Jésus est né et a grandi dans une famille, au sein d’un peuple.
Cette famille, sainte, ne reste pas seulement à la Crèche : avec Jésus, elle commence une histoire.
Marie et Joseph, chargés d’introduire Jésus dans le monde, dans son peuple, sont aussi appelés à laisser place au mystère de Dieu à l’oeuvre en leur enfant.
Avec eux, suivons le pas de Dieu à travers quelques scènes de cette vie familiale.
En les regardant, laissons-les nous inviter à laisser toute place au mystère de Dieu.
A la Crèche : une famille débordée par la nouvelle
« Pendant qu’ils étaient à Bethléem, arrivèrent les jours où Marie devait enfanter. Elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. » (Lc 2, 6-7)
Un père et une mère devant leur enfant qui vient de naître.
Ils sont seuls pour accueillir Jésus, venant chez les siens.
La mère a des gestes simples, de tendresse :
elle l’emmaillote, elle le réchauffe, elle le couche.
Elle prend soin de cette vie naissante, elle l’accueille.
En elle, Dieu a voulu se laisser accueillir
par ces gestes simples qui offrent à sa vie de quoi naître et grandir.
« Les bergers se hâtèrent d’aller à Bethléem, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans une mangeoire. Après l’avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Et tout le monde s’étonnait de ce que racontaient les bergers. Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cur. » (Luc 2, 1619)
Marie et Joseph ne resteront pas longtemps seuls avec le nouveau-né.
Bientôt arrivent des bergers qui racontent des choses étonnantes, au sujet de cet enfant.
L’histoire de Joseph, de Marie et de Jésus, leur bonheur intime, est bientôt rattrapé par une autre histoire, celle de Dieu avec les siens.
Marie et Joseph sont aussi auditeurs de la Bonne Nouvelle. Rencontrant les bergers, ils comprennent l’ampleur du mystère de Dieu. Ils sont appelés à laisser rayonner cette nouvelle au-delà de leur simple foyer.
Cet enfant n’est pas seulement le leur,
c’est celui de bergers, c’est celui d’étrangers venus de loin,
c’est celui d’un peuple, d’une multitude de peuples.
A tous, il est confié.
Marie écoute, regarde, s’étonne, comme si l’histoire qu’elle était en train de vivre lui était racontée à nouveau, autrement. Et en son cur, sans trop bien comprendre encore ce qui se passe, elle garde et met ensemble tous ces événements. En leur temps, ils viendront jeter leur lumière sur sa vie.
Comme eux, laissons-nous déborder, déranger par le mystère que Dieu fait dans notre vie. Laissons-le nous conduire plus loin que nous-mêmes, dans la rencontre d’autres. Et comme Marie, laissons Dieu nous raconter autrement l’histoire que nous vivons.
Vers l’Egypte : une famille en exode
« Après la visite des mages, l’Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Egypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant, pour le faire périr.’ Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère, et se retira en Egypte, où il resta jusqu’à la mort d’Hérode. » (Matthieu 2, 13-15)
Combien sont-ils aujourd’hui, comme Joseph, Marie et l’enfant, contraints de prendre la fuite, menacés et vulnérables, sur les routes du monde ? Combien sont-ils sur ces routes d’exode ? Regardant la Sainte Famille, c’est tous ces exilés du monde que nous pouvons rejoindre.
Comme jadis le peuple d’Israël, la sainte famille fait le voyage en Egypte, contrainte et forcée, en hâte, avec l’espérance ferme de revenir.
Entre l’étonnement de Bethléem et la paix de Nazareth, la sainte famille connaîtra la douleur de l’exil et du rejet, de la pauvreté, de la peur.
Ce n’est pas un voyage heureux et paisible qui commence cette nuit-là quand Joseph, à l’écoute de Dieu jusque dans son sommeil, se lève et entraîne les siens. C’est une fuite, avec, comme pour toutes ces familles aujourd’hui dans des camps de réfugiés, l’ombre de la violence et de la mort qui plane.
