Converti dans son adolescence, d’un tempérament fougueux et optimiste, Carlo Carretto se consacra au service de Dieu en Italie à travers une action passionnée, parfois fiévreuse, jusqu’au moment où l’appel du Christ le conduisit au désert sur les traces du Père de Foucauld.
Converti dans son adolescence, d’un tempérament fougueux et optimiste, Carlo Carretto se consacra au service de Dieu en Italie à travers une action passionnée, parfois fiévreuse, jusqu’au moment où l’appel du Christ le conduisit au désert sur les traces du Père de Foucauld. Dans le sillage de ce dernier, il fonde en 1956 « les Petits Frères de l’Evangile » qui vivent dans le même esprit mais prennent en charge des activités sociales organisées.
Au cours d’un voyage particulièrement pénible, Carlo Carretto est recueilli par les hommes d’un village sous-développé, obligés de creuser avec des pelles et des pioches un canal incertain appelé “fogara” pour recueillir l’eau dont le sable est imbibé et la conduire dans de petits champs. Il participe à leur travail au prix d’une fatigue extrême, à laquelle son corps n’était pas préparé – beaucoup moins que celui des sahariens. Au bout d’une semaine, il doit les quitter pour retourner à Tamanrasset : « Je sentais que je n’allais pas pouvoir résister plus longtemps à cette fatigue et à cette indigence. J’étais plus pauvre en cela que les pauvres, car je ne pouvais supporter ce qu’eux supportaient depuis toujours. »
« Or j’aurais pu, dit-il, « écrire une lettre en Italie à un bon nombre de mes amis. Ils m’enverraient aussitôt un bulldozer pour creuser la tranchée en quelques jours ; ils m’expédieraient d’urgence de grosses canalisations de ciment pour rendre la galerie stable et plus sûre et empêcher ainsi qu’elle ne s’écroule dès que l’oued serait en crue…
Comment justifier mon inactivité ou tout au moins mon activité si peu intelligente ? »
A travers cette question, Carlo Carretto entrevoit le scandale beaucoup plus important de la vie de Jésus tel qu’Il se présente dans l’Evangile.
« Jésus, lorsqu’il est venu sur cette terre, Lui l’Amour ne pouvait-il pas guérir tous les malades, rassasier tous les pauvres, guérir toutes les plaies, ressusciter tous les morts ?
Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? » Au nom même de la vérité de l’Incarnation : « Il s’est anéanti pour nous. »
Carlo Carretto refuse d’utiliser son pouvoir d’occidental pour rénover la situation économique des hommes de Taïphet un peu comme Jésus a refusé d’utiliser en plénitude son pouvoir de guérir ou de multiplier les pains.
Carlo Carretto avoue qu’il repart à Tamanrasset parce qu’il ne peut plus continuer à mener la vie des pauvres de Taïphet : « J’avais besoin de prière. J’avais soif de me trouver dans mon ermitage où Jésus était exposé jour et nuit pour m’épancher près de lui, Le supplier, me perdre en Lui. Je voulais surtout Lui demander de me rendre plus petit, plus vide, plus transparent. Et de me rendre capable de retourner à Taïphet. »
Carlo Carretto voudrait apporter aux plus déshérités l’intimité divine. Pour cela, il se fait le dernier, le serviteur. Que la route soit obscure ou éclairée, pénible ou facile, il marche avec confiance, il se laisse conduire par le Christ. Et la prière prend une grande place dans sa vie. C’est sa nourriture quotidienne. Il contemple le Seigneur de miséricorde et attend sa vie de Lui.
La prière de Carlo Carretto revêt essentiellement deux attitudes :
S’abandonner, immobile devant Dieu
Tiens-toi devant Dieu comme un pauvre
Car tu l’es !
Tout ce dont tu disposes
C’est de Lui que tu le tiens …
Tu peux tout attendre de Lui
Car il t’aime
Et son plaisir
C’est de se donner à toi
D’être accueilli par toi !
Reprends courage, Dieu t’aime !
« Je sais bien que tu ne le mérites pas …
Je sais que tu es tourmenté, assailli par le doute;
n’aie pas peur.
Il t’aime et son amour est gratuit.
Il ne t’aime pas pour ce que tu vaux,
Il t’aime parce que Dieu ne peut s’empêcher d’aimer;
Il est l’Amour.
Laisse-toi faire, laisse-toi embrasser.
Il te considère comme son enfant.
Je sais que tu as si souvent échappé,
que tu as préféré les pays étrangers à sa maison.
Maintenant, ces choses sont passées,
n’y pense plus :
le temps d’aimer est arrivé. »
Carlo Carretto
Au delà des choses, Apostolat des Editions
Se tenir comme un pauvre en sa présence
Où est-il ton Dieu ?
Ne cherche pas
Ne bouge pas
Il est là !
Où tu te tiens
C’est le Dieu de ta vie.
QUAND DIEU PARLE
Notre alphabet n’est pas celui de Dieu…
Quand Dieu parle, ce ne sont pas les cordes vocales qui vibrent.
Ce ne sont pas tes oreilles qui te font entendre ces voix !
Si Dieu veut me dire quelque chose, il me le dit au point le plus profond, le plus mystérieux de moi-même, ce que nous appelons tantôt “coeur”, tantôt “conscience”.
Dieu parle dans le réel.
C’est là que nous devons l’écouter.
Il ne me dit pas avec les livres qu’il est beauté, il me le fait voir dans un beau coucher de soleil, dans le flamboiement de l’océan.
Il ne me dit pas qu’il est éternel, il me fait la surprise de revoir chaque jour l’aurore.
Il ne me dit pas qu’il est vie, fécondité, il offre à mon regard un champ de blé mûr.
Il ne me dit pas que je ressusciterai, il me fait voir le Christ ressucité.
Il ne me dit pas qu’il pense à moi et qu’il m’aime, il met dans mon coeur la charité qui est sa manière d’aimer.
Il ne me dit pas ce que je dois faire : il fait surgir l’exigence de ma conscience, là où il se tient en permanence.
Ne cherchez pas Dieu loin de vous !
Cherchez-le en vous !
Restez immobile en sa présence.
Carlo Carretto