“Le Seigneur des Anneaux” évoque les dangers du pouvoir et montre que le bonheur et la sagesse résident dans le renoncement à toute forme de domination, autrement dit dans la vertu de justice.
Le pouvoir dont il est réellement question dans “le Seigneur des Anneaux” n’est pas tant le pouvoir magique que le pouvoir humain par lequel un homme cherche à assujettir un autre homme. Le contraire de ce pouvoir-là, du côté duquel se trouve Sauron qui règne par la torture et la peur c’est la liberté mise à l’honneur par Gandalf, Elrond, Galabriel, Aragorn veillant au contraire à ne jamais contraindre autrui. Vous seul pouvez choisir votre chemin dit Aragorn à Frodo, au moment où les compagnons doivent se séparer (II,10).
Comme l’explique Irène Fernandez dans le livre qu’elle a consacré au Sens caché du Seigneur des Anneaux , la philosophie du pouvoir que Tolkien développe est autant valable sur le plan personnel que politique. Ainsi s’opposent Faramir qui refuse la victoire à tout prix même si elle régnait avec douceur sur des esclaves consentants (IV,5) et Sauron qui rêve d’une domination totale et qui ne comprend même pas que l’on puisse y renoncer volontairement.
Le renoncement au pouvoir va dans le Seigneur des Anneaux jusqu’au refus d’imposer le bien par la force. En d’autres termes, la fin ne justifie pas les moyens pour Tolkien. C’est ce que n’a pas compris Saroumane lorsqu’il essaie de convaincre Gandalf pour le gagner à sa cause. Je n’ai entendu de pareils discours que dans la bouche des émissaires de Mordor , lui répond Gandalf tandis qu’Elrond déclare de son côté Le seul désir de l’Anneau corrompt le coeur .
En définitive la conception du pouvoir, de la liberté et de la responsabilité qui ressort du Seigneur des Anneaux rejoint la définition de la vertu de justice, définie dans le Catéchisme de l’Eglise Catholique dans les termes suivants :
La justice est la vertu morale qui consiste dans la constante et ferme volonté de donner à Dieu et au prochain ce qui leur est dû. La justice envers Dieu est appelée vertu de religion . Envers les hommes, elle dispose à respecter les droits de chacun et à établir dans les relations humaines l’harmonie qui promeut l’équité à l’égard des personnes et du bien commun. L’homme juste, souvent évoqué dans les Livres saints, se distingue par la droiture habituelle de ses pensées et la rectitude de sa conduite envers le prochain. Tu n’auras ni faveur pour le petit, ni complaisance pour le grand ; c’est avec justice que tu jugeras ton prochain (Lévitique 19,15). Maître, accordez à vos esclaves le juste et l’équitable, sachant que vous aussi, vous avez un Maître au ciel (Col 4,1). (§1807)