Le mariage constitue pour la plupart des chrétiens un état qui permet de vivre profondément sa vocation d’enfant de Dieu. Se marier est en effet une étape décisive, signe d’engagement avec Dieu et avec les hommes, tout comme l’état religieux. Mais plus encore qu’une alliance, il est un appel à vivre et à grandir à deux, dans l’amour et la fidélité. Ce qui serait une traversée de l’impossible aujourd’hui, sans la grâce de Dieu.
Nous te proposons pour considérer dans ton coeur cette vocation trois éclairages…
Dieu dit
Genèse 1, 26 28
Au commencement, Dieu dit : « faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. Qu’il soit le maître des poissons de la mer, des oiseaux, du ciel, des bestiaux, de toutes les bestioles qui vont et viennent sur la terre ». Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu Il le créa. Il les créa homme et femme.
Dieu les bénit et leur dit : « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. Soyez les maîtres des poissons de la mer, des oiseaux du ciel et de tous les animaux qui vont et viennent sur la terre ». Et Dieu vit que ce qu’Il avait fait : c’était très bon.
Commentaires
A l’image de Dieu
En nous révélant que l’humanité est créée à l’image de Dieu et destinée à sa ressemblance, le récit de la Genèse nous apprend que nous ne sommes pas seulement des animaux doués de raison. Nous portons en nous quelque chose de divin. Par leur travail, l’homme et la femme achève la création que Dieu leur confie. Par leur amour qui est don, l’homme et la femme transmettent la vie. En se mariant à l’Eglise, ceux qui s’aiment viennent recevoir de Dieu la sacralisation de leur amour ; bien plus, ils savent que c’est Dieu qui se manifeste au monde dans leur amour !
Prions avec le Psaume 8, louange à Dieu créateur, merveille de son amour qui m’a fait homme ou femme.
O Seigneur, notre Dieu,
Qu’il est grand ton amour
Par toute le terre !
A voir ton ciel, ouvrage de tes doigts,
la lune et les étoiles que Tu fixas,
qu’est-ce que l’homme pour que Tu penses à lui,
le fils d’un homme, que tu en prennes souci ?
Tu l’as voulu un peu moindre qu’un dieu,
le couronnant de gloire et d’honneur ;
Tu l’établis sur les uvres de tes mains,
Tu mets toute chose à ses pieds :
les troupeaux de bufs et de brebis,
et même les bêtes sauvages,
les oiseaux du ciel et les poissons de la mer,
tout ce qui va son chemin dans les eaux
Je me donne
Jean 15, 9-16
A l’heure où Jésus passait de ce monde à Son Père. Il disait à ses disciples : « Comme le Père m’a aimé moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous êtes fidèles à mes commandements, vous demeurerez dans mon amour. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que vous soyez comblés de joie. Mon commandement, le voici : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ignore ce que veut faire le maître ; maintenant, je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis établis afin que vous partiez, que vous donniez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom. Il vous l’accordera ».
Commentaires
La vérité du don
Si je donne un stylo à mon voisin, il ne m’appartient plus. Si je le donne, je ne garde pas le capuchon. Voilà la vérité du don : il est entier et sans retour. Ce qui est vrai d’un objet l’est encore plus des personnes. Jésus nous l’a enseigné, Lui qui a tout donné, y compris son intimité avec son Père. Il continue de se donner à nous : dans une eucharistie, Il nous offre son corps et son sang en nourriture. Corps et sang, cela veut dire toute la personne. « Je me donne » : cela signifie que je donne, mon corps – dans sa masculinité ou sa féminité – , mon cur et mon âme, que je m’ouvre à lui et lui donne le droit de me connaître.
La plénitude se trouve dans la joie du don à l’autre. C’est pourquoi l’inverse de la joie n’est pas la tristesse mais le repliement sur soi. Voilà ce que Jésus veut nous faire comprendre. Sans le don , la plénitude ne peut être parfaite, il lui manquera toujours quelque chose.
Nous pouvons prier avec les mots de Saint François d’Assise qui s’est donné à Dieu et à ses frères toute sa vie en plénitude
Là où est la haine, que je porte l’amour.
Là où est l’offensive, que je porte le pardon.
Là où est la discorde, que je porte l’union.
Là où est l’erreur, que je porte la vérité.
Là où est le désespoir, que je porte l’espérance.
Là où sont les ténèbres, que je porte la lumière.
Là où est la tristesse, que je porte la joie
Seigneur,
Que je ne cherche pas tant à être consolé qu’à consoler,
à être compris qu’à comprendre,
à être aimé qu’aimer.
Car c’est en donnant qu’on reçoit,
c’est en s’oubliant qu’on trouve,
c’est en pardonnant qu’on est pardonnée,
c’est en mourrant qu’on ressuscite à la vie éternelle
Librement, sans contrainte
Marc 10, 1-9
En partant de là Jésus arrive en Judée et en Transjordanie. De nouveau, la foule s’assemble près de Lui, et de nouveau, Il les instruisait comme d’habitude. Des pharisiens L’abordèrent et pour Le mettre à l’épreuve, ils Lui demandaient : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? » Jésus dit : « Que vous a prescrit Moïse ? ». Ils Lui répondirent : « Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation ». Jésus répliqua : « C’est en raison de votre endurcissement qu’il a formulé cette loi. Mais, au commencement de la création, il les fit homme et femme. A cause de cela l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et tous ne feront plus qu’un. Ainsi, ils ne sont plus que deux, mais ils ne font qu’un. Donc ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! ».
Commentaires
Sans contrainte
La capacité à se donner est le signe de la maturité humaine et spirituelle d’une personne. Lorsqu’un enfant a acquis cette capacité, son éducation trouve son accomplissement au-delà des erreurs qui ont pu être commises ou encore des manques d’amour.
Le don de soi est un acte conscient volontaire, donc libre. C’est pourquoi quitter ses parents, sa famille, pour se donner à une autre personne est un acte d’adulte. Quitter ses parents, c’est autre chose que les fuir. Dans le premier cas, l’enfant exerce sa pleine liberté de choix et manifeste sa responsabilité. Dans le second, il agit en fait par contrainte. Me réconcilier avec ma famille ou pardonner à mes parents peut être à cet égard extrêmement précieux pour ma liberté et la validité de mon engagement.
Ma liberté face à l’autre
Si je considère ma liberté individuelle comme le bien le plus important, alors ma relation aux autres est piégée. J’en viens à faire de l’autre mon esclave. S’il se dresse devant moi, il devient un obstacle. Je n’ai alors d’autre choix que d’établir une barrière policière : « Ma liberté commence là où s’arrête celle des autres ». Voilà une idée qui est généralement admise
Pire, l’autre peut devenir une menace et alors je l’exclus. Les exemples ne manquent pas (racisme, avortement, etc.).
Liberté et mariage ne feraient donc pas si bon ménage que cela ! Comment concilier amour et liberté ? Il y a forcément matière à révision dans notre définition spontanée de la liberté. Réfléchissons : qui me donne la liberté d’être époux sinon mon épouse ? D’être parent sinon mes enfants ? Lorsque j’aime, l’autre n’est pas un obstacle à ma liberté et à mon épanouissement. Il est au contraire celui qui les fait grandir.
La Quatrième oraison du mariage (rituel du mariage n°18)
Seigneur notre Dieu, puisqu’en créant l’homme et la femme Tu as voulu qu’ils ne fassent plus qu’un, attache l’un à l’autre par un amour sans partage ceux qui vont maintenant se marier :
Donne-leur de s’aimer sans aucun égoïsme, pour qu’ils soient au milieu de nous un signe de ton amour.
Par Jésus Christ.