Jésus leur dit : « Allez rapporter ce que vous entendez et voyez : les aveugles retrouvent la vue et les boiteux marchent droit, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres ; et heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi ! » (Matthieu 11, 4-6)
Qu’est-ce qu’une bonne nouvelle et qu’est-ce que La Bonne Nouvelle ?
A qui est-elle destinée ? Quels sont les obstacles pour la recevoir ?
Comment puis-je en vivre aujourd’hui ?
Une bonne et une mauvaise nouvelle !
« Que m’importe donc que vienne un autre jour, s’il doit finir comme la veille sans m’apporter rien de nouveau, ni de meilleur » Dietrich Bonhffer
« J’ai deux nouvelles à t’annoncer, une bonne et une mauvaise. … Bon, je commence par la bonne. » Voilà un début de conversation assez courante. Mais, qu’entendons-nous par bonne nouvelle ? L’annonce d’un mariage, d’une naissance, d’une promotion professionnelle, d’un engagement, l’accomplissement d’un projet que l’on porte depuis longtemps etc.
La liste est infinie, parce qu’il y a autant de bonnes nouvelles qu’il y a d’individus sur terre.
Souvent aussi, ma’ bonne nouvelle est bonne pour moi seul, ou limitée à une partie de mes proches. Elle ne le sera pas pour le quidam. Je ne la partagerai pas avec tous.
Je m’interroge : qu’est-ce qui a été bonne nouvelle pour moi ? Avec qui ai-je pu la partager ? Quelles en ont été les limites ?
Parfois, ma’ nouvelle oublie d’être bonne, par un tas de contraintes, de plus, elle est limitée dans le temps. La bonne nouvelle de mes cinq ans, n’est plus celle de mes dix ans, ni celle de mes vingt ans, et ne sera certainement pas celle de mes cinquante ans.
De ce fait, la bonne nouvelle, souvent attendue et espérée, est phagocytée par toutes les épreuves inhérentes à l’existence.
Existe-t-il une’ bonne nouvelle qui ne passera pas (Luc 21, 33) ?
Existe-t-il une’ bonne nouvelle que je pourrais partager avec tous, c’est à dire universelle ?
Une mauvaise et une bonne nouvelle !
« Je voudrais voir le changement des temps se faire, marqué au ciel nocturne de signes clairs et de cloches nouvelles. » Dietrich Bonhffer
« Nous avons une mauvaise nouvelle à t’annoncer ! » Telle pourrait être le début de la conversation entre les deux disciples d’Emmaüs et l’homme qu’ils croisent sur leur chemin, et qu’ils n’ont pas (encore) reconnu.
« Ils s’arrêtèrent, l’air sombre. L’un deux, nommé Cléophas répondit : « Tu es bien le seul à séjourner à Jérusalem, qui n’ait pas appris ce qui s’est passé ces jours-ci ! […] ce qui concerne Jésus de Nazareth, qui fut un prophète puissant en action et en parole, devant Dieu et devant tout le peuple. Comment nos grands prêtres et nos chefs l’ont livré, pour être condamné à mort, et l’ont crucifié. Et nous qui espérions qu’il était celui qui allait délivrer Israël ! » (Lc 24, 18-20).
Voilà une série de mauvaises nouvelles que portent les disciples d’Emmaüs (arrestation, condamnation, mise à mort de leur ami, et amer constat qu’ils se sont leurrés). Pourtant, au plus noir de l’histoire de leur communauté, de leur histoire personnelle, va éclater une espérance qu’aucune époque, aucun homme n’avait encore connue.
Qu’est-ce qui est incroyance ou désespérance en moi ? Qu’est-ce qui m’empêche de reconnaître Jésus ?
« Alors leurs yeux furent ouverts et ils le reconnurent. […] A l’instant même, ils partirent et retournèrent à Jérusalem. […] C’est bien vrai ! Le Seigneur est ressuscité ! » (Lc 24,31, 33, 34). Voici la bonne nouvelle !
La seule et unique bonne nouvelle : celle qui a irrémédiablement changé l’existence des deux disciples d’Emmaüs, celle de ceux auxquels le Seigneur est apparu, et, jusqu’à nos jours, celle d’hommes devenus chrétiens.
La bonne nouvelle est venue chercher même ceux qui étaient morts. « Jésus a été enseveli, est descendu aux Enfers» (Credo). L’icône appelée « Anastasis » ou « Descente aux limbes », nous montre Jésus arrachant des tombeaux, Adam et Ève, et la multitude des défunts.
