Catéchèse de Mgr Maillard aux pèlerins des JMJ, le mercredi 24 juillet 2002, sur le thème : “Vous êtes le sel de la terre”.
Introduction
Cette courte phrase formule le thème de la catéchèse d’aujourd’hui. Avec la deuxième partie « vous êtes la lumière du monde », elle constitue le coeur du message qui est délivré aux jeunes du monde entier. C’est un appel en même temps qu’un constat et une affirmation. C’est aussi une citation de l’Evangile de St Matthieu. Puissiez-vous savoir mieux ce que vous êtes par votre baptême au seuil de ce nouveau millénaire ! Puissiez-vous expérimenter cette foi qui donne goût à votre vie de jeunes chrétiens aujourd’hui ! Puissiez-vous en même temps découvrir la responsabilité que cette foi vous donne par rapport à la jeunesse du monde : vous n’êtes pas seulement là pour vous-mêmes, vous êtes certes présents pour mieux expérimenter votre foi, pour vous sentir moins seuls et moins isolés, pour mesurer le goût que donne à votre vie la foi : croire en Jésus-Christ est un chemin de bonheur qui rend heureux, qui donne du goût à la vie. Journée mondiale de la jeunesse : cela donne un horizon large à la jeunesse du monde qui déborde ce que nous pouvons en connaître dans notre pays, dans nos relations : puissiez-vous mieux sentir ce qu’est l’Eglise catholique universelle accueillant toutes les cultures, races, continents. Dans un monde qui a peur pour son avenir, qui craint la mondialisation, qui a les moyens de se détruire par la folie des hommes ou par le fanatisme aveugle, nous les chrétiens, nous sommes rassemblés à l’appel du Pape pour ouvrir nos horizons, pour rencontrer d’autres jeunes mais aussi pour ne pas oublier ceux qui ne sont pas venus parce qu’ils n’ont pas voulu, pas su, et qui pourtant sont en recherche de sens à leur vie, ils sont peut être habités par une soif de bonheur et de vie : ils sont présents dans nos têtes et dans nos curs. Ce sont les jeunes que vous êtes qui saurez le mieux communiquer aux autres jeunes votre foi.
« Vous êtes le sel de la terre »
Comment comprendre cette courte citation de l’Evangile de Saint Matthieu ? Dans l’Evangile, Jésus s’adresse aux disciples, il les interpelle pour leur dire ce qu’ils sont et quelle est leur responsabilité. Le Saint Père adresse ce même appel aux jeunes du monde et veut donc en faire des disciples. Vous êtes d’authentiques disciples, des chrétiens de plein droit, vous n’êtes pas seulement des apprentis qui campent aux portes de la cité et de l’Eglise en attendant de pouvoir entrer, prendre place et enfin exercer de véritables responsabilités.
« Le sel de la Terre ». Le sel : il sert à donner du goût à tous les aliments mais il ne se confond pas avec les aliments, manger du sel à l’état pur est insupportable, mélangé aux aliments, il donne une saveur. Bien dosé, il contribue à la qualité du repas. Le goût, c’est ce qui donne du plaisir au repas. Le sel donne du goût, de la saveur et c’est très important même si on ne le voit pas, c’est enfin dans les aliments, mais cela donne du goût à toute l’alimentation. La situation des chrétiens dans le monde est du même ordre : ils sont peut-être peu nombreux mais il apportent de la saveur, ils donnent le goût de vivre, la joie, le bonheur. Il y a tant de gens autour de nous qui ont des conditions de vie matérielle très favorables, qui appartiennent aux classes privilégiées, qui ont de l’argent, des relations, une profession brillante mais sont tristes et ont perdu toute raison de vivre, l’espérance. Les disciples selon l’Evangile doivent redonner saveur et goût de vivre.
