Alors que nous nous préparons à célébrer celui que les prophètes avaient déjà appelé du beau nom de « prince de la paix », ne sommes-nous pas invités à nous demander si nous sommes nous-mêmes des hommes de paix et à nous disposer le coeur pour nous laisser envahir par la paix du Christ ?
Beau paradoxe que cette irruption de l’enfant de Bethléem dans la vie des hommes. Elle bouleverse, elle renverse l’ordre établi : là où il n’y en a que pour la force et le prestige, elle valorise le petit et le pauvre, là où il n’est question que de vengeance et de ressentiment, elle donne droit de cité au pardon, elle détruit toutes les souffrances, elle ruine les puissants et élève les humbles.
Entrer dans cette dynamique instaurée par le Christ, ce n’est donc pas simplement éviter les conflits, être tolérant et ne déranger personne. L’homme de paix c’est celui qui est capable de regarder l’ennemi comme un ami. Concrètement, celui veut dire pouvoir « rejoindre » son adversaire, et parvenir à un accord avec lui. La conséquence, c’est qu’un homme de paix c’est quelqu’un qui est prêt à se laisser vaincre, à se laisser changer dans sa rencontre avec l’autre. L’homme de paix c’est l’homme de la patience pour celui qui lui tape sur les nerfs, c’est l’homme de la bienveillance qui ne range pas les choix et les comportements des autres dans des catégories trop sommaires et faciles à discréditer.
Nous sommes des hommes de paix si nous essayons d’aller au cur de la réalité que sont les autres, si nous les accompagnons sur leur route, comme le Christ l’a fait pour nous. La paix suppose la loyauté et le respect de l’autre, un engagement non seulement pour notre propre liberté, mais aussi pour celle des autres, une conscience de l’injustice, non seulement de celle qui nous atteint, mais de celle qui atteint les autres.
L’homme de paix, c’est aussi un homme d’espérance. La paix qui doit encore venir ne peut se réaliser que par des actes assumés par des libertés : quelque chose qu’il reste à faire, mais qui ne peut être fait que par celui qui espère. L’avenir de la paix, c’est ce qu’on veut pour l’homme, quand ce qu’on veut pour l’homme, c’est ce que Dieu veut pour lui.
Sommes-nous des hommes de paix ?