Face aux foisonnements des tendances en bioéthique, le flou de certains termes employés lors de sommets internationaux et la teinte utilitariste et anormative de la bioéthique anglo-saxonne, l’Église rappelle la nécessité d’une base intellectuelle, philosophique et anthropologique sérieuse pour de tels débats
“Le projet qui a donné naissance au Lexique remonte en effet à 1994, et, pour être précis, à la Conférence Internationale du Caire sur la population et le développement (5-13 septembre 1994) organisée par les Nations Unies, plus précisément au sein de son organe subsidiaire pour l’assistance aux populations dans les pays en voie de développement le FNUAP, le Fonds des Nations Unies pour la population, présidée par Madame Nafis Sadik. Certains des participants à cette Conférence s’aperçurent que, tant dans le document préparatoire que dans les discours des responsables du FNUAP, on utilisait, au cours de la Conférence, un langage curieux, presque codé, dans lequel certaines expressions apparemment anodines, mais en fait ambiguës ou à double sens, revenaient régulièrement et pouvaient donner le change sur les véritables intentions des organisateurs de la Conférence. Ces mêmes participants s’aperçurent ainsi que cette manipulation du langage n’était pas propre à la Conférence du Caire, mais semblait être devenue une habitude dans ce secteur particulier de l’ONU. Conscients de ce que des personnes non averties pourraient se laisser prendre à ce jeu sémantique dans d’autres réunions internationales, et voter, sans s’en rendre compte, en faveur de motions opposées à leurs convictions, ces délégués demandèrent alors au Conseil pontifical pour la famille, qui avait un représentant dans la Conférence, de publier une sorte de lexique des expressions ambiguës ou à double sens utilisées en particulier dans les textes et documents du FNUAP.” ( )
“Le lexique nous donne d’abord une certaine vision générale sur la bioéthique et ses débats (cf. art. “Définition de la bioéthique” de M. Lalonde), et dans une sorte d’introduction qui permet de replacer la bioéthique dans son contexte historique et ses différentes étapes. Face aux foisonnements des tendances en bioéthique, et la teinte utilitariste et anormative de la bioéthique anglo-saxonne, l’Église rappelle la nécessité d’une base philosophique et anthropologique sérieuse pour de tels débats. Une partie des impasses actuelles dans le domaine de la bioéthique vient en effet de ce que l’on a souvent abandonné les normes universelles du jugement éthique au profit de décisions pragmatiques, prises au nom de biens partiels, et fortement teintées de subjectivisme.” ( )
“La partie la plus fournie du lexique concerne, très naturellement, la famille, dans son contexte et sa problématique actuelle (art. “Famille et philosophie” de H. Ramsay ; “Famille et personnalisme” de F. Moreno valencia ; “Famille et privatisation” du cardinal Alfonso Lopez Trujillo ; “famille, nature et personne” de J.-M. Meyer)” ( )
“Une troisième partie, elle aussi importante, du Lexique, est consacrée à la vie humaine, et aux menaces qui pèsent sur elles aujourd’hui, en particulier dans ses débuts et lors de son déclin. La dignité et les droits reconnus à l’enfant par l’UNESCO ne commencent pas à la naissance. L’embryon humain les possède déjà, depuis son origine, car c’est dès la conception qu’est établi, pour devenir immédiatement fonctionnel, le “programme” qui va réaliser l’être humain à partir du projet contenu dans son génome (cf. art. “Dignité de l’embryon humain” de A. Serra et art. “Statut juridique de l’embryon humain” de R.-C. Barra). Cette réalisation, qui procède selon un continu évolutif harmonieux, ne connaissant ni seuils ni étapes, se fait par elle-même, dans la pleine autonomie de l’être humain individuel né de la réunion des gamètes (cf. art ; “Dignité de l’embryon humain” de A. Serra). ( )
“Le Lexique est donc très riche et varié. Bien que ne prétendant en aucune façon faite le tour complet des questions de bioéthique, il en donne tout de même un aperçu très solide. L’ouvrage sera donc particulièrement utile pour tous ceux qui s’occupent des questions de bioéthique et pour tous ceux qui oeuvrent dans la pastorale de la famille et dans celle de la santé. Aucun de ces articles n’est, bien sûr, à l’abri des critiques, mais ils ont l’avantage d’avoir été écrits par des personnes compétentes, et qui ont une connaissance personnelle des questions qu’ils développent. Nous ne pouvons que remercier le Conseil pontifical pour la famille et son président, le cardinal A. Lopez Trujillo, pour le travail qu’ils ont ainsi effectué et la mine d’informations et de réflexions qu’ils nous offrent dans ce lexique.”
Parmi les 72 spécialistes, de différentes nationalités, figurent entre autres : Mgr André Vingt-Trois, archevêque de Paris, Mgr Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux et président de la Conférence des évêques de France, Mgr Tony Anatrella, Xavier Lacroix, M-T Hermange, Jean-Marie Le Méné, P. de Viguerie, Mgr Schooyans, G.F. Dumont, J.M. Meyer, Mgr Jean-Louis Brugues, etc.