Depuis la Création du Monde jusqu’à l’Apocalypse (5,9), Dieu exprime et réalise son désir de rejoindre tous les Hommes. Il n’y a de prophètes et de témoins que pour annoncer jusqu’aux extrémités de la terre que la mort est vaincue, et que le Royaume de Dieu est tout proche !
Nous vous proposons trois poses-regard’, trois arrêts sur image dans cette grande et mystérieuse aventure de la relation de Dieu avec l’Homme qui me parle aussi de ma relation avec Dieu.
De toutes races, langues et nations…
Le Seigneur dit à Abraham : Va quitte ton pays … et par toi seront bénies toutes les nations de la terre.
Depuis que Dieu parle à l’homme, il lui fait part de sa perspective éminemment universelle. Et pour s’adresser à tous les hommes, Dieu choisit un homme, Abraham, plus exactement, un couple puisque Abraham est un homme marié à Sarah. Il lui demande de partir, de quitter sa famille et d’aller vers le pays que Je t’indiquerai’, et « je ferai de toi un grand peuple, je te bénirai, je magnifierai ton nom, qui servira de bénédiction. Et par toi seront bénies toutes les nations.»
Les prophètes, et spécialement Isaïe, n’auront de cesse de rappeler cette mission de service d’Israël : répandre la lumière parmi les nations (Is.42,4-6). Les psaumes magnifient Dieu, créateur de l’Univers, et chantent la gloire de Dieu qui vient pour tous les peuples, toutes les nations. En Dieu c’est l’Humanité entière qui est sauvée, c’est à dire qui est appelée à la vie éternelle.
Pose-regard :
Je me tourne vers Celui qui pose son regard d’amour, de vie sur moi. Dieu a choisit Abraham et s’est engagé avec lui tout au long de sa vie.
La question du choix est un profond mystère de liberté et de vie. Si je ne fais pas de choix je ne peux me connaître. C’est le choix qui me permet d’exister et de vivre. Dieu fait des choix.
Il fait le choix d’un homme pour rejoindre tous les hommes.
« Qu’est-ce que l’homme Seigneur pour que tu penses à lui ? » (psaume 144,3)
Je peux m’interroger sur cette intimité que Dieu me propose de vivre avec Lui, parce que de toute éternité il me choisit, il veut faire de moi sa demeure et avec moi être lumière pour les nations. Est ce que je choisis de répondre à ce désir de Dieu sur moi ? Quelles sont mes peurs, mes inquiétudes, ma joie ?
Et le verbe s’est fait chair.
Celui que les prophètes ont annoncé, celui qui est la Lumière du monde, que Siméon, poussé par l’Esprit, attendait au Temple, c’est Jésus, le Fils de Dieu, le Verbe fait chair. La Parole qui s’adressait à Abraham s’incarne pour mieux rencontrer l’Humanité. Pour être au plus près de l’homme, Dieu n’a pas hésité à épouser la limite d’un corps. Et Jésus au long de sa vie terrestre agit sans cesse sur le dépassement de cette limite : dès sa naissance à Bethléem il ne naît pas chez lui et les premières visites à cet enfant nouveau né et à ses parents, ce sont des bergers et des mages. Un peu comme deux catégories sociales dirions nous aujourd’hui, très éloignées qui se retrouvent ensemble. Avant même de pouvoir parler, il « parle » à tous les hommes. Plus tard il change l’eau en vin, guéri le jour du sabbat, enlève les pêchés, parle à une femme étrangère, mange et boit à la table du publicain, ne condamne pas la femme adultère…. Enfin, le dépassement le plus bouleversant pour la vie c’est évidemment la Gloire du Père dans la Résurrection de Jésus : la mort est vaincue. Elle n’est pas éliminée, mais elle est dépassée et par là même nous sommes déjà sauvés.
Pose-regard :
C’est parce que je suis unique et que je suis créé pour la relation, pour la rencontre que je vais vers l’autre, différent de moi. C’est ce désir de la relation qui me fait grandir, par le fait même qu’il m’oblige à sortir de moi. Oui, que l’Esprit Saint souffle dans nos curs, nos maisons, nos cités, qu’il souffle sur nos regards trop étriqués qui enferment, qu’il nous pousse à aller vers mon frère différent, étrange et étranger. Alors, la mort, le refus de la vie sera repoussé et le Royaume de Dieu sera manifesté dans une langue, une nation un peuple différent.
Ils furent tous remplis de l’Esprit Saint ; chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.
« Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d’un violent coup de vent : toute la maison où ils se tenaient en fut remplie. Ils virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d’eux. Alors ils furent tous remplis de l’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.»
(au Livre des Actes des Apôtres chap 2, 1-6)
Cette fois l’Esprit ne souffle pas sur les eaux (Genèse 1,2), il n’est pas non plus question de graver une loi sur une table de pierre(Moïse au Sinaï), mais l’Esprit de vie, comme un feu vient allumer tous les curs.
«Or, il y avait, séjournant à Jérusalem, des juifs fervents, issus de toutes les nations qui sont sous le ciel. Lorsque les gens entendirent le bruit, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient dans la stupéfaction parce que chacun d’eux les entendait parler sa propre langue.»
C’est extra-ordinaire : c’est l’anti-babel, ce temps où tous les hommes parlaient la même langue et voulaient construire une tour pour se faire comme Dieu. En fait, parler dans la même langue veut dire une confusion profonde, une uniformité qui aliène. C’est pourquoi Dieu a détruit Babel. Dieu ne créé pas de l’identique, mais toujours et sans cesse de l’unique.
Son projet d’amour pour l’homme est bien de nous élever, de nous attirer à Lui, mais pas par une tour, pas par un mode extérieur voué à disparaître, mais par l’intérieur de notre être, par notre cur, par ce qui en nous est le plus charnel : ce cur de pierre promis à devenir un cur de chair. Par son Esprit d’Amour, le Fils n’a de cesse de nous dire cet amour qu’Il veut pour tous les hommes. L’amitié, la paix, la joie, le pardon, l’accueil, la disponibilité … sont bien l’expression et le langage de l’amour, les dons de l’Esprit. C’est le langage universel compris par toutes langues, peuples et nations.
Pose-regard :
Esprit Saint, vient en nos coeurs ! Augmente en moi la foi, fais que je sois croyant ! Spécialement, dans l’Eucharistie : l’Eucharistie où nous faisons mémoire de la mort et de la Résurrection du Christ, est le mystère du salut pour tous les hommes, pour tous nos frères du ciel et de la terre. Je communie au Corps et au Sang de Jésus avec et pour tous ceux qui ne peuvent pas le recevoir, avec et pour tous ceux qui ne croient pas et qui n’espèrent pas. Cette communion est une action de grâce parce que je suis déjà sauvé, en Christ.
Telle est ma mission de croyant Vivre et annoncer autour de moi que Christ est Vivant et que la mort est vaincue, voilà ma mission : être un grain de sel pour cette terre.