Une bonne nouvelle à partager par tous, du plus petit au plus grand, qui est une victoire absolue sur la mort. Une bonne nouvelle, qui relève toute la condition humaine de l’enfermement du mal et de la souffrance.
Enfin, une bonne nouvelle qui englobe, de sa lumière inaltérable, toutes les « mauvaises » nouvelles, qu’elle transfigure. Simone Weil, dans la connaissance surnaturelle, écrit en se référant au mystère pascal : « La douleur est le contraire de la joie, mais la joie n’est pas le contraire de la douleur. Elle est la joie qui plane au-dessus de la douleur et l’achève. »
Comment ai-je connu, appris, compris la Bonne Nouvelle de Jésus Christ ? Est-elle un élan dans ma vie ? Est-elle l’élan de ma vie ?
La Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu
« Je vis un ange qui volait au zénith. Il avait un Évangile éternel à proclamer à ceux qui résident sur la terre : à toute nation, tribu, langue et peuple » Ap 14 ,6
Le mot “Évangile” est la traduction littérale du mot grec “euaggelos” qui signifie parole heureuse ou bonne nouvelle.
Avant Jésus Christ, la bonne nouvelle désignait communément un événement choc surgissant dans l’histoire des hommes et modifiant leur destinée. Ainsi pour les Grecs, la proclamation d’une victoire ou l’intronisation d’un roi était un évangile. Pour les Romains, les hauts faits du règne de l’empereur, étaient appelés évangile. Chez les juifs, cette appellation indiquait la manifestation du roi messianique celui qui apporterait le salut et la délivrance à son peuple. L’emploi profane d’annoncer une victoire est passée au sens religieux de sauver le peuple.
Pour nous, chrétiens du XXIe siècle, La Bonne Nouvelle a pris corps dans l’humanité à partir de Jésus. De son vivant, il annonce à ses contemporains juifs : « Les temps sont accomplis, le règne de Dieu est proche » (Marc 1, 15). Vérité d’autant plus bouleversante après sa mort et résurrection : « Si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est illusoire. » (1Corinthiens 15, 18). Le Jésus de l’Histoire et le Christ de la Foi sont le même Évangile.
Nous comprenons par Bonne Nouvelle, l’intervention décisive de Dieu dans notre histoire, mais elle est aussi une invitation à croire en vérité. « Croyez à l’Évangile ! » (Marc 1,15). C’est même une exhortation impérative : Jésus ne nous dit pas, voilà la Bonne Nouvelle et faites-en ce que vous en voulez. Dieu attend notre réponse, notre engagement, notre adhésion personnelle.
La foi chrétienne n’est pas seulement un patrimoine commun, ou un héritage que nous recevrions passivement ou à notre insu. Jésus attend de moi une confession personnelle : « Que dis-tu que je suis ? » (Marc 8, 27). Pour que la Bonne nouvelle entre dans ma vie, elle doit passer par mon cur : « si je n’ai pas l’amour, je n’ai rien. » 1Corithiens 13.
Comment redis-je, chaque jour, le oui’ de mon baptême ? Comment je le vis concrètement ? Qu’est-ce qui est appelé à être converti en moi ?
La Bonne Nouvelle est aussi la proclamation, d’abord orale, qui en est faite au monde. « Allez par le monde entier, proclamez l’Évangile à toutes créatures. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé. » (Marc 16, 15-16). Responsabilité que Jésus assume pleinement. Quand les foules essaient de le retenir, il leur dit : « Aux autres villes aussi, je dois annoncer la Bonne Nouvelle du règne de dieu, car j’ai été envoyé pour cela. » Luc 4, 43.
Et moi, aujourd’hui, est-ce que j’assume, je remplis cette mission d’annonce ? Puis-je le faire par une parole explicite ou par le témoignage de ma vie ? Puis-je aimer Jésus et me taire ?
La lecture de l’Évangile est une parole neuve, un vent fort qui vient balayer mes à priori et nourrir mon quotidien. Elle n’est pas là, ni pour me combler, ni pour me rassurer, comme les propositions de notre monde bien plein. « Voici que je rends toutes choses nouvelles ! » (Apocalypse 21, 5).
Est-ce que j’accepte d’être dérangé, d’être en porte-à-faux, d’être secoué, d’être exposé ? Puis-je avoir chaque jour, une journée nouvelle ?
Seigneur Jésus, ma bonne nouvelle,
Éveille mon âme à la nouveauté de ton jour
Car en toi,
Sont tous mes printemps.