Marie- Noël, de son vrai nom Marie Rouget, est née en 1883 à Auxerre dans une famille bourgeoise, propriétaire de maisons et de vignes.
Un amour déçu la blessa mais lui donna de s’ouvrir à l’écriture. Atteinte de mélancolie au point de séjourner de longs mois dans un établissement spécialisé, Marie trouva dans la poésie le moyen de vivre et de s’exprimer. Ces notes intimes nous révèlent le combat d’une âme tenaillée par la culpabilité, habitée de terreurs sacrées, douloureuse de solitude. Sa foi et son expérience spirituelle, à travers l’écriture et une vie simple et cachée, s’épanouirent peu à peu vers la joie du salut, l’ouverture à l’amour. C’est dans la confiance en la miséricorde du Seigneur, qu’elle mourut en 1967.
Un regard contemplatif
C’est au cur d’une vie très ordinaire que Marie-Noël trouve l’inspiration de ses poèmes, ses chansons, comme elle dit. Au fils des mots tricoté avec fraîcheur parfois malicieusement toujours vigoureusement, elle nous révèle son quotidien, ses états d’âme, son expérience spirituelle, ses coups de curs, ses joies et ses larmes. Son regard se laisse émouvoir par ces petits riens, ces petites choses de la vie auxquelles souvent nous n’accordons aucune importance. La poésie vient transfigurer le réel, l’ordinaire des jours.
Dieu
« Je n’ai plus que lui au monde » Dieu est à la fois la source de son grand bonheur mais aussi de son angoisse. Ame souffrante, Marie-Noël cherche la lumière de la foi. Elle marche avec patience sur son chemin d’Humanité fait de dégoûts, de doutes, de faiblesses, de paresses, de petites lâchetés, de commencements et de recommencements.
Son but n’est pas d’être une « bouche préchante » mais d’ »annoncer Dieu par la sainteté » dans la pâte du quotidien, appuyée sur le mystère de Noël et l’eucharistie : « Avoir assez d’amour et jusqu’à deviner, à aimer la beauté des êtres laids, le trésor des pauvres choses, découvrir la merveille secrète du jour de pluie, de la plate campagne, du taudis, de l’infirme, de la vieille fille mal habillée. Avoir assez d’amour. »
L’écriture pour mission
C’est son confesseur, l’abbé Mugnier, qui oriente son don de poésie vers la mission : « Les croyants ont tout ce qu’il faut
Les incroyants, eux, n’ont rien. Vous irez chez eux en mission
»
Célibataire, Marie-Noël n’a rien d’une âme rêveuse. S’occupant de ses vieux parents, il lui faut aussi répondre à l’appel de ses frères et surs, de ses nièces et neveux, des voisins, des amis. Il y a toujours quelque chose à faire, un service à rendre : « Ma poésie avait besoin d’heures
elle n’aura rien eu que le reste des autres. »
Pour elle, son don de poésie lui vient d’ailleurs : « J’écoute et ce qui chante en moi je le rechante » A l’exemple de nombreux saint, ce qu’elle a compris et vécu, c’est que le don reçu qui fait vivre, n’est pas que pour soi, il est aussi pour les autres. Fidèlement, Maire-Noël s’est laissée traverser par la musique des mots : « A mes amis, à mon prochain, je donne ma poésie, habillée en pauvre. ».