorables de la vie.
La vie est un mystère par son origine et sa fin ultime. Ce mystère invite à l’émerveillement, au respect, et à l’adoration de Celui qui en est la Source et la Fin, « l’Alpha et l’Oméga » (Ap.1, 8). Les jeunes parents qui accueillent leur premier enfant sont toujours saisis par ce mystère, émerveillés par la vie à la naissance de laquelle ils ont collaboré avec Dieu. Cette attitude les aide à ne pas tomber dans la tentation de s’approprier la vie. L’enfant est un don que l’on accueille respectueusement et vis à vis duquel les parents ont des devoirs.
La vie ne peut se développer sans la confiance Confiance en Dieu, qui Lui-même confie à des parents ses créatures humaines, dont Il veut faire ses fils. Confiance entre les époux qui savent qu’ils peuvent compter l’un sur l’autre pour accueillir la vie telle qu’elle se présentera. Confiance encore dans la vie elle-même, qui vaut infiniment plus que le néant. Confiance entre les êtres humains qui refusent de se comparer les uns aux autres, mais cherchent au contraire à s’entraider.
La confiance lutte contre la peur : peur de la vie ; peur que l’enfant soit anormal ; peur du regard des autres ; peur des médecins d’être attaqués en justice pour erreur de diagnostic, et qui pour cela encouragent à l’avortement dès la moindre anomalie supposée. Peur encore de la vieillesse et de la mort.
Je suis frappé par le climat de peur qui s’instaure de plus en plus en notre société.
La vie est indissociable de l’amour, en l’occurrence, le don de soi mutuel d’un homme et d’une femme, engagés l’un envers l’autre par le mariage. La vie ne peut pas être le produit d’une technique ; elle n’est pas un produit mais un fruit de l’amour. Sans amour, un être humain ne peut pas vivre : Or aimer, c’est se donner, s’engager dans la durée, sans retour. L’amour conduit à l’interdépendance (ou soumission mutuelle) librement choisie.
L’individualisme et l’indépendance ont quelque chose de mortifère. Ils donnent l’illusion de la liberté, mais ne conduisent qu’à la stérilité et à la mort.
Il est urgent de redécouvrir la vérité et la beauté de l’amour humain, pour que la vie puisse se déployer. Jean-Paul II écrivait dans l’encyclique « l’Evangile de la Vie » : « La banalisation de la sexualité figure parmi les principaux facteurs qui sont à l’origine du mépris pour la vie naissante : seul un amour véritable sait préserver la vie » (§ 97).
La vie est inséparable de la liberté (cf. « l’Evangle de la Vie » § 96) : « Ce sont des biens indissociables : quand l’un de ces biens est lésé, l’autre finit par l’être aussi. Il n’y a pas de liberté véritable là où la vie n’est pas accueillie ni aimée ; et il n’y a pas de vie en plénitude sinon dans la liberté » (ibidem).
La liberté dont il s’agit ici n’est pas celle de faire n’importe quoi, mais celle qui est liée au don de soi par amour : c’est la liberté qui grandit dans l’engagement, dans le choix assumé de manière responsable.
Pour apprendre à aimer la vie, le chrétien peut se tourner vers le Christ qui s’est présenté lui-même comme « Le Chemin, la Vérité, et la Vie » (Jn 14, 6) ; « Oui, la Vie s’est manifestée, nous l’avons vue, nous en rendons témoignage » (1 Jean 1, 2). Jésus est venu vaincre en nous le péché et la mort, et nous faire don de la vie éternelle. Par sa Passion et sa mort en croix, Il a témoigné du prix que chaque être humain a aux yeux de Dieu. Par sa résurrection Il a établi pour toujours la victoire de la vie sur la mort. Par sa grâce et à son école, nous apprenons le chemin de la vie, de la confiance, de la louange de Dieu, de l’amour, de la liberté. Vivifiés par le Christ, nous devenons en Lui des apôtres de l’Evangile de la Vie.
Que la Vierge Marie, invoquée en certains lieux sous le beau nom de « Notre Dame de Vie », intercède pour nous, afin que la victoire de son Fils sur la mort soit manifestée toujours davantage dans nos vies et dans notre monde. Elle, qui a dit « oui » à la Vie, ne cesse de veiller sur ses enfants, et de les conduire à son Fils. « Qui a le Fils a la vie » (1 Jean 5, 12).