Sacrosanctum concilium est le premier texte promulgué par le concile Vatican II, le 4 décembre 1963. Il refonde la liturgie pour contribuer à adapter l’Eglise au monde moderne. Eclairage à l’occasion du 40ème anniversaire de la promulgation de ce texte
Un fossé croissant entre le corps eccclésial et la culture sociale: c’est ce contexte des années 1950 qui pousse l’Eglise à s’ouvrir au monde moderne. A cette époque, les courants théologiques et les initiatives liturgiques se sentent limités dans leur expression, pendant que les pays de mission sont au coeur de grands bouleversements. Déjà, les signes précurseurs des évolutions sociales appellent au changement.
C’est pourquoi le pape Jean XXIII, le 25 janvier 1959, annonce la réunion d’un concile oecuménique, c’est-à-dire le rassemblement des évèques et cardinaux représentatifs de toutes les parties et nations du monde. Trois mois après son élection, le pape surprend le monde catholique : cette lourde institution est traditionnellement réunie en cas de crise interne ou externe de l’Eglise.
L’étonnement grandit quand il donne les objectifs du concile, quelques mois plus tard : pousser l’Eglise à une réflexion sur elle-même avec un retour aux sources de la foi, pour mieux dialoguer avec son temps. Au lieu de condamner une hérésie, il s’agit d’effectuer une mise à jour (aggiornamento) de son enseignement, de sa structure et de ses rapports avec les populations croyantes et non-croyantes.
Quatre constitutions
Sur ces bases, le concile Vatican II se réunit à Rome d’octobre 1962 à décembre 1965. Les 2500 pères conciliaires commencent leur réflexion sous le pontificat de Jean XXIII pour le terminer avec son successeur, Paul VI, élu en juin 1963. En quatre sessions, ils renouvellent l’Eglise romaine et définissent sa place dans le monde.
Les textes promulgués sont de différents niveaux : les constitutions requièrent le plus de considération, puis les décrets et enfin les simples déclarations. En trois ans, le Concile a publié quatre constitutions : Sacrosanctum Concilium sur la liturgie, Dei Verbum sur la parole de Dieu, Lumen Gentium sur la pluralité du peuple de Dieu et Gaudium Spes sur l’orientation pastorale de l’Eglise. Ces textes fondamentaux forgent l’identité de Vatican II et donnent les bases du renouveau ecclésial.
La constitution liturgique Sacrosanctum concilium, promulguée le 4 décembre 1963 est le premier document du concile. Il définit la réforme liturgique en insistant sur différents points.
Parole de Dieu et sacrements
Tout d’abord, Sacrosanctum concilium redonne une place forte à la parole de Dieu. La Bible est lue pendant les célébrations et la répartition des lectures du dimanche est structurée autour de trois années liturgiques (A, B, C).
Par ailleurs, la constitution relance une “participation active des fidèles” à la liturgie. Elle appelle à entrer pleinement dans le Mystère du Christ pour avancer vers la sainteté. Chaque fidèle doit vivre la grâce son baptême et mettre ce Mystère au coeur de sa vie, en participant à la vie de l’Eglise. Dans cette logique, le concile insiste sur la préparation aux sacrements, lieux particulier de rencontre avec Dieu.
Avec cette “participation active”, Sacrocantum concilium souligne l’importance de la communion des fidèles par l’Eucharistie. La constitution redonne un sens profond au terme comme au sacrement. Et quarante ans après, Jean-Paul II rappelle l’importance de ces fondements dans son encyclique “L’Eglise vit de l’Eucharistie”.
Enfin, le premier texte de Vatican II restaure de façon pratique la liturgie, en instaurant différents points comme la concélébration, la reconnaissance de l’art sacré ou la simplification des rites.
Ce texte peu connu des fidèles constitue donc la base de la liturgie actuelle. Ses quarante ans peuvent alors être une bonne occasion de le redécouvrir.