Abraham signifie le père des peuples. S’étant mis en route à l’appel de Dieu, il est le modèle du croyant en un Dieu unique. Reconnu comme tel par les juifs, les chrétiens et les musulmans, tous de la lignée d’Abraham, ils forment cette descendance « aussi nombreuse que le sable de la mer » (Genèse 32,13).
La descendance d’Abraham
Abraham serait né vers 2100 avant J.C, époque de la civilisation sumérienne, en Mésopotamie. Sa vie connue commence à l’appel de Dieu, lorsqu’il a 75 ans. Il quitte alors Harân et vit dix ans en Canaan, avant de prendre Agar, sa servante, comme concubine, sa femme ne pouvant pas avoir d’enfants ; il était âgé de 86 ans lorsque Agar lui enfanta Ismaël. Abraham est centenaire à la naissance d’Isaac, le fils légitime promis par Dieu ; Sara avait seulement dix ans de moins et serait morte à 127 ans. Abraham décède à 175 ans ! Puisque Isaac avait 60 ans à la naissance d’Esaü et de Jacob, Abraham aurait quand même connu ses petits-fils pendant une quinzaine d’années, comme un grand-père moderne !
La foi d’Abraham change radicalement avec les croyances dites primitives : fétichisme, animisme, totémisme. Abraham croyait en un seul Dieu tout-puissant, l’éternel, le Très-Haut, Seigneur et Créateur du ciel et de la terre, maître réel et légitime de toute création, juste Juge, administrateur du monde.
Au tympan de l’église de Conques (Aveyron), Abraham est au centre de la Jérusalem céleste. Il entoure de ses bras deux élus portant le sceptre fleuri. Ces deux enfants évoquent ainsi Ismaël, fils d’Agar sa servante, et Isaac, fils de sa femme Sara. Il est à l’opposé de Lucifer qui trône de l’autre côté, au milieu du désordre et du chaos.
Saint Paul aux Galates (4,23)
Il est écrit qu’Abraham eut deux fils, l’un d’une esclave, Agar, et l’autre d’une femme née libre, Sara. Le fils qu’il eut de la première naquit conformément à l’ordre naturel, mais le fils qu’il eut de la seconde naquit conformément à la promesse de Dieu. Ce récit comporte un sens plus profond : les deux femmes représentent deux alliances. L’une de ces alliances, représentée par Agar, est celle du mont Sinaï; elle donne naissance à des esclaves. Agar, c’est le mont Sinaï en Arabie; elle correspond à l’actuelle ville de Jérusalem, qui est esclave avec tous les siens. Mais la Jérusalem céleste est libre et c’est elle notre mère. En effet, l’Écriture déclare : “Réjouis-toi, femme qui n’avais pas d’enfant ! Pousse des cris de joie, toi qui n’as pas connu les douleurs de l’accouchement ! Car la femme abandonnée aura plus d’enfants que la femme aimée par son mari.” Quant à vous, frères, vous êtes des enfants nés conformément à la promesse de Dieu, tout comme Isaac. Autrefois, le fils né conformément à l’ordre naturel persécutait celui qui était né selon l’Esprit de Dieu, et il en va de même maintenant. Mais que déclare l’Écriture ? Ceci : “Chasse cette esclave et son fils; car le fils de l’esclave ne doit pas avoir part à l’héritage paternel avec le fils de la femme née libre.” Ainsi, frères, nous ne sommes pas enfants de celle qui est esclave, mais de celle qui est libre.
Seigneur, par Abraham, nous sommes membres d’une immense communauté de croyants, ceux qui se reconnaissent les fils d’un Dieu unique, d’un Dieu Père, d’un Dieu Amour. Donnes-nous à tous le courage et la force de vivre ensemble cette fraternité de cur, la seule capable d’engendrer une paix durable dans ce monde.
