Quatrième enseignement de carême de l’opération “retraite dans la ville”
Dieu ne nous est pas toujours évident. C’est le constat réaliste que nous entraîne à faire Thomas Merton. Partir à Sa recherche, aller vers le lieu de Sa demeure, c’est se laisser désarmer au désert. Quitter son lieu de survie pour gagner son lieu de pleine vie. Sur ce chemin brûlant, l’espérance est d’autant plus grande qu’elle nous est invisible et inattendue. Ce chemin du nuit est le chemin de la vie donnée. La vie venue d’ailleurs qu’il nous faut apprendre à recevoir sans jamais chercher à se l’approprier. Cette voie n’est rien d’autre que celle de nos combats quotidiens pour faire triompher la Vie contre toutes les morts. Elle nous conduit jusque sur le seuil. Là, Dieu se tient, dans la lutte, à nos côtés, pour nous assurer la victoire. Toujours.
Où est Dieu ?
Il est difficile de parler de Dieu en pleine guerre. J’écoutais l’autre jour à la radio un reportage étonnant. On y entendait parler des Chrétiens. Certains hauts placés, d’autres, des hommes de la rue. On les entendait parler d’une guerre ; une guerre injustifiable et que pourtant ils justifiaient. On les entendait dire être dans le ” camp du bien “, contre ceux qui sont du ” camp du mal. ” On les entendait, sûrs d’être du côté de Dieu, face aux autres. Etre des blancs, face aux noirs. Ils avaient Dieu pour eux, certains de vaincre ” en son nom “… et pourquoi pas ” à sa place ?! ”
En entendant ces paroles inquiétantes, je me demandais : ” Où est Dieu ? “, puisque certainement Il était loin, très loin de ces mots odieux. ” Où est Dieu “, dont on m’a dit qu’Il était proche des coeurs brisés et broyés (Ps 50,19). Où est le Frère des faibles et des petits, lorsque la guerre éclate ? Il me semble que face à ces questions de vie et de mort, nous ne devons pas nous contenter de vagues réponses. Si cette histoire de Dieu fait homme est vraie, alors Dieu n’a pas que vaguement à voir avec nos pensées les plus spirituelles, les plus élevées. Il doit être aussi, et d’abord, dans notre monde bien réel. Il doit être dans notre monde qui n’est ni noir, ni blanc, ni parfait, ni mauvais.
” Où est Dieu ? ” Après trois semaines de chemin au désert, la question peut paraître surprenante. Mais le désert de Nietzsche, d’Augustin, de l’Apocalypse est la route brûlante qui doit désarmer nos évidences. Et si cette question demeure évidente pour nous, alors méfions-nous des évidences, au moins par égard pour tous ceux pour qui cette question ne se pose même pas, tant elle paraît loin de leurs préoccupations. Tous ceux pour qui la guerre, la misère, sont des preuves quotidiennes de Son absence. Et souvenons-nous que nous en sommes là, lorsque nous exposons à Dieu nos demandes, non pas nos vaines et égoïstes requêtes, mais de vrais cris du curs, légitimes, justifiés et qu’en réponse nous revient parfois comme un intolérable silence.
Alors ” Où est Dieu ? “, depuis 2000 ans que ces badauds incrédules lui ont crié ” Sauve-toi toi-même (Mt 27,40) ” et que du haut de sa croix, Il ne leur a pas répondu. Ce silence nous est parfois pesant. Cette question sans réponse nous gène, nous oublie puis nous rattrape. Elle est cause de désespoir. Mais, pour ceux qui sont convaincus, persuadés contre toute attente que ce silence n’est pas le dernier mot de Dieu, elle est cause d’un plus grand espoir.
Thomas Merton fut de ceux-là, il fut des nôtres. Il fut un de ceux qui, très tôt, se sont frottés à ce mystérieux silence. C’est pour mieux s’y brûler qu’il entra au monastère, en 1941, à 26 ans. De là, avec inquiétude et avec obstination, il traqua la trace de Dieu dans le monde. Et tout en prêtant l’oreille à ses bruits, il finit par entendre comme un cri. Il finit par comprendre qu’à travers le bruissement de notre monde, se servant du gémissement de notre monde, Dieu redisait, aujourd’hui, l’appel qu’il lançait au tout premier jour. Le cri que Dieu adressait à Adam qui fuyait, et que Dieu nous redit encore : ” Où es-tu ? (Gn 3,9) ”
Avec Thomas Merton, ce grand veilleur, nous allons tenter d’apprendre où se tenir pour entendre cet appel.