Dieu se tient au milieu d’eux. Avec eux, il se tient du côté des petits, des vulnérables, des victimes. Avec eux, il veille.
A Nazareth : une famille dans l’ordinaire des jours
« Ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth.
L’enfant grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse,
et la grâce de Dieu était sur lui. »
(Luc 2, 39 40)
A Nazareth, c’est le temps de la croissance,
le temps de la vie cachée.
C’est aussi le temps du travail,
de gagner son pain pour les siens.
Marie et Joseph, au jour le jour,
dans l’ordinaire,
accompagnent la croissance de Jésus,
lui apprennent leur vie,
lui racontent l’histoire du peuple.
Marie et Joseph, au jour le jour,
s’émerveillent de voir en Jésus
sagesse et grâce à l’uvre.
Encore une fois, ils s’étonnent de
ce mystère de Dieu
à l’uvre en cet enfant qui grandit et qui devient un jeune homme.
Encore une fois, accompagnant cette vie,
quelque chose leur échappe,
une étonnante sagesse,
une grâce singulière.
Avec Marie et Joseph, nous sommes appelés, nous aussi, à laisser humblement, secrètement, grandir la vie de Jésus en nous, dans l’ordinaire des jours et des tâches quotidiennes à assumer. Dans cet ordinaire, nous pouvons comme eux nous laisser étonner par la grâce singulière que le Seigneur y déploie.
Au Temple : une famille appelée à s’effacer devant le mystère
« Chaque année, les parents de Jésus allaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque. Quand il eut douze ans, ils firent le pèlerinage suivant la coutume. Comme ils s’en retournaient à la fin de la semaine, le jeune Jésus resta à Jérusalem sans que ses parents s’en aperçoivent. Pensant qu’il était avec leurs compagnons de route, ils firent une journée de chemin avant de le chercher parmi leurs parents et connaissances. Ne le trouvant pas, ils revinrent à Jérusalem en continuant à le chercher. »
Désarroi de Marie et Joseph. Désarroi et inquiétude légitime des parents.
Comme chacun de nous, Marie et Joseph partent à la recherche de Jésus.
Celui qu’ils semblaient bien connaître n’est plus là, s’est évanoui
Marie et Joseph connaissent ici la souffrance d’une perte, d’une déchirure dans leur vie familiale.
« C’est au bout de trois jours qu’ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs de la Loi. En le voyant, ses parents furent stupéfaits, et sa mère lui dit : Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme nous avons souffert en te cherchant, ton père et moi !’ Il leur dit : Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne le saviez-vous pas ? C’est chez mon Père que je dois être.’ Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait. »
Une incompréhension éclate au sein de cette famille que nous avons vue si unie.
La mère, doucement mais fermement, fait des reproches.
Jésus, quant à lui, répond sèchement.
Mais dans cette réponse, c’est son mystère qu’il révèle :
« C’est chez mon Père que je dois être. »
Voici la sainte famille, en son entier, renvoyée au mystère qui l’habite et qui la guide, celui d’un autre Père et de son Fils unique,
celui de Dieu au milieu des siens.
Au Temple, rappelés à la présence de Dieu,
Marie et Joseph sont appelés à s’effacer devant son mystère,
à lui laisser toute place.
Peu à peu, ils apprendront, aux côtés de Jésus,
à laisser place à ce mystère.
Ils en seront les premiers disciples.
Et nous, disciples à leur suite, nous sommes appelés aussi à nous effacer devant le mystère de Dieu, à lui laisser toute place pour qu’il nous conduise plus loin.
Comme eux, ce sera parfois dans ces moments de crise et d’incompréhension, où il nous semble avoir perdu celui que nous croyions si bien connaître, que nous pourrons entendre le Seigneur nous appeler plus loin. Comme eux, nous pourrons apprendre, peu à peu, lentement, à lui répondre.
Laissons le être alors Dieu pour nous en étant Dieu pour tous, Dieu au milieu des siens.