La première encyclique de Benoît XVI, Deus caritas est, a mis en valeur les “saints de la Charité”. Parmi eux, saint Jean de Dieu, fêté le 8 mars, qui fut le véritable créateur de l’hôpital moderne.
Saint Jean de Dieu entre parmi les modèles de “charité sociale” car il a été, par définition du grand psychiatre et criminologue athée Cesare Lombroso, le “Créateur de l’Hôpital Moderne”. Jean de Dieu, touché par l’Esprit à l’âge de quarante ans, se consacra tout à tous en donnant vie à un nouvel hôpital dans la ville de Grenade, alors que cette même ville en comptait déjà au moins six.
Jean arriva à Grenade alors qu’il venait de Ceuta en Afrique avec une charrette de livres qu’il vendait pour survivre ou qu’il offrait quand il s’agissait de livres de prière. A Grenade à la Porte Elvira il organisa un kiosque à journaux qu’il géra jusqu’au moment de sa crise intérieure, le jour de la saint Sébastien, le 20 janvier 1539, secoué par le prêche de saint Jean d’Avila, son directeur spirituel. Il fut pourtant déclaré patron céleste des libraires et sa mémoire continue encore aujourd’hui avec l’attribution d’une première devanture littéraire.
Il fut accueilli à l’hôpital royal de Grenade, alors asile psychiatrique de la ville. Il fut traité comme les fous d’alors et fut malmené plusieurs fois. Mais étant malade il commença à comprendre que le jour où il serait sorti il donnerait vie à un hôpital pour soigner les malades “comme il le désirait”. Une fois sorti, il trouva un immeuble adapté et pour la première fois dans l’histoire de l’humanité il sépara les malades en fonction de leur pathologie créant des unités hospitalières, dans l’hôpital consacré à l’attention réservée aux malades mentaux, il prit soin des pèlerins et chaque jour il parcourait les rues de la ville et prenait les pauvres qui restaient dans les rues et que les autres hôpitaux n’accueillaient pas car il étaient trop misérables pour pouvoir être accueillis.
Tout d’abord il donna un lit à chaque malade et se préoccupa que l’hôpital fut organisé avec des médecins, des infirmiers, des pharmaciens, des aumôniers, des cuisiniers et des portiers de façon à garantir aux personnes hospitalisées une assistance correcte. Saint Jean de Dieu lavait personnellement les pieds à chaque nouvel hospitalisé et tous les soirs avant de se retirer pour prier pendant la nuit, il récitait l’Ave Maria et le Notre Père avec les malades. Pour faire face à toutes les nécessités il n’avait pas honte de parcourir les rues de la ville en criant : “Faites du bien, ô frères, à vous-mêmes par amour de Dieu”. Et étant malgré tout chargé de dettes il ne dédaigna pas de se rendre à la cour d’Espagne pour solliciter l’attention des puissants envers les besoins des pauvres. Malgré l’engagement onéreux de l’hôpital il prit aussi soin des prisonniers qu’il visitait régulièrement. Il manifesta sa sainteté à tel point que ses deux premiers compagnons furent un assassin et le frère de la victime qui lui avait pardonné en prison.
Un autre souci qui tourmentait toujours son âme résidait dans le problème de la prostitution très grave aussi à cette époque. Tous les vendredis, après avoir prié, saint Jean de Dieu prenait un crucifix entre les mains et se présentait dans les maisons de tolérance pour essayer de délivrer quelqu’une de ces femmes. Et il était très content et remerciait le Seigneur quand il réussissait à en sortir une de ces situations aussi déplorables. Dix années de cette vie l’épuisèrent à tel point qu’encore jeune, à 50 ans, le 8 mars 1550, il mourut à Grenade en laissant en héritage à ses premiers disciples, la liste des malades et le registre des dettes. Il n’eût pas beaucoup de temps pour écrire des règlements et des règles pour ses disciples ou pour l’hôpital, mais parmi les cinq lettres qui nous sont parvenues nous pouvons vous lire quelques enseignements de vie :
“Mais Dieu est celui qui sait et rachète, Il donne remède et conseils à tous. Vous devez surtout rendre grâce à Dieu pour le bien et le mal. Souvenez-vous de Notre Seigneur Jésus-Christ et de sa Bienheureuse Passion, qui rendait pour le mal qu’ils faisaient, le bien ” (Lettre à Luigi Battista).
“Envoyez-moi tous les pauvres blessés qui se trouvent là-bas. Envoyez-moi aussi les vingt-cinq ducats, parce que je dois en payer tant et plus et ils les attendent ” (I Lettre à Gutierre Lasso).
“La présente sera pour vous faire savoir que je suis très affligé et en grande nécessité, mais surtout je rends grâce à notre Seigneur Jésus-Christ car vous devez savoir qu’il y a ainsi tant de pauvres qui affluent ici que très souvent je suis moi-même effrayé à l’idée de la manière dont on peut les soutenir ; mais Jésus-Christ pourvoit à tout et leur donne à manger” (II Lettre à Gutierre Lasso).
“Les dettes et les pauvres augmentent toujours plus chaque jour, beaucoup d’entre eux arrivent nus, nu-pieds, blessés et plein de poux, de sorte qu’il est nécessaire d’avoir un ou deux hommes pour détruire les poux dans une chaudière d’eau bouillante, c’est pourquoi ma soeur mes fatigues grandissent toujours plus… Quand je me trouve affligé, je ne trouve remède et consolation meilleures qu’en regardant et contemplant Jésus-Christ Crucifié et en pensant à sa Très Sainte Passion…” (II Lettre à la duchesse de Sessa).
“Ma Soeur, soutenons-nous tous en Jésus-Christ par amour de Jésus-Christ et ne nous laissons pas vaincre par nos ennemis : le monde, le diable et la chair ; surtout ma soeur, ayez toujours de la charité parce qu’elle est la mère de toutes les vertus” (III Lettre à la duchesse de Sessa).
Cette dernière pensée est donc bien reliée au titre de l’Encyclique Deus Caritas est, titre qui, sans doute, est la synthèse presque parfaite de la vie de saint Jean de Dieu toute passée à servir Dieu dans les pauvres et les malades.
Note biographique
Né à Montemor-o-Novo, non loin de Lisbonne (Portogallo), le 8 mars 1495, Jean de Dieu – alors Giovanni Ciudad – transféré en Espagne, vit une vie d’aventures, passant de la carrière militaire dangereuse à la vente de livres. Hospitalisé à l’hôpital de Grenade il rencontra la réalité dramatique des malades, abandonnés à eux-mêmes et marginalisés et décida ainsi de consacrer sa vie au service des infirmes. Il fonda son premier hôpital à Grenade en 1539. Il mourut le 8 mars 1550. En 1630 il fut déclaré bienheureux par le Pape Urbain VII, en 1690 il fut canonisé par le Pape Alexandre VIII. Entre la fin 1800 et les débuts de 1900 il fut proclamé Patron des malades, des hôpitaux, des infirmiers et de leurs associations et enfin patron de Grenade.
Sur les traces du saint fondateur, les Fatebenefratelli offrent un service qualifié pour le soin et l’assistance aux malades et aux nécessiteux avec environ 300 oeuvres dans 49 nations du monde. La présence de structures de l’ordre, particulièrement étendue en Europe, implique divers pays d’Amérique du Sud, les Etats-Unis, le Canada, l’Afrique, l’Inde, la Corée, le Japon, Israël, le Vietnam, les Philippines, la Nouvelle Guinée, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.