Pour le 9 août, fête de sainte Thérèse Bénédicte de La Croix, nous vous proposons de méditer avec elle sur l’eucharistie.
Le corps mystique du Christ : Un avec Dieu
Nous ignorons où l’Enfant divin veut nous conduire sur cette terre, et nous n’avons pas à le demander avec le temps. Tout ce que nous savons, c’est que pour ceux qui aiment le Seigneur, toute chose aboutit au bien, et que les chemins tracés par le Seigneur mènent au-delà de cette terre. En prenant un corps, le Créateur du genre humain nous offre sa divinité. Dieu s’est fait homme pour que les hommes puissent devenir fils de Dieu. Ô admirable échange ! C’est pour cette œuvre que le Sauveur est venu dans le monde. L’un d’entre nous avait rompu le lien de notre filiation à Dieu, l’un d’entre nous devait le renouer et expier la faute. Aucun rejeton de la vieille souche, malade et abâtardie, n’aurait pu le faire. Il fallait que sur ce tronc fût greffé un plant nouveau, sain et noble. Il est ainsi devenu l’un de nous et en même temps plus que cela : un avec nous. C’est bien là ce qu’il y a de merveilleux dans le genre humain : que nous soyons tous un. S’il en était autrement, si nous nous tenions les uns à côté des autres comme autant d’individus autonomes et séparés, libres et indépendants, la chute de l’un n’aurait pas entraîné la chute de tous. Il eût été possible que le prix de l’expiation fût payé pour nous d’une autre façon et qu’il nous fût compté ; mais sa justice n’aurait pu être imputée aux pécheurs et aucune justification n’aurait été possible. Or, il est venu pour former avec nous un corps mystérieux : Lui, le Chef, et nous ses membres. Si nous acceptons de mettre nos mains dans celles de l’Enfant divin, si nous répondons « oui » à son suis-moi, alors nous sommes siens, et la voie est libre pour que passe en nous la vie divine.
Tel est le commencement de la vie éternelle en nous. Ce n’est pas encore la vision béatifique dans la lumière de gloire, c’est encore l’obscurité de ce monde -c’est être déjà dans le Royaume de Dieu. Lorsque la Vierge prononça son fiat, le Royaume de Dieu commença sur terre, et elle en fut la première servante. Tous ceux qui, avant ou après la naissance de l’Enfant, se réclamèrent de lui en paroles et en actes, Joseph, Elisabeth, et son enfant, et ceux qui se tinrent autour de la crèche, entrèrent eux aussi dans le royaume de Dieu.
Le règne du Roi divin diffère de ce que les Psaumes et les prophètes laissaient entendre. Les Romains restaient maîtres du pays, et les grands prêtres et les scribes continuaient à tenir le pauvre peuple sous le joug. Et pourtant, tout homme qui appartenait au Seigneur portait en lui, invisible, le Royaume des cieux. Son fardeau terrestre ne lui était pas enlevé pour autant, bien plutôt alourdi -mais il y avait en lui un élan et une force qui rendaient doux le joug et léger le fardeau.
Il en va toujours ainsi. La vie divine allumée dans l’âme et cette même Lumière venue dans les ténèbres, ce miracle de la nuit sainte. Et qui la porte en lui la reconnaît quand on l’évoque. Pour les autres, tout ce qu’on peut en dire n’est qu’un incompréhensible balbutiement. Tout l’Evangile de Jean n’est qu’un balbutiement sur la Lumière éternelle qui est Amour et Vie.
Dieu en nous et nous en Lui : voilà notre part au Royaume de Dieu, dont l’Incarnation a posé le fondement.