Pierre Corneille traduisit en 1665 une longue prière à la Mère de Dieu, toujours d’actualité, spécialement pour fêter l’Assomption de « l’Incomparable Vierge, étoile de la mer ».
En toi toutes les prophéties
Qui de toi ont jamais parlé,
Font voir ce que leur ombre a si longtemps voilé :
Les énigmes de l’Ecriture,
Dont s’enveloppe ta figure,
Ont perdu leur obscurité,
Et ce que t’annoncent les Anges,
Ce qu’ils te donnent de louanges
Est rempli par la vérité. (…)
Cette adorable chair qu’il forma tienne,
Ce sang qu’il tira de ton sang,
Quelque haut rang au ciel que l’un et l’autre tienne,
T’ont cru devoir le même rang :
Comme sans cesse il considère
Qu’il prit et l’un et l’autre en ton pudique flanc,
Sans cesse il te chérit, sans cesse il te révère,
Et comme il est ton fils aussi bien que ton Dieu,
L’amour et le respect qu’il garde au nom de Mère
Ne t’auraient pu jamais souffrir en plus bas lieu. (…)
Ce Fils t’élève ainsi vers toute créature,
Te fait ainsi jouir de la société
De cette immense Trinité
Qui donne à tes vertus un pouvoir sans mesure.
Fais-nous-en quelque part pour monter jusqu’à toi,
Donne-nous cet amour, cet espoir, cette foi,
Qui doivent y servir d’échelle,
Et d’un séjour si dangereux
Tire-nous à celui de la gloire éternelle
Qui fait le prix des bienheureux.