Même en petites quantités, le sel donne du goût
Mgr ROUET, parlant aux responsables des scouts et guides de France à propos de cette phrase « vous êtes le sel de la Terre » disait : « le Christ ne nous a pas demandé d’être nombreux, il nous a demandé d’avoir du goût La mission évangélique, et en ce sens la place de la foi, n’est pas liée au nombre des croyants mais à leur aptitude à donner sens à ce qu’ils vivent et à ce dont ils témoignent La vraie question n’est pas de savoir quel est le nombre des chrétiens, c’est de savoir quel goût ils ont. Avons-nous du goût pour les gens qui nous entourent ? »
Je crois que cela reste une question pour les jeunes chrétiens pourtant : être chrétien en nombre parfois infime au milieu d’une grande majorité qui ne partagent pas cette foi est une épreuve pour beaucoup de jeunes, subir les moqueries de ses camarades lorsque l’on participe à un groupe de réflexion chrétienne, lorsque l’on annonce que l’on va recevoir le sacrement de la confirmation, être soi-même lorsqu’on n’est pas le reflet de l’opinion dominante est une épreuve. D’où l’importance de pouvoir vivre régulièrement des temps forts où l’on se sent nombreux, où l’on se sent un peuple vivant et vibrant. C’est d’ailleurs une question qui concerne les adultes et les familles : on connaît des familles rurales qui ont l’air d’oublier leurs convictions chrétiennes lorsqu’elles sont transplantées dans d’autres conditions de vie : elles les retrouvent occasionnellement quand elles retrouvent leurs familles certains Week-Ends, en vacances ou à l’occasion de certains évènements familiaux. Comment persévérer dans la foi, dans la continuité du témoignage affiché dans un contexte mouvant, de grande mobilité ; de changement de vie professionnelle, de déménagements, de voyages, d’études qui amènent à changer d’école ou d’universités en cours d’année avec des stages. Comment signifier son appartenance à une communauté chrétienne ? Comment nourrir sa foi en la partageant avec des frères dans la foi ? Le danger est de renvoyer chacun à sa conscience et de laisser tomber les plus fragiles qui pourraient attendre une aide.
Cette situation crée en effet une responsabilité accrue pour chacun de nous : de notre attitude dépend le soutien que peuvent attendre ceux qui se sentiraient isolés, sans repère, en recherche de sens. Le Christ prend le visage des chrétiens : à travers leur comportement, leurs paroles, nos contemporains jugent de la crédibilité des chrétiens, du message évangélique, de l’Eglise. Certains rencontreront le Christ et son Evangile s’ils rencontrent des chrétiens vivants, attirants, joyeux de vivre, fiers de leur foi, serviables à l’égard de leurs frères. C’est une responsabilité qui incombe à chacun de nous quelle que soit sa condition chrétienne : une parole, un sourire, une écoute d’un camarade au moment où il vit la détresse et l’isolement peuvent sauver une vie, faire jaillir la lumière et donner goût à la vie.
« Vous êtes le sel de la Terre
si le sel se dénature, il ne sert plus à rien. »
Le sel de l’Evangile, une saveur qui vient des Béatitudes
Mais quel est le contenu de cette saveur, de ce sel de l’Evangile qui fait que le sel, ce n’est pas seulement des mots, une technique de communication, de propagande, de marketing ? Ce ne sont pas des slogans bien choisis, un démarchage réussie, une propagande bien orchestrée qui donnerait une saveur artificielle ? « Vous êtes le sel de la Terre ». Ce sont les disciples, ce sont des vies d’hommes et de femmes en chair et en os « vous êtes là où vous êtes avec votre travail, vos loisirs, votre vie familiale, le sel qui donne saveur à toute la terre, c’est-à-dire à l’humanité en marche dans l’histoire. »
Mais, me direz-vous, de quoi est composé ce sel qui donne saveur, goût à la terre ? Quelle est sa composition ? L’Evangile nous en donne la composition : n’oublions pas que ce texte vient immédiatement après les béatitudes, ce texte si connu qui veut être à la fois une charte du bonheur et un programme de vie. « Heureux les pauvres de cur, le royaume des cieux est à eux !
