Dans l’encyclique Deus caritas est le Pape Benoît XVI a voulu mentionner saint Joseph-Benoît Cottolengo (1786-1842) parmi les saints qui “demeurent des modèles insignes de charité sociale pour tous les hommes de bonne volonté”.
Cette reconnaissance a trait au fondement de l’oeuvre caritative développée par le fondateur de la Petite Maison de la Divine Providence de Turin. Effectivement, à une époque où le problème de l’assistance sociale était particulièrement ressenti dans le Royaume de Sardaigne (Italie) d’alors, Cottolengo en a réalisé une forme concrète, poussé par sa foi chrétienne et en agissant dans le milieu de l’organisation juridique et sociale alors en vigueur.
Il pose au centre de l’attention la nécessité en général de ceux qui étaient privés d’assistance, lesquels « se voyant comme voués à la perdition » et « couraient essoufflés à l’enseigne de la Petite Maison ». Cottolengo a senti cet accomplissement comme une conséquence juste et logique d’une vie cohérente avec l’Evangile. Au-delà des limites connectées avec le contexte social et politique de l’époque, la conception transcendante de l’homme dont Cottolengo consacre un témoignage clair et sans équivoque a fait que son oeuvre caritative fut vécue comme une réponse à ce que dit l’évangile “Chaque fois que vous avez fait cela à un seul de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait” (Mt 25,40). Le mobile de son action était la charité évangélique, synthétisée par la devise paulinienne “L’amour du Christ nous presse” (2 Co 5, 14).
Ce fut le 2 septembre 1827 que se vérifia le tournant fondamental de sa vie. Appelé au chevet d’une femme, mère de trois enfants, non accueillie dans les hôpitaux de la ville, il fut spectateur de sa mort. Fortement touché par ce triste épisode et après une prière particulière dans l’église du Corpus Domini à Turin devant le cadre de la Vierge des grâces, il décida de donner naissance à une petite infirmerie pour éviter la répétition de cas semblables.
Le 17 janvier 1828 il ouvrit une petite infirmerie à Turin appelée “Dépôt des pauvres infirmes du Corps du Christ” ou “Dépôt de la Volta Rossa” qui fermée en septembre 1831 réouvrit quelques mois après le 27 avril 1832 sous le nom de la Petite Maison de la Divine Providence sous les auspices de saint Vincent de Paul, appelée communément après “Le Cottolengo“.
Dans une telle institution la vie se consacre à différentes formes d’assistance : les malades exclus des autres hôpitaux, des personnes handicapées, épileptiques, sourd-muettes, école, activité éducative en faveur des jeunes particulièrement nécessiteux. L’assistance aux personnes handicapées devint l’élément le plus significatif de l’oeuvre caritative du saint. Contrairement aux autres instituts d’assistance contemporains, Cottolengo entreprit et soutint son Oeuvre en se confiant uniquement à la Divine Providence laquelle comme il l’écrivit au Roi, “pour le plus emploiera des moyens humains”, c’est-à-dire la charité des bienfaiteurs. Son exemple de charité devint tellement significatif parmi l’opinion publique que la Petite Maison s’identifia à la personne du Fondateur et fut appelée simplement “le Cottolengo”.
La mort l’emporta à 56 ans, après quatorze ans de dévouement intense et infatigable au secours des pauvres “pour les acheminer – comme il l’écrit au Roi – sur la route du travail et de la santé”, en leur offrant “une pièce (= lieu) d’éducation sainte”. Intérieurement poussé à poursuivre et remplir ses oeuvres de charité, le saint expérimenta la solitude de l’homme de Dieu en dissimulant les misères et les difficultés moyennant des plaisanteries en tout genre. La réputation de sainteté, dont il jouit après la mort, obtient la reconnaissance de l’Eglise qui le proclame “saint” en 1934. L’exemple de charité de Cottolengo fut aussi source d’inspiration pour d’autres fondateurs, comme le bienheureux Luigi Guanella (1842-1915) et saint Luigi Orione (1872-1940).
« Exercez la charité, mais exercez-la avec enthousiasme. Ne vous faites jamais appeler deux fois, soyez prêts. Interrompez n’importe quelle autre activité, même très Sainte, et volez en aide aux pauvres. »
Note biographique
Giuseppe Agostino Benedetto Cottolengo est né à Bra (CN) le 3 mai 1786. Aîné de 12 enfants il appartenait à une famille de la moyenne bourgeoisie. Le 2 septembre 1827 il eût l’inspiration charismatique qui constitua le tournant fondamental de sa vie. Le 17 janvier 1828 il ouvrit une petite infirmerie à Turin pour les malades abandonnés. Le 27 avril 1832 il reprit son oeuvre de charité sous le nom de Petite Maison de la Divine Providence. Il mourut à Chieri le 30 avril 1842.
Pour l’activité éducative et d’assistance envers les pauvres accueillis dans la Petite Maison, Cottolengo fonda une congrégation de soeurs, aujourd’hui divisée en deux familles : sœurs apostoliques et sœurs contemplatives, une de religieux laïcs, les frères et une communauté de prêtres. Il fonda également des monastères de vie contemplative. Les religieux et les religieuses « cottolenguins » sont présents en Italie, Suisse, Kenya, Tanzanie, Inde, Etats-Unis et Equateur. Les soeurs sont 2 100 dont 150 contemplatives, les frères 60 et les prêtres 45. Une activité caritative et d’assistance se développe envers les pauvres, les handicapés et les malades.