Né à Antioche en 349- mort le 14 septembre sur la route de l’exil à Comane (Asie Mineure) , Jean I, patriarche de Constantinople, tient son surnom « Chrysostome bouche d’or » à sa légendaire éloquence dont l’éclat attirait les foules.
Evêque en 398, il conserve la même liberté de parole contre la cour impériale, plaidant pour une refonte de la société. Le patriarche d’Alexandrie, à la suite d’un synode, le dépose comme évêque en 403. L’année suivante, huit ans seulement après avoir été ordonné prêtre, des troupes envahissent son église. Il est condamné. Son exil commence en direction de la mer Noire. Il meurt en chemin, épuisé, après un voyage de trois mois et demi, à Comane, dans l’actuelle Turquie.
Jean Chrysostome est célèbre pour sa parole intrépide dénonçant la richesse insolente de certains et plaidant inlassablement pour les pauvres. Certains propos tenus contre les Juifs de la communauté d’Antioche en conflit avec la communauté chrétienne sont difficiles à entendre aujourd’hui. Ce pasteur, qui assuma jusqu’au bout l’exigence de sa parole, est resté, malgré des limites, l’apôtre de la sainteté proposée à tous.
On n’oubliera pas non plus l’auteur de la magnifique liturgie byzantine avec laquelle de nombreux chrétiens de Grèce et du Moyen-Orient vivent aujourd’hui leur foi.
Appelés à être fils dans le Fils
Jean insiste sur la conscience de l’amour de Dieu, « l’incompréhensible sollicitude, l’inexprimable bonté, l’insaisissable amour. » La conscience de l’appel à la vie future s’opère dans la promesse de résurrection. L’espérance de l’au-delà renforce l’exigence de pratiquer la vertu. Le pasteur insiste pour dire au chrétien que, par le baptême, est inaugurée pour chacun une vie nouvelle, fondée dans le Christ. Très marqué par l’enseignement de Saint Paul, Jean explique qu’il n’y a va pas seulement de la rémission des péchés mais aussi le désir constant de devenir frères du Fils unique, selon les termes développés dans l’épître aux Romains (chapitres 5 à 8) : l’adoption filiale, l’incorporation au Christ, l’élection de toute éternité de tout être humain appelé à vivre cette relation de fils.
Tenir son âme en éveil
« Celui qui se croirait déjà arrivé à la perfection et qui s’imaginerait qu’il ne lui reste plus rien à perfectionner pour arriver à la vertu, cesserait aussi de courir, pensant avoir atteint le but. Celui au contraire qui se croit encore loin du terme, ne cessera jamais de courir
Il faut oublier nos bonnes actions et les laisser derrière nous. Car le coureur lui aussi ne compte pas combien il a achevé de circuits, mais combien il lui en reste à faire. »
Jean Chrysostome, pour exprimer la quête de Dieu, donne une grande place à la volonté ardente du chrétien qui apporte son libre concours à l’inscription et la fructification du don de Dieu dans sa vie. En cela, il aborde la progression de l’être humain vers Dieu en des termes assez proches de ceux de Grégoire de Nysse qui insiste sur la course de « commencements vers des commencements sans fin. » Jean insiste dans le domaine de l’agir : ne jamais croire que l’on a atteint le but et tenir son âme éveillée, pour qu’elle se fortifie et rayonne de fraîcheur.
La sainteté : un appel adressé à tous
Au départ, Jean a été très attiré par la voie de solitude et a vécu en ermite. Ce qui fait son originalité, c’est qu’assez vite il a été conduit à penser cet appel à la sainteté pour tous les états de vie. Intuition largement développée par Vatican II dans Lumen gentium.
« Si le ferment, mêlé à la farine, ne transforme pas toute la pâte, est-ce vraiment un ferment ? Et encore, si un parfum n’embaume pas ceux qui approchent, pouvons-nous l’appeler un parfum ? »
« N’exigeons pas tout, dès le principe, de toutes sortes de personnes. Contentons-nous dans les commencements de ce que chacun peut faire, et notre modération les rendra capables de tout. »
Et la béatitude, dont Jean Chrysostome aime chanter la beauté dans la liturgie orientale qui porte son nom, est donnée à celui qui fonde sa vie dans le Christ et fait tout à cause de lui. C’est cette amitié du Christ qui est pour le croyant déjà le ciel, le royaume de Dieu.