Née le 15 janvier 1914 dans une famille juive libérale, Esther, dite Etty, rencontre en 1941 après ses études de droit le psychothérapeute Julius Spier dont elle devint l’élève, la secrétaire, et l’amie intime.
Née le 15 janvier 1914 dans une famille juive libérale, Esther, dite Etty, rencontre en 1941 après ses études de droit le psychothérapeute Julius Spier dont elle devint l’élève, la secrétaire, et l’amie intime. Engagée dans les services administratifs du Conseil juif d’Amsterdam en juillet 1942, elle est envoyée à sa demande au camp de transit de Westerbork, où elle choisit de rester sans tirer avantage de son statut de fonctionnaire. Elle s’inventait toutes sortes de tâches et se dépensait sans compter auprès de ceux qui attendaient de semaine en semaine leur déportation. Déportée avec les siens, en septembre 1943, elle meurt à Auschwitz le 30 novembre. Ce fut une grande expérience humaine et spirituelle, qu’on découvre à travers son journal 1941-1943, et ses lettres de Westerborg.
La fille qui ne savait pas s’agenouiller
Julius Spier lui fait découvrir toute la richesse de la Bible. Grâce à la lecture quotidienne de la Parole de Dieu et la rédaction de son journal, Etty entre dans une grande familiarité avec Dieu, un Dieu qui n’est pas seulement le Dieu intime, c’est le Dieu universel dont elle sait l’étincelante présence cachée dans chaque humain en proie à la détresse.
Sous l’influence de Julius Spier, elle découvre la prière. « La Fille qui ne savait pas s’agenouiller », comme elle aime à se nommer, apprend peu à peu à se tourner vers l’intérieur. « Oui, pourquoi pas une demi-heure de paix avec soi-même. On agite bien bras, jambes et autres muscles le matin dans la salle de bain
Une demi-heure de gymnastique et une demi-heure de méditation peuvent fournir une bonne base de concentration pour toute une journée. » C’est dans le recueillement et l’abandon confiant à Dieu « dans tes bras mon Dieu, protégée, abritée, imprégnée d’un sentiment d’éternité », qu’elle se découvre comme « don », un don qui lui a été remis.
Etre une maison pour Dieu
Elle se découvre capable de rendre grâce, et se veut une réponse à cette gratitude, ainsi elle décide d’ « être là » auprès de ceux de son peuple en proie à la détresse et l’angoisse de la déportation, dans un mouvement de fidélité à soi et à Dieu. Car se recevoir comme don modifie son rapport aux créatures et à soi-même. « Je te le promets, Je te le promets, mon Dieu, je te chercherai un logement et un toit dans le plus grand nombre de maison possible. C’est une image amusante : je me mets en route pour te chercher un toit. Il y a tant de maisons inhabitées, et je t’y introduirai comme l’hôte le plus important qu’elles puissent accueillir. »
Ce retour à soi, qui n’est pas un retour sur soi, puisqu’il s’accomplit en hospitalité au sein d’un monde « inhospitalier » qu’est le camp de Westerbork, qui fait d’elle l’obligée de tout prochain, convaincue que ce monde ne redeviendra un jour habitable que par cet « agapè » : Responsabilité à l’égard d’autrui, et résistance aux conditionnements qui l’affranchiraient de cette responsabilité ; c’est une éthique biblique.