Le lieu où guetter de Dieu, c’est l’Homme.
Ce lieu où se tenir ne nous est pas inconnu. Il ne nous est pas inaccessible. De lui l’Ecriture dit qu’il n’est “Ni au ciel, pour que tu dises qui irait pour moi le chercher ? Ni au delà des mers, mais qu’il est, tout près de toi (Dt 30,12-13)”. Ce juste lieu pour guetter Dieu, c’est l’homme. Le lieu de Dieu, c’est l’homme.
Non pas qu’il soit si aisé d’être pleinement humain, d’être tellement homme ou femme que guetter et trouver Dieu nous devienne tout naturel. Pourtant, Dieu est bien familier, naturel à l’homme, comme il est familier, naturel à toute la création. Merton qui aimait beaucoup la nature qui l’entourait prend l’exemple d’un arbre. Pour trouver Dieu, refléter Dieu et se tenir avec Dieu, il suffit à l’arbre de devenir de plus en plus ce que Dieu entend qu’il soit, c’est à dire cet arbre. Un arbre qui grandit, qui fleurit. C’est en étant ce qu’elles sont que les choses sont saintes. Pour se tenir avec Dieu, l’homme doit donc être ce qu’il est appelé à être : un homme. Un homme, tout simplement, mais un homme vivant sa vie humaine dans toute sa pleine mesure.
Etre homme c’est se trouver en Dieu
” Apprends-moi la vraie mesure de mes jours (Ps 89,12) “, dit le psalmiste. Habiter son corps d’homme pour y trouver Dieu, c’est répondre à cette question : ” qui suis-je ? ” Or, Dieu seul possède le secret de mon identité. C’est ce que dit l’Ecriture : ” Votre vie est désormais cachée en Dieu dans le Christ (Col 3,3) ”
” Qui suis-je ? ” cela revient souvent – croit-on – à vouloir peser sa vie, à en mesurer les formes, les contours. Sommes-nous ce que nous possédons ? Sommes-nous ce que nous nous approprions ? Quel poids ont ces choses dans notre identité ? ” Qui suis-je ? ” Si Dieu possède la réponse à cette question, ne faut-il pas plutôt attendre de recevoir son identité d’un autre que de se l’approprier par la force du poigné ?
Cette dernière tentative est vouée, tôt ou tard, à l’échec. Elle revient ” à enrouler autour de moi mes expériences, comme des bandelettes, afin de me rendre perceptible à moi-même et au monde, de même que si j’étais un corps invisible qui ne peut devenir visible que si quelque chose de visible recouvrait sa surface. ” C’est ce que Merton appelle le péché, ” la conviction que ce faux-moi est la réalité fondamentale de ma vie à laquelle est subordonné tout l’univers.3 ” Une telle vie n’est pas la vie, c’est seulement l’absence de mort. Vivre ainsi, c’est se tromper de lieu. Vivre vraiment c’est se tourner ailleurs pour recevoir sa vie d’un autre, de celui qui connaît la réponse à mon ” Qui suis-je “. Vivre vraiment, c’est partir, quitter son lieu de survie pour découvrir son lieu de pleine vie.
Entre deux lieux, la route déserte
Ce faire n’est pas aisé : il y a la route, la route du désert où il faut continuer coûte que coûte à marcher pour ne pas tomber. Il y a cet entre-deux-lieux, celui de la découverte de sa vaine gloire, de sa nudité, son vide. Mais c’est justement dans ces trous et ces failles brûlantes que pourra se glisser, progressivement, le souffle léger qui donne la vraie vie. C’est sans doute le chemin de Merton, mais ce fut avant lui le chemin de beaucoup d’hommes : C’est niché dans le creux, blotti dans la faille d’une grotte, une fois brûlé par le soleil, affamé par le chemin, fatigué par sa veille que le prophète Elie trouva Dieu dans la brise légère.
