Pourquoi le Pape Benoît XVI a-t-il énuméré don Orione parmi les saints de la charité sociale, dans son Encyclique Deus caritas ?
Le commandement de l’Amour que Jésus a donné à l’Eglise comme signe distincif des croyants se réalise, d’après les temps et les lieux, en assumant les caractéristiques toujours nouvelles. Le Pape rappelle cette vitalité de l’agape chrétien quand la spiritualité et l’action de certains saints qui ont marqué l’histoire de l’Eglise en se distinguant comme modèles de charité : des sept premiers diacres à saint Martin de Tours, du mouvement monastique jusqu’aux saints que Benoît XVI définit comme des modèles éminents de charité sociale (cf. Deus caritas est n. 40). Parmi ceux-ci aussi don Orione, né à Pontecurone (AL) le 23 juin 1872 et mort à San Remo (IM) le 12 mars 1940. Pourquoi le Pape énumère-t-il don Orione parmi les saints de la charité sociale ? Nous trouvons la réponse dans certains écrits et épisodes de sa vie.
Avant tout don Orione est un fils du peuple, de la classe des travailleurs humbles : son père Vittorio, paveur, parcourait les rues de Tortonese et de Monferrato et arrangeait les rues et les places avec les cailloux du fleuve Scrivia. Quand Luigi fut grand, sans trop y penser, il l’enleva de l’école et l’emmena avec lui dans les rues. Ce travail marqua le coeur du jeune Luigi et lui enseigna non seulement la fatigue pour la pain quotidien mais surtout la proximité avec les derniers avec le prolétariat qui s’éloignait de l’Eglise dans les premières dizaines des années 1900 pour adhérer aux récentes idéologies socialistes. Le travail de glaneur – avec maman Caroline – et de paveur imprima dans l’âme de don Orione un sens fort de la justice contre l’exploitation des travailleurs : “Un nouvel horizon se ferme, une nouvelle conscience sociale s’élabore à la lumière de cette civilisation chrétienne, toujours progressive, qui est fleur d’Evangile. Travailleurs et travailleuses de la risière : au nom du Christ, qui est né pauvre, a vécu pauvre, est mort pauvre, a vécu parmi les pauvres, a travaillé comme vous, aimant les pauvres et ceux qui travaillaient : au nom du Christ, l’heure de votre rescousse a sonné”.
En second lieu don Orione est un saint social car il a su conjuguer avec une clairvoyance sage le service du prochain avec la promotion de la personne humaine à travers la fondation de beaucoup d’oeuvres de charité. Le Petit Cottolengo de Gênes et de Milan témoignent du coeur généreux de saint Luigi Orione qui n’a pas économisé sa vie pour secourir les faibles durant les tremblements de terre de Reggio Calabria – Messine (1908) et della Marsica (1925). Le “saint de la charité” a été protagoniste autortaire et efficace des premiers secours et de la reconstruction successive à l’occasion de ces deux catastrophes naturelles parmi les plus désastreuses que l’Italie des années 1900 ait connu. Ce fut justement lors des secours après le tremblement d’Abruzzo qu’il connut et accueillit dans ses maisons le jeune Secondino Tranquilli, connut de tous comme Ignazio Silone.
Troisièmement don Orione est un saint social car il a voulu que ses Oeuvres caritatives fussent un pupître d’évangélisation pour toute la société et non seulement pour ceux qui vont à l’église. D’apôtre chrétien il savait bien que la foi est une route précieuse pour promouvoir tant la dignité de la personne individuelle que la société dans son ensemble. Il consacre cette découverte à sa Congrégation : “répandre la connaissanvce et l’amour de Jésus Christ, de l’Egllise et du Pape, spécialement dans le peuple ; tirer et unir par un petit chemin doux et étroit toute la pensée et le coeur des fils du peuple et des classes ouvrières au Siège apostolique… et cela grâce à l’apostolat de la charité entre les petits et les pauvres”.
Je termine par un extrait de Jean-Paul II prononcé le 16 octobre 1980 à l’occasion de la béatification de don Orione et qui résume bien sa spiritualité : “Il s’est laissé seulement et toujours guider par la logique de l’amour ! Amour immense et total de Dieu, du Christ, de Marie, de l’Eglise, du Pape et amour absolu également de l’homme, de tout l’homme, âme et coprs et de tous les hommes, petits et grands, riches et pauvres, humiliés et sages, saints et pécheurs, avec une bonté et une tendresse particulière envers les personnes souffrantes, les marginalisés, les désespérés. Ainsi annonçait-il son programme d’action : “Nous ne regardons rien d’autre que toutes les âmes à sauver. Ames et âmes ! Voici toute notre vie : voici le cri et notre programme : toute notre âme, tout notre coeur.” Et ainsi s’exclama-t-il par des accents lyrique : “Le Christ vient en portant sur son coeur l’Eglise et dans sa main les larmes et le sang des pauvres : la cause des affligés, des opprimés, des voeuves, des orphelins, des faibles, des rejetés : à la suite du Christ s’ouvrent des cieux nouveaux : c’est comme l’aurore du triomphe de Dieu !”.
Aujourd’hui la Petite Oeuvre de la Divine Providence est formée de 1 070 religieux, 950 religieuses et environ 200 consacrées de l’Institut Séculier Orionien. La Famille orionienne est répandue sur les quatre continents (elle n’est pas encore présente en Océanie) et dans 34 nations.
Prière
Fais, ô mon Dieu, que toute ma pauvre vie soit un unique cantique de divine charité sur la terre, parce que je veux qu’elle soit – par ta grâce, ô Seigneur – un unique cantique de divine charité au ciel ! (du Bienheureux Luigi Orione)