De l’ancienne à la nouvelle alliance
De l’Ancienne
Abraham était à l’écoute de la volonté de Dieu, il se laissait guider par sa foi. Abraham fut reconnu par Dieu comme juste. En signe de reconnaissance, Dieu lui promet une descendance infinie, comme le nombre d’étoiles dans le ciel ou le nombre de grains de sable sur la plage, malgré son âge avancé. Dieu établit avec tous ces héritiers de sang une Alliance ; ils deviennent son peuple, ils suivent sa loi.
à la Nouvelle Alliance
Dieu nous a donné son Fils Jésus, pour nous rendre témoin que la vie est plus forte que la mort. Il envoie ses disciples dans le monde entier pour proclamer la Bonne Nouvelle du Ressuscité, Dieu nous appelle chacun personnellement à vivre son message d’amour et de paix. Tous nous pouvons répondre à cet appel et recevoir alors la grâce d’être héritier de l’ancienne alliance par la foi. Nous devenons ainsi tous fils d’Abraham.
Aujourd’hui encore, tous associés au projet de Dieu
L’avenir de Sodome est en cause : Dieu révèle à Abraham son projet de supprimer la ville (Genèse 18,17). Leur alliance va ainsi très loin, puisqu’elle fait d’Abraham un interlocuteur privilégié, un partenaire de confiance. Cette alliance est conclue non seulement avec Abraham mais aussi avec sa descendance (Galates 3,16), donc avec nous tous aujourd’hui.
- Alors, ai-je conscience que cette alliance, me rend aujourd’hui complice du projet de Dieu ? Laissé libre, suis-je prêt à y prendre une part active ?
Puis le dialogue s’instaure entre Dieu et Abraham. Non seulement Dieu l’accepte, se montre réceptif à son plaidoyer, mais en plus, il infléchit sa sentence. Il révèle ainsi à Abraham la grandeur de sa miséricorde.
- Est-ce que moi aussi j’ose dialoguer avec Dieu ? Ai-je découvert dans ce dialogue la plénitude de son pardon, cet amour infini qui se révèle pleinement dans cet échange?
Abraham intercède avec persévérance pour la ville de Sodome.
- Et moi, ai-je la même ténacité dans mon dialogue avec Dieu ?
Bien qu’à l’abri, Abraham plaide la cause de la ville au nom des justes qui sans doute s’y trouvent.
- Quel regard ai-je sur les autres, suis-je prêt à prendre leur défense ?
- Est-ce que je suis prêt au nom de ce qui est juste en chacun à pardonner ce qui l’est moins ?
- Est-ce que je mesure combien je peux être associé au projet rédempteur de Dieu ?
Va, quitte ton pays
Le Seigneur s’adresse à Abraham : «Va, quitte ton pays» (Genèse 12), et Abraham se met en route, à 75 ans. Toute sa vie, qui dure encore 100 ans, est nomade, comme un pèlerinage sur la terre. Il établit un campement là ou le Seigneur le lui indique, et à chaque fois, nous dit la Genèse, il établit un autel pour Yahvé et invoque son nom’.
Les épreuves ne lui sont pas épargnées, jusqu’à celle de donner son Fils en sacrifice, mais la foi ne quitte pas Abraham, malgré les combats. Il met sa Confiance dans le Seigneur, dans la Promesse qui lui a été faite.
- Et moi, suis-je capable de me tenir à l’écoute de Dieu, et de faire Sa Volonté ?
- Est-ce que je sais quitter mon pays, mes certitudes, mon confort matériel, pour aller vers d’autres rivages?
- Est-ce que je sais quitter les personnes que je connais pour aller à la rencontre de l’étranger, celui qui est peut-être à ma porte ?
- J’ai peut-être déjà vécu, ou je suis en train de vivre une période de combat, de sécheresse, de désert, d’épreuve. La promesse que Dieu me fait aujourd’hui est une promesse de Bonheur, en abondance. Est-ce que je fais confiance à cette promesse ? Est-ce que je peux aussi dire au Seigneur que je suis ébranlé(e) dans ma confiance par ces difficultés ?
- Les épreuves poussent Abraham à aller toujours plus loin, à quitter son pays. En ai-je fait l’expérience ?