« Viens, Seigneur Jésus ! » Pendant l’Avent, je te propose de reprendre cette prière en laissant jaillir ton vrai désir, en entrant dans le temps de l’attente.
Exprimer à Dieu mon désir : « tout mon désir est devant Toi »
« Que veux-tu que je fasse pour toi ? » (Luc 18, 41)
Voilà la question que Jésus adresse à un aveugle, mendiant au bord du chemin.
Voilà la question que Jésus adresse à chacun d’entre nous, pendant cet Avent.
Jésus nous demande :
« Que veux-tu, de moi ? Quel est le désir qui t’habite, la soif qui te tient ? »
A cette question, nous répondons parfois, bien sagement :
« Ce que tu veux, Seigneur ! »
Mais Jésus ne s’en contente pas. Il veut nous entendre. Il nous questionne, personnellement : « Toi, quel est ton désir ? »
Laisses-toi habiter, pendant cet Avent, par cette question que te pose Jésus, par ce désir qui est le sien d’entendre ta soif, ce que tu veux vraiment.
Alors tu pourras dire, avec le psalmiste :
« Tout mon désir est devant Toi » (Psaume 37, 10)
* Visiter mes désirs
Une foule de désirs m’habite, parfois en sens contraire. Je voudrais ceci, mais pas vraiment. Je voudrais cela, mais j’en ai peur. Je voudrais beaucoup de choses à la fois, cette chose-là, et celle-ci et cette autre encore
Et puis, j’ai des besoins, précis.
Il y a de la confusion dans mes désirs
Il y a des désirs vrais et des désirs faux, des désirs vite rassasiés et d’autres qui ne cessent pas de me tenir en haleine.
Je fais l’expérience qu’il y a des choses auxquelles je tiens, plus que tout, que j’attends avec force.
Et, de nouveau, la question me revient, un peu plus pressante :
« Quel est le désir qui te fait vivre ? »
Il me faut descendre un peu plus profond, dans mon cur.
Me mettre à l’écoute de ce désir qui habite mon cur, en profondeur, en secret.
Je fais l’expérience qu’il y a un cri, une attente qui m’habite, au milieu de tous ces désirs.
Je fais l’expérience que dans ce cri, c’est Dieu que j’attends.
* Le Seigneur me donne aujourd’hui la parole. Il m’attend.
Je peux lui exprimer, dans la confiance, ce désir qui m’habite,
lui exprimer ma demande, pour appeler sa réponse.
Pourrai-je entendre sa réponse si je ne lui exprime pas ma soif,
si je ne le laisse pas me visiter dans mes désirs ?
Alors, oui, je peux reprendre ces mots des Psaumes :
« Vois, Seigneur, tout mon désir est devant Toi ». (Psaume 37, 10)
« Me voici devant Toi comme une terre assoiffée ». (Psaume 142, 6)
Impatience du désir, patience de l’attente
Pendant cet Avent, un temps m’est donné pour durer dans l’attente.
Durer dans l’attente, cela me conduit
à réveiller l’impatience de mon désir,
à entrer dans la patience de l’attente.
* Impatience de mon désir
« Reviens, Seigneur, pourquoi tarder ? » (Psaume 91, 13)
Il y a une belle impatience dans le désir que je peux exprimer devant Dieu.
Oui, il me tarde qu’il réponde.
Quand l’Eglise demande, dans ce temps de l’Avent :
« Viens ! Seigneur, Jésus ! »,
son désir n’est pas neutre, et comme lointain.
Sa prière se fait instante, insistante, impatiente.
Comme l’Eglise, et comme le psalmiste,
ma prière, pendant cet Avent, est appelée à se réveiller.
Est-ce que je peux, durant ce temps qui m’est offert,
laisser mon désir de Dieu
se réveiller dans l’impatience, appeler vraiment,
sortir de sa morosité ?
Le monde, aussi, qui m’entoure,
l’attente de ceux que je peux rencontrer,
appellent en moi cette impatience qui habite l’Avent.
Est-ce que je peux faire miens ces mots du prophète Isaïe :
« Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais, Seigneur ! » (Isaïe 63, 17) ?
* Patience de l’attente
Le temps de l’Avent,
c’est aussi le temps de durer dans la patience,
de veiller dans l’attente,
dans la constance et dans la paix.
« Je vais me tenir à mon poste de garde,
Je guetterai ce que dira le Seigneur » (Habacuc 2, 1)
La réponse du Seigneur n’est pas immédiate.
Elle vient, mais à son heure, et pour celui qui la guette.
Elle me fait entrer dans ce temps du désir,
elle m’invite à la confiance,
sûr d’une réponse,
qui dépassera sans doute encore mon attente.
« Prenez courage, ne craignez pas ! Voici votre Dieu ! » (Isaïe 35, 4 )
« Ayez de la patience, vous aussi et soyez fermes,
car la venue du Seigneur est proche » (Jacques 5, 8)
Est-ce que je peux, moi aussi,
m’associer à cette attente de toute l’Eglise et du monde,
adopter l’attitude des veilleurs,
entre patience et impatience,
éveil du désir et fermeté de la confiance ?
Est-ce que je peux, pendant cet avent,
m’attendre un peu plus à l’inouï de Dieu ?
Ton désir, c’est ta prière (St Augustin)
« Tout mon désir est devant toi ».
Non pas devant les hommes, qui ne peuvent pas voir le cur,
mais devant toi est exposé tout mon désir.
Que ton désir soit devant le Père ; lui qui voit l’invisible, te le revaudra.
Car ton désir, c’est ta prière.
Si ton désir est continuel, ta prière est continuelle.
Ce n’est pas pour rien que l’Apôtre a dit : « Priez sans cesse ».
Peut-il le dire parce que, sans relâche, nous fléchissons le genou,
nous prosternons notre corps, ou nous élevons les mains ?
Si c’est uniquement cela que nous appelons prier,
je ne vois guère que nous puissions le faire sans cesse.
Il y a une autre prière, intérieure, qui est sans relâche :
c’est le désir.
Que tu te livres à n’importe quelle autre occupation,
si tu désires le sabbat éternel, tu ne cesses pas de prier.
Si tu ne veux pas cesser de prier,
ne cesse pas non plus de désirer.
Ton désir est continuel ? Alors ton cri est continuel.
Tu ne te tairas que si tu cesses d’aimer.
La charité qui se refroidit, c’est le cur qui se tait ;
la charité qui brûle, c’est le cur qui crie.
Si la charité demeure sans cesse,
sans cesse aussi tu cries ;
si tu cries sans cesse,
sans cesse aussi tu désires.
« Et mon cri ne t’échappe pas ».
S’il y a désir, il y a cri ;
il ne parvient pas toujours aux oreilles des hommes,
mais il ne cesse jamais de frapper les oreilles de Dieu.