L’entre-deux-lieux, c’est se tourner, assoiffé, vulnérable, vers toutes créatures extérieures en quête de soi et de Dieu. Mais, dit Merton, alors ” jusqu’à ce que nous aimions Dieu parfaitement, tout ce qu’il y a dans le monde est capable de nous blesser ” et il poursuit : ” Il m’est impossible de toucher, d’atteindre les choses créées. Elles ne sont pas pour moi. Je ne peux trouver le repos en elles. Les créatures demeurent intouchables, inviolables. Dès qu’on essaie de jouir de ce qu’elles ont de bon, leur douceur se change en amertume, leur beauté en laideur. Tout ce qu’on aime écure, en même temps que le besoin d’aimer quelque chose ou quelqu’un augmente infiniment. ”
Plus on prend conscience de son propre vide, plus on veut chercher ailleurs matière à le remplir, mais si cette première brèche découvrant notre vulnérable intérieur fut ouverte par Dieu, alors rien ne pourra l’empêcher de demeurer ouverte et de s’ouvrir encore à mesure que nous voudrions la colmater. Car cette blessure ne nous vient pas des hommes, mais de Dieu. Elle ouvre en nous un abîme. Prendre conscience de ce vide c’est ” se tenir solitaire et impuissant au milieu de splendeurs qui ne pourront jamais m’appartenir (…) Je suis seul comme Christ est seul, mais je suis seul car je ne suis rien, et il est seul car il est tout .”
Deux solitudes se retrouvent, l’une appelant l’autre, comme ” l’abîme appelle l’abîme (Ps 42,8) ” selon la parole du psaume.
Toujours recevoir
Entre ces deux lieux, nous n’avons guère le choix : si rien ne peut m’appartenir sans me souiller, si seul Dieu est plein à la mesure de mon vide, alors il faut me mettre à tout vouloir toujours recevoir.
Mais recevoir est parfois bien plus difficile que posséder. Notre réflexe est de nous approprier toute chose à la sueur de notre front. ” A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire “, dit-on. Agir de la sorte, dit Merton, c’est se conduire comme Prométhée lorsqu’il tente de dérober le feu sacré sur la montagne des dieux. Certes, Prométhée a bien cette juste intuition que les dieux détiennent, avec le feu, le secret de sa vie. Mais il veut ” obtenir le feu de sa propre conquête, sinon il ne croit pas vraiment que ce feu lui appartient à lui.”
Prométhée ne peut pas imaginer d’autre dieu qu’un Dieu retenant jalousement caché le secret de notre bonheur. Comme si Dieu ne voulait pas que nous fussions vivants, libres, comme si Dieu ne voulait pas que nous fussions parfaits. S’en tenir là, c’est se refuser à connaître un Dieu assez puissant, assez différent de l’homme, qu’il consente à donner pour rien. S’en tenir là, c’est ne pouvoir concevoir qu’un dieu faible, à l’image de l’homme, qui diminue à mesure qu’il donne, un dieu qui devrait dérober, garder, retenir, pour survivre. Un dieu avec lequel il nous faudrait tenir commerce, à l’image du fils aîné de la parabole de l’enfant prodigue, qui réclame sa part, son morceau. Non, notre Dieu n’est pas dans ces comptes d’apothicaires, dans ces pourcentages et ces calculs. Notre Dieu n’est pas dans cette question : ” Qu’est ce qui est à moi ?” Pour Lui, elle est absurde, Il est au-delà. Avec Lui nous ne disons plus ” Donne moi ma part d’héritage “, mais avec Lui nous devons dire ” Tout est à moi, car tout est à Lui. ” Pour le chercher, il ne nous est pas nécessaire de gravir l’Olympe de Prométhée. Il suffit de marcher, au crépuscule, sur la route pour que soudain il nous y retrouve. Alors, en chemin, la conversion n’est plus que douce conversation : ” Notre cur n’était-il pas tout brûlant au dedans de nous quand il nous parlait en chemin ? (Lc 24,32)”
L’impossible espérance en la grâce de Dieu
Mais peut-on y croire ?