Heureux les doux, ceux qui pleurent, ceux qui ont faim et soif de la justice, les miséricordieux, les curs purs, les artisans de paix,
les persécutés pour la justice
»
Ces phrases connues seraient donc la marque de la vie chrétienne, c’est une attitude profonde dans la vie, c’est un comportement qui permettrait de reconnaître le chrétien, cela permet de donner un goût différent à la vie et à l’existence, une saveur et en même temps, c’est une clef du bonheur, du vrai bonheur et là Dieu lui-même s’engage et le permet « le Royaume des cieux est à eux dès aujourd’hui », mais, me direz-vous, comment est-ce possible : notre monde et notre histoire et la mentalité courante disent tout le contraire. Le modèle de l’homme heureux que nous présente souvent notre société, c’est celui qui est riche, qui est puissant, qui a des relations, qui est fort, jeune, beau, qui est habillé de telle manière, et pourtant tous ceux qui ont accès à ces biens ne sont pas forcément heureux, ils sont parfois seuls et profondément malheureux.
Dans l’Evangile, le pauvre, c’est celui qui ne met pas son espérance seulement en lui-même, celui qui ne veut pas s’en sortir seul, qui compte sur les autres et sur Dieu. Marie à cet égard est le modèle du pauvre qui s’appuie sur Dieu et met sa confiance dans le Seigneur. Etre pauvre, c’est accepter d’être dépendant et solidaire, être riche, c’est vouloir ne dépendre de personne. L’histoire de la sainteté dans l’histoire de l’Eglise nous montre justement que dans des siècles et des continents différents la saveur de l’Evangile a redonné confiance à des pauvres de tous profils, l’espérance reprenait le dessus dans des lieux souvent de souffrance et d’échec et de misère de notre humanité : la sainteté fleurit souvent comme une fleur là où on ne l’attend pas, là où il y a de la pourriture : l’espérance renaît alors, le goût de vivre reprend le dessus : pensons à St Vincent de Paul, aux fondations qui ont créé des écoles, des hôpitaux pour les malades ou les illettrés dont personne ne voulait s’occuper : Mère Térésa, l’Abbé Pierre, Sur Emmanuelle, des gestes de réconciliation dans les pires moments de guerre ou de massacres humains, l’ouverture d’orphelinat pour soigner et accueillir des enfants abandonnés, soigner dignement les mourants, s’enrichir dans la rencontre du handicapé, soigner le malade incurable jusqu’au bout, respecter la vie de l’être le plus fragile. Voilà ce que la charte des Béatitudes a produit, la saveur qu’elle donne, les fruits qu’elles nous offrent..
La sainteté aujourd’hui : Etienne témoigne.
Et pour finir sur ce chapitre des Béatitudes, je voudrais laisser parler Etienne. Etienne est un jeune de 25 ans qui a bien compris et pris au sérieux les Béatitudes : il est pour 2 ans au Kazakhstan, ingénieur agronome.
« En effet, après 5 années de cycle d’ingénieur où l’on nous enseigne en long, en large et en travers comment être un gagneur, et où l’on nous parle en terme de salaire, de perspectives de carrière et de réussite personnelle, je découvre ici la beauté de la gratuité, du service et de l’humilité. Et ce n’est pas chose facile
une partie de ma mission est simplement d’être là et de vivre ma vie de chrétien ! rendement nul en apparence puisque je n’en vois pas les fruits
Heureusement, au centre de ma journée, il y a la prière et la messe
petit à petit, j’ai découvert mes limites et j’ai découvert que la mission n’est pas tant mettre ses compétences au service des autres que mettre ses pauvretés au service des Jésus ».
« Heureux les pauvres, le Royaume des Cieux est à eux » dit la première béatitude. Etienne l’a bien compris !
Il nous montre la saveur que peut donner l’Evangile à des vies de jeunes à l’aube de ce 21ème siècle. Personnellement, je verrais bien que des jeunes intègrent dans leur parcours de formation un temps de service dans un pays nouveau pour vaincre la misère et témoigner de leur foi, tout à la fois. Vivre sur un autre continent, servir dans la rencontre de la pauvreté dans le monde, découvrir d’autres manières de vivre plus modeste est une chance et un service de la paix dans le monde : découvrir que des jeunes vivent heureux autrement que nous sans bénéficier des conditions privilégiées qui sont les nôtre aujourd’hui.
Jeune, qu’as-tu fait de ton baptême ?
