Dans La Divine Comédie, Dante se décrit marchant à travers le paradis et rencontrant deux dominicains. L’un présente l’autre et se présente lui-même: “A droite, ici, mon plus proche voisin a été pour moi un maître fraternel, c’est Albert de Cologne. Et moi, je suis Thomas d’Aquin.”
Saint Albert le Grand, que l’on appelle parfois « Albert de Cologne », est né à Lauingen en Souabe, non loin d’Augsbourg, vers 1206. Il est mort à Cologne en 1280.
Esprit intellectuellement remarquable, il commença ses études à Bologne, en Italie, puis à Padoue. C’est là qu’en 1223 il entra dans l’ordre des Dominicains. Ses études achevées – mais le sont-elles jamais pour des esprits aussi féconds dans tous les domaines de la science ? – il revint en Allemagne et enseigna dans plusieurs couvents de son ordre.
Puis, d’Allemagne il se rendit à Paris. Il y enseigna de 1245 à 1248. Fait majeur : il y eut pour disciple Saint Thomas d’Aquin.
C’est en 1248 qu’on lui demande de fonder à Cologne un couvent d’études pour les Dominicains. Il y entreprit l’œuvre immense de présenter, de commenter et de compléter comme il le pouvait les écrits du philosophe grec Aristote (IVe s. avant J.-C.).
Travail de la plus haute importance, car son souci fut de mettre Aristote au service de la compréhension de la foi. L’Eglise en bénéficie encore. La philosophie et la théologie de Saint Thomas d’Aquin (1224-1274) qui y sont encore présentes lui doivent beaucoup.
Saint Albert le Grand manifeste par toute son œuvre l’harmonie du savoir humain : « Par son exemple magnifique, il nous avertit qu’entre la science et la foi, entre la vérité et le bien, entre les dogmes et la sainteté, il n’existe aucune espèce d’opposition ; bien plus, qu’il existe entre eux une intime cohésion (…) La puissante voix d’Albert le Grand (…) nous démontre surabondamment que la science véritable, ainsi que la foi et une vie réglée sur la foi, peuvent se concilier dans l’esprit des hommes, qu’elles y sont même obligées, car la foi surnaturelle est en même temps le complément et le terme le plus parfait de la science. » (Pie XI dans thesaurus sapientiale, le 16 décembre 1931). La foi et la raison ne s’opposent pas ; au contraire elles se fortifient mutuellement. Aussi Saint Albert le Grand a-t-il montré une incessante curiosité d’esprit et a considérablement enrichi les sciences naturelles de son époque.
Mais Saint Albert le Grand ne fut pas seulement un grand savant et contemplatif. Sa vie active a porté aussi de nombreux fruits. Plusieurs fois, on lui demande d’arbitrer des conflits religieux ou politiques. C’est pourquoi Pie XI a pu aussi dire de lui : « Albert qui, durant sa vie, collabora avec autant d’énergie que de succès à ramener la paix entre les Etats et les princes, entre les peuples et les individus, nous apparaît comme le type véritable de l’arbitre de la paix. Il possédait en effet à un haut degré le don de la conciliation, grâce à la renommée que lui valaient sa solidité doctrinale et sa réputation de sainteté. »
Il fut béatifié en 1622 et le 16 décembre 1931, Pie XI proclama saint Albert le Grand docteur de l’Eglise universelle.