Peut-on vraiment croire à cette grâce de Dieu, toujours donnée ? Peut-être pas. Et peut-être est-ce bien ainsi, car c’est aussi lorsque nous reconnaissons notre peu de foi que Dieu choisit de nous sauver. ” Je crois, viens en aide à mon peu de foi (Mc 9,24) ” dit le père de l’enfant épileptique à Jésus. Peut-on croire à ce don incessant ? Cela ne nous est pas demandé, du moins, sans doute pas au sens ou nous l’entendons couramment.
Non, bien plutôt il nous est demandé de vivre en ne regardant même plus nos propres failles. Vivre en ne regardant même plus ces faiblesses qui sont notre lot à tous, mais qui ne sont rien parce qu’en elles, Dieu est tout. Ne vivre que sur le mode du don reçu. Du don total de la vie. Du don gratuit de la vie. Du don immérité de la vie. ” Et les racines de cette vie demeurent immortelles et invulnérables en nous si nous continuons à nous tenir moralement vivants par l’espérance. ” Mais une espérance surnaturelle une espérance ” que l’on ne voit même pas. ” Tenir coûte que coûte les mains étendues, tenir le corps meurtri. Ce choix est radical, il évoque Christ en croix, les mains ouvertes, le corps transpercé, ” jusqu’à la fin du monde, dit Merton, C’est l’identification de notre propre agonie avec celle de Dieu qui S’est dépouillé et fait obéissant jusqu’à la mort. C’est accepter de vivre au milieu de la mort, non parce que nous avons le courage, la lumière ou la sagesse de le faire, mais parce que, par miracle, le Dieu de la vie accepte de vivre en nous au moment même où nous enfonçons dans la mort. ” Ce choix est le choix de la vie. Ce choix nous met en route vers l’unique lieu où il vaille la peine de se tenir, celui de l’homme vivant une vie pleine de vie, une vie pleine de Dieu.
Cheminer vers la vie au bord de l’abîme
En nous plaçant sur cette étrange route, entre deux lieux, entre nuit et jour, ” menée au bord d’un désespoir infini nous en venons à comprendre peu à peu que la vie est autre chose que la récompense de celui qui devine une ‘réponse’ secrète et spirituelle à laquelle il demeure agréablement lié. Il s’agit bien davantage que de trouver ‘la paix de l’âme’ ou de ‘régler des problèmes religieux’ ” parce que sur ce chemin menant du sommeil de la survie à la lumière de la pleine vie, sur cette route on se rend compte qu’à bien des égards, ” l’existence elle-même devient une question absurde, et une question absurde ne peut recevoir qu’une réponse absurde.” Entendons-nous bien. Ces mots drus ne sont pas des paroles de désespoir, mais les mots d’un plus grand espoir ; d’un espoir profondément réaliste, enraciné, humain. Qui n’est jamais arrivé à ce point limite, à ces questions sans réponse, où tel événement reste scandaleux, inexplicable, injustifiable, irrecevable à la trompeuse lumière de ce que nous croyons être Dieu. Avec effroi, ne nous sommes-nous pas alors détournés, remisant nos brûlantes questions, enfouissant nos doutes intenables, de peur de briser en nous ce que Dieu avait pourtant commencé à semer ?
” Mes limites accusent vite mon néant, et je ne peux passer outre. Je m’arrête, je réfléchis et la réflexion rend mon impuissance plus définitive. Puis j’oublie de réfléchir et je m’évade par surprise, au moins jusque sur le seuil, et l’amour se meut dans les ténèbres juste assez pour me dire que la liberté m’attend. ” ” Mes voies ne sont pas vos voies (Is 55,8)” Nos limites ne sont pas Ses limites : et il nous hisse sur ses voies. Sur le chemin, de nuit, Dieu finit toujours par nous surprendre, et nos questions disparaissent. Le voleur nous dérobe à nous-mêmes et nous transporte, à notre insu, là où tout notre cur et notre chair languissaient de se tenir. Ce lieu nous est destiné, à chaque instant, à chacun, depuis toujours. Et ce lieu, c’est un seuil.