Cette question que le Saint Père a posé à Paris à la France lors de son premier voyage, nous pouvons nous la poser : qu’avons-nous fait de notre baptême ? Jeunes du monde, qu’avons-nous fait de la saveur de l’Evangile ? Les jeunes que je rencontre à l’occasion ont une double attitude à l’égard du baptême qu’ils ont reçu enfants :
Les uns reprochent à leurs parents de les avoir fait baptiser sans leur demander leur avis, comme s’ils leur avait manqué de respect en décidant à leur place,
d’autres au contraire remercient leurs parents de leur avoir fait partager le trésor de la foi et de leur avoir ainsi fait connaître la joie de croire qui donne de la saveur à la vie.
On ne peut choisir que ce que l’on connaît. Mais, il nous faut être attentif à la situation nouvelle : la proportion des baptisés est moindre et diminue : déjà maintenant des jeunes et des adultes frappent à la porte de l’Eglise et demandent à devenir chrétiens parce qu’à l’occasion d’un événement heureux ou malheureux ils ont rencontré un chrétien qui leur donne envie d’en savoir plus. A cet égard, la responsabilité de chacun est grande : on ne devient jamais chrétien seul : on reçoit toujours le don de la foi par la médiation d’un autre : jeunes, vous êtes responsables de manifester la beauté de la foi et de l’Evangile à vos compagnons d’études, à vos conjoints, à vos voisins, à vos amis, à vos parents, c’est une vraie responsabilité à laquelle il faut faire face. Il y a ainsi des rencontres déterminantes dans nos vies.
Le baptême est certes un choix qui marque notre différence et qui nous engage. Avec les autres baptisés, nous entrons dans le corps de l’Eglise ; nous accueillons le don de la vraie vie qui nous est donné. C’est d’abord un don de Dieu, notre choix n’est qu’une réponse au don de Dieu : nous devenons enfant de Dieu, nous recevons une identité nouvelle en recevant un nom qui nous est donné : Rappelons-nous ces paroles qui ont été prononcées sur nous « je te baptise au nom du Père, du Fils, du Saint-Esprit ». Nous rejoignons alors cette scène du baptême de Jésus lui-même qui nous révèle l’Amour du Père : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ». Par le baptême, nous devenons les fils bien-aimés du Père. Ces paroles sont dites sur nous et pour nous. Par le baptême, chacun de nous est l’objet d’une parole de bienveillance. Dieu nous regarde, nous aime et fait de nous ses enfants. Chacun de nous compte, est unique pour Dieu, Père, Fils, Esprit. Comme il est important que nous réalisions cette attention de Dieu pour nous. A la suite du Christ, nous sommes disciples, plongés dans la mort et la Résurrection du Seigneur « Si nous sommes morts avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui pour que nous menions une vie nouvelle » Rom. 6,4
Baptisé pour une vie nouvelle
Le baptême nous invite à mener une vie nouvelle, à donner à notre vie une saveur d’Evangile : c’est l’invitation que fait Paul aux chrétiens de Colosses « débarrassez-vous de votre conduite d’autrefois : colère, irritation, méchanceté, injures, grossièreté
débauche, impureté, passion, cupidité » Et St Paul dessine les contours de la communauté des baptisés qui caractérise la qualité de vie à laquelle nous sommes invités : « Il n’y a plus ni grec, ni juif, ni circoncis, ni incirconcis, ni barbare, esclave, homme libre mais Christ : il est tout et en tous. »
« Puisque vous êtes élus, sanctifiés, aimés de Dieu, revêtez donc des sentiments de compassion, de bienveillance, de douceur, de patience
Supportez-vous, pardonnez-vous
etc » c’est donc la qualité de la vie dans la communauté chrétienne qui manifeste la saveur de l’Evangile.
