« On notera, comme cela a déjà été expliqué en partie, que dans les colloques nous devons parler et demander suivant le point où nous en sommes, c’est-à-dire selon que je me sente tenté ou consolé, selon que je désire avoir telle ou telle vertu, selon que je veux disposer de moi pour tel ou tel parti, selon que je veux souffrir ou me réjouir de ce que je contemple, enfin en me demandant ce que je désire avec plus d’efficacité sur certains points particuliers. » (Saint Ignace de Loyola, Exercices spirituels)
Nous vous invitons à découvrir la prière de l’oraison selon la spiritualité ignatienne. Cette prière comporte plusieurs temps. Après s’être préparé à commencer la prière en faisant silence (1), être entré en prière et s’être représenté le cadre de la scène (2), cette semaine :
5) Demander une grâce : Les dons de Dieu sont gratuits et ne sont pas accessibles à nos seules forces… Il faut donc les lui demander, parce qu’il les donne à ceux qui les désirent…
Par exemple, demander de connaître Jésus ou l’amour de Dieu, de regretter ses péchés et d’avoir le désir de s’en convertir, d’entrer dans la douleur du Christ dans sa Passion ou dans sa joie d’être exaucé par le Père dans sa Résurrection, c’est faire acte de pauvreté spirituelle : nous avons tout à recevoir de la générosité du Seigneur.
La grâce habituelle à demander sera celle de la connaissance intime de Jésus. Mais de toute façon il s’agit toujours ici d’une grâce en rapport avec la croissance spirituelle (plutôt que d’un bienfait matériel ou de la solution de mon problème du moment !)
6) Faire colloque ou converser familièrement avec le Seigneur : La visée du colloque, en fin de prière, est de se mettre directement en rapport et en dialogue avec Dieu qui nous est présent, et parfois de goûter d’une manière renouvelée (fût-ce en différé) la grâce demandée au début de l’oraison… C’est donc l’essentiel de l’exercice de prière qui est ici mis en oeuvre, alors qu’elle arrive au terme du temps qu’on s’était fixé : prier, c’est s’entretenir avec Dieu, en lui parlant et en l’écoutant, “comme un ami parle à son ami”. Mais cet échange intime et personnel a très bien pu commencer dans le cours de l’exercice, voire dès le début, si la grâce est donnée de remercier, de demander l’aide de l’Esprit, de demander pardon, de louer, etc.
7) Être attentif au goût intérieur : C’est la seule chose importante qu’il faille retenir parmi tous ces conseils. Car ce ne sont que des conseils, surtout pas des directives ou des prescriptions !
S’arrêter à ce qui nous parle, nous touche, nous donne une lumière pour notre vie spirituelle ou notre vie tout court, etc., est essentiel : c’est cela qui va nourrir la foi, l’amour de Dieu, le désir de servir, etc. Il ne faut pas vouloir parcourir toute la matière proposée par celui qui accompagne ou prêche ou « donne des points », mais avoir assez de liberté intérieure pour se reposer là où l’Esprit nous fait signe et y rester le temps qu’il faut : que ce soit sur la prière préparatoire, qui peut alors durer toute l’heure, ou sur un mot, une image, une phrase qu’on a lu dans le passage proposé, ou sur le colloque où l’on viendra peut-être dès le début, etc Peu importe que celui qui nous a présenté la page à méditer en ait parlé ou pas : si c’est cela que je vois et qui m’aide, c’est là qu’il faut m’arrêter, c’est de cela que j’ai à m’entretenir avec le Seigneur.
A partir de l’Évangile de saint Jean (20, 19-23), méditons sur les visages de l’Esprit Saint. Je peux me disposer à l’Esprit si je considère l’un ou l’autre visage qu’en donne l’Écriture.
Une voix de fin silence
Elie est sur l’Horeb-Sinaï, dans une grotte (1 R 19, 9-13) : « Sors d’ici, tiens-toi devant Dieu… Et Dieu passa ». Pas dans un ouragan, pas dans un tremblement de terre, pas dans le feu ; dans une brise légère (“une voix de fin silence”) ; Elie se voila le visage. Ne pas réfléchir, ouvrir mes oreilles, considérer la foi d’Elie, me taire, désirer entendre.
Un coup de vent et une sorte de feu
Les apôtres, Marie, d’autres, sont réunis dans une salle (lecture de ce jour). « Soudain vint un violent coup de vent et une sorte de feu… Et ils furent tous remplis de l’Esprit-Saint
Et ils se mirent à parler… » Regarder Marie (ou un apôtre) ; que se passe-t-il en son âme qui ressemble au vent et au feu ? Elle parle ! quels mots sortent de sa bouche sous l’effet de ce feu ? Laisser l’Esprit m’inspirer de parler moi aussi.
Le souffle de Jésus
Dans la même salle, les disciples enfermés (Evangile de ce jour), comme Elie dans sa grotte du Sinaï. Jésus passe, montre ses plaies ; joie des disciples. Il répand sur eux son souffle : « Recevez l’Esprit-Saint ; je vous envoie ». L’Esprit-saint, souffle de Jésus, ne laisse pas en place ; il envoie. Vais-je sortir de la grotte, m’exposer à ce souffle ?
Voir ensuite :
4) Faire répétition et relire sa prière