Le seuil : le lieu de la lutte où l’homme vivant aspire à se tenir
Le seuil, aigu comme un cri, tendu entre mort et vie. Le seuil de la nuit et du jour, de la lutte victorieuse de la vie contre la mort. Le triomphe contre toutes les morts : physiques, psychologiques, sociales… Le seuil, c’est tout simplement là où nous nous débattons, souvent sans le savoir, à chaque fois que nous faisons tout pour que triomphe la vie sur ces morts. A chaque fois que tout notre être se jette à corps perdu dans cette lutte, cette lutte qui ne demande pas d’espoir visible pour être menée, cette lutte qui nous surprend, surgissant du fond de nos entrailles d’hommes. Cette lutte où nos questions sont loin, où nos doutes se sont perdus tant l’urgence de la vie nous presse à tout lâcher. Lâcher tout ce qui pourrait nous empêcher de mener ce combat jusqu’à son terme. Peut-être, absorbé par notre lutte, n’avons-nous pas le temps de regarder qui combattait alors à nos côtés, qui nous assurait la victoire alors que nous la croyions perdue. C’est le Christ, le Ressuscité. En Lui, nous le savons depuis un certain matin où il sortit de la tombe, foulant toute mort à ses pieds : la victoire est certaine. Toujours.
Ce seuil, d’autres s’y sont tenus avant nous. C’est le seuil de la Terre promise où l’ange a combattu, toute la nuit, contre Jacob et où celui-ci sortit blessé mais béni, faible d’avoir lutté mais fort d’avoir acquis son nom, son identité, pour la vie. Le seuil, voilà le lieu de l’homme debout, où à sa suite Merton veut nous entraîner. ” celui qui aime Dieu joue sur le seuil de l’éternité et avant qu’il puisse lui arriver le moindre mal l’amour lui aura fait franchir le seuil.” Ce lieu qui n’est plus celui de l’impossible et absurde dialogue avec Dieu, mais de la communion avec Lui : communion à sa victoire incessante sur la mort, communion à son amour débordant pour toutes choses. “Vous qui dormez dans ma poitrine, ce n’est pas avec des mots qu’on vous rencontre, mais dans l’apparition de la vie dans la vie, et de la sagesse dans la sagesse. On vous trouve dans la communion. ”
Qui marche sur la route des hommes et de Dieu s’y trouvera souvent conduit. Qui lutte obstinément, aveuglément, pour la vie y reviendra sans cesse. Et à mesure que nous y séjournerons et nous y tiendrons, nous comprendrons que chaque minute de notre vie présente est faite pour être vécue là-haut. Là-haut, sur le seuil de la maison où depuis toujours le père du prodigue guête en silence le retour de son fils. ” Il y a plus de consolation dans la substance du silence que dans la réponse à une question. L’éternité, c’est le présent. L’éternité est dans le creux de la main.”
Goûter, ne serait-ce qu’une fois à ce lieu, où l’on ne peut que revenir, c’est ce que nous pouvons nous souhaiter de meilleur pour ce carême. Soyons de ceux-là car “ils sont la force du monde, parce qu’ils sont les tabernacles de Dieu dans le monde. Ils sont ceux qui empêchent l’univers d’être détruit. Ils sont les petits. Ils ne se connaissent pas eux-mêmes. Toute la terre dépend d’eux. Personne n’a l’air de s’en rendre compte. Ce sont ceux pour qui, tout d’abord, elle a été toute entière créée. Ils doivent en être les héritiers… La joie de tous les hommes les tue, sauf ces humbles. Ils possèdent tout ce qu’ils peuvent désirer. Leur liberté est sans limite. Ils nous recherchent pour prendre notre misère et la noyer dans la prodigieuse étendue de leur innocence, qui lave le monde dans sa lumière. ”
Bibliographie :
– “Le nouvel homme”, Editions du Seuil, Paris, 1969 Le signe de Jonas, Editions Albin Michel, Paris, 1955
– “Semences de contemplation”, Editions du Seuil, Paris, 1952
– “A vow of conversation”, Journals 1964-1965, Farrar. Straus. Giroux. New-York, 1988