Cet appel à une vie nouvelle dans le Christ par le baptême, a été formulé certes par Paul aux chrétiens de Colosses, il a été rappelé aussi par le Concile Vatican II, il y a 40 ans : LG 42 « Chaque fidèle doit s’ouvrir volontiers à la Parole de Dieu, mettre en uvre sa volonté, participer fréquemment aux sacrements, surtout à l’Eucharistie et aux actions liturgiques, s’appliquer avec persévérance à la prière au service actif de ses frères » Le Saint Père nous l’a rappelé à nouveau à l’occasion de l’entrée dans le nouveau millénaire : « Les voies de la sainteté sont multiples et adaptées à la vocation de chacun. »
La sainteté à laquelle nous sommes invités n’est pas réservée à une élite et à des êtres d’exception, elle est une invitation faite à tous les baptisés, quelle que soit leur situation dans l’Eglise. Toute notre vie est marquée, traversée, transfigurée par la sainteté : la prière mais aussi le service des frères et l’engagement dans la construction du monde, l’attachement à la personne du Christ et à son enseignement mais aussi le service des pauvres, ceux qui sont malades, prisonniers, la lecture de la Parole de Dieu aussi.
Témoins pour notre temps :
Thérèse et Charles de Foucauld
En conclusion, la saveur de l’Evangile, sel de la terre, est particulièrement bien illustrée et incarnée dans les figures de saints que l’Eglise propose comme modèle et soutien de notre vie chrétienne pour aujourd’hui. Je vous en évoque deux qui me fascinent proches de notre époque : je pense à Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et au père de Foucauld.
Sainte Thérèse née en 1873 en Normandie à Alençon est la dernière d’une famille nombreuse. Sa santé est très fragile. Elle perd sa mère à 4 ans. Elle entre au Carmel avec une dispense en 1888 à 15 ans ! c’est une passionnée : elle découvre un chemin de sainteté qui lui fait contempler la Sainte face qui exprime la tendresse de Dieu pour l’homme ; c’est la voie de l’enfance spirituelle : elle s’abandonne à l’amour de Dieu tout en connaissant les épreuves de la foi. Elle mourra à 24 ans ; tout en n’ayant jamais quitté son Carmel, monastère elle est en communion profonde avec l’Eglise universelle, puisqu’elle est patronne des missions. Le Pape Jean-Paul II, lors des J.M.J. de Paris en 1997 a annoncé qu’il la proclamait docteur de l’Eglise universelle, c’est-à-dire qu’elle indique un chemin de sainteté qui fait autorité à l’échelle du monde et de l’histoire. Je me permets de citer ces phrases de Ste Thérèse qui indique une voie originale de sainteté : « je compris que l’Amour renfermait toutes les vocations, que l’Amour était tout, qu’il embrassait tous les temps et tous les lieux
Ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’amour ! oui, j’ai trouvé ma place dans l’Eglise
Dans le cur de l’Eglise, ma Mère, je serai l’Amour
»
Le Père de Foucauld, petit frère Charles de Jésus né en 1858 s’est converti à 28 ans, a quitté la condition militaire. Il veut imiter la condition humble de Jésus à Nazareth, il « découvre l’existence humble et obscure du divin ouvrier de Nazareth ». Une phrase s’imprime en son âme : « Jésus a tellement pris la dernière place que jamais personne n’a pu la lui ravir. » Il vivra plusieurs années dans une Trappe. Il connaîtra l’expérience du désert, accueillera les pauvres, il dira : « je veux habituer tous les habitants, chrétiens, musulmans, juifs à me regarder comme leur frère, le frère universel ». Il va vivre seul en plein désert parmi une population musulmane, les Touaregs dont il apprendra la langue. Il passe de très longs moments dans la prière et la solitude : « tout chrétien doit être apôtre surtout voir en tout humain un frère, un enfant de Dieu. Tout chrétien doit regarder tout humain comme un frère bien-aimé il a pour tous les humains les sentiments du cur de Jésus ». Le Père de Foucauld, frère Charles est tué accidentellement le 1er décembre 1916 dans la solitude. De son vivant, on pourrait penser que Charles de Foucauld a échoué : il n’a pas eu de disciple de son vivant mais en cette fin du 20ème siècle, il a une postérité très nombreuse : de nombreuses congrégations d’hommes, de femmes, de fraternités qui allient contemplation, apostolat, présence gratuite dans les milieux les plus éloignés du christianisme, au contact de l’Islam.