Matthieu est probablement galiléen de naissance. Publicain à Capharnaüm, il exerce la profession de receveur des impôts pour les romains. C’est un homme cultivé, d’origine juive, et de formation grecque (d’où certainement son nom Lévi).
A l’appel du Christ (Matthieu 4,18-19), de son bureau où il perçoit le droit de péage, il se met aussitôt à sa suite. Après la Pentecôte, selon la tradition orale de l’Eglise, il passe un temps en Egypte, puis part en Ethiopie.
Arrivé à Naddaver, la capitale, il prêche et combat l’influence de deux mages, convertissant une partie du peuple désabusé.
Il devient populaire en opérant la résurrection du fils du roi, au nom de Jésus Christ.
Défendant une vierge consacrée au Seigneur contre l’avidité d’un prince, Matthieu s’attire la colère du nouveau roi Hirtiacus. Il est assassiné au cours d’une célébration à Naddaver.
L’évangile araméen de Matthieu parait avant l’an 50. Une traduction grecque circule déjà hors Palestine, étayée des autres synoptiques parus entre-temps.
Nous te proposons de mieux comprendre le personnage de Matthieu, et ce qu’il a transmis, à travers ces trois angles de vue.
De Matthieu au premier Evangile
Vers les années 75 80, la synagogue juive et la jeune église chrétienne s’affrontent durement au sujet de Jésus.
Matthieu prend parti dans le débat : il veut montrer aux juifs que Jésus accomplit bien les espérances d’Israël. La polémique fait rage autour de la personne et de la mission de Jésus.
Matthieu est plus attiré par les paroles de Jésus que par ses actions.
Il a recueilli quantité de ses dires, mots-clés ou maximes
.
Tout dans les paroles et les actes de Jésus accomplit les prophéties de l’Ancien Testament (ex : Mt 4, 14-17 qui reprend Isaïe 8, 23 et 9, 1). Des formules identiques de l’Ancien Testament viennent souligner les dires et actes de Jésus.
Ce procédé très systématique se comprend par la personnalité et la foi de Matthieu.
D’origine juive converti, Matthieu s’adresse à des juifs devenus chrétiens, mais au-delà, à ses anciens coreligionnaires endurcis contre l’Evangile. Ces juifs connaissent les prophètes, la Parole de Yahvé, et ses promesses. Ils en vivent et s’en nourrissent.
Matthieu nous découvre Jésus, son être et sa mission, profondément enraciné dans les promesses faites à Israël :
– Selon la croyance commune des juifs, l’établissement du Royaume des Cieux par le Messie doit s’accompagner de signes : les chapitres 8 et 9 de son évangile sont une formidable collection de dix miracles.
– Ce Messie est attendu sous les traits du nouveau Moïse, législateur et sauveur. Il doit être homme de la Parole (la loi) et accomplir le salut : dans le chapitre 5 de son évangile : sur la montagne, Jésus transmet la loi de la nouvelle alliance qu’il va accomplir par sa mort et sa résurrection.
Matthieu souligne à la fois la liberté de Jésus face à la tradition, et sa constante fidélité à la volonté de Dieu. Il dénonce tous les pharisianismes.
Et moi
– quels actes je pose souvent qui sont déphasés aux paroles du Christ en qui je crois ?
– en m’appuyant sur l’enseignement de Jésus et son Esprit, quelle béatitude suis-je appelé à proclamer ?
– quels passages de l’Ancien Testament me nourrissent ?
Avec Matthieu, regarder Jésus enraciné dans le judaïsme
Le Jésus que nous présente Matthieu est un Jésus juif. Parfaitement juif, il vient nous rappeler la loi de Moïse : « Je ne suis pas venu pour abolir la loi, mais pour l’accomplir ».
Jésus s’oppose violemment aux pharisiens, alors même que tout son enseignement s’ancre dans leur tradition. Il les invective, il crie au scandale de la loi dévoyée. Mais ceux-ci le rejetteront. Jésus sera reconnu par la foule, celle des pauvres, des païens, des lépreux.
Il désire que nous allions au delà des commandements, que notre justice « surpasse » celle des scribes et des pharisiens.
Et moi :
– quels sont les freins qui étouffent la vie ? pourquoi ?
– quels sont les commandements que je suis capable d’entendre sans qu’ils étouffent la vie en moi ?
– puis-je nommer le désir de Jésus pour moi aujourd’hui ?
Demander la grâce, que brille en moi la Lumière du Christ, que vive en moi sa loi vivante.
Avec Matthieu, sur les chemins de l’Eglise naissante
Jésus interroge ses disciples : « Pour vous, qui suis-je », Pierre répond (s’écrie ?) : « Tu es Christ, fils du Dieu vivant ! ». Et pour cette parole, Jésus construit sur Pierre sa nouvelle Eglise (Mt 16,13).
Plus tard (Mt 18), le Christ enseignera aux disciples les principes de la vie en communauté d’Eglise. On y pratiquera le pardon fraternel « jusqu’à soixante dix-sept fois sept fois », et la communauté sera le lieu où pourront se régler les conflits. La communauté chrétienne grandit à la mesure du Pardon.
Déjà, dès le début de l’Evangile, l’aumône et la prière sont confidentielles. Car la récompense à l’aumône et à la prière ne vient pas des hommes, mais du Père qui est là, dans le secret.
La communauté naissante est communauté de prière : « si deux ou trois se réunissent en Mon nom, Je suis là au milieu d’eux » (Mt 18,20). C’est « Notre » Père que l’on prie, les disciples sont frères (Mt 23,8).
Jésus, l’Emmanuel « Dieu avec nous ! », enverra ses disciples après Pâques, pour continuer à enseigner la bonne nouvelle (Mt 28) : « 19Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, 20et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde. »
Et moi :
– Quand Jésus me pose aussi la question : pour toi qui suis-je, quelle réponse je peux Lui donner ?
– Quelle vigilance, quels actes je pose m’amenant à la conversion du coeur, parmi mes frères et soeurs ?
– Quels désirs en moi, suscités par l’Esprit Saint, m’invitent à participer à l’évangélisation du monde ?
Rendre grâce à Dieu pour le don de l’Esprit Saint qui m’invite à mieux le connaître.