« Seigneur, tu as donné à saint Robert Bellarmin une science et une force étonnantes pour défendre la foi de l’ Église ; par son intercession, accorde à ton peuple le bonheur de garder cette foi dans toute sa pureté. » (Oraison du missel Romain).
Fêté le 17 septembre, et notre compagnon de route jusqu’au 25 septembre 2004, Robert Bellarmin est évêque et docteur de l’Église. Nous vous proposons une méditation en trois « interpellations », autour de cette brillante figure intellectuelle, toute donnée au service de l’Église.
Biographie
Robert Bellarmin est né le 4 octobre 1542, à Montepulciano, en Toscane. Il entra dans la Compagnie de Jésus à 18 ans, en 1560. Il fut ordonné prêtre dix ans plus tard. Il fut professeur de théologie, à Louvain pendant sept ans, puis il enseigna au Collège Romain (ancêtre de l’Université grégorienne) où il occupa pendant douze ans la chaire de « Controverses ».
Provincial de la Province de Naples, il remplit diverses autres charges et responsabilités dans la Compagnie.
Il écrivit un grand nombre d’écrits théologiques et spirituels, dont les plus connus sont un Catéchisme et des Controverses sur la foi chrétienne. Il forma des générations d’apologistes et de théologiens. Devenu Cardinal en 1599, il fut archevêque de Capoue de 1602 à 1605 où il se montra un excellent pasteur. Évêque modèle, il visita les paroisses, prêchant et catéchisant sans relâche ses paroissiens. Il fut particulièrement soucieux des pauvres et des miséreux Il revint ensuite à Rome, comme conseiller du Pape Paul V, et il reprit son rôle de premier plan dans la Curie. Au mois d’août 1621, il se retira à Saint-André au Quirinal où il mourut le 17 septembre 1621. L’héroïcité de ses vertus fut proclamée par Benoît XV en 1918, il fut béatifié en 1923 et canonisé en 1930 par Pie XI qui, en septembre 1931, le déclara docteur de l’Eglise universelle. Son corps repose aujourd’hui dans l’église Saint-Ignace à Paris.
Les études, l’intelligence, le savoir
« Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison.»
Matthieu 5, 14-15.
Le plus marquant, dans la figure de Robert Bellarmin, est son service intellectuel pour l’Église. Toute sa vie, il n’a eu de cesse d’apprendre, de transmettre, d’écrire. C’est un peu comme s’il répondait à l’exhortation de Paul à Timothée (2 Ti 4, 2-5) : « Proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, mais avec une grande patience et avec le souci d’instruire. Un temps viendra où l’on ne supportera plus l’enseignement solide ; mais, au gré de leur caprice, les gens iront chercher une foule de maîtres pour calmer leur démangeaison d’entendre du nouveau. Ils refuseront d’entendre la vérité pour se tourner vers des récits mythologiques. Mais toi, en toute chose garde ton bon sens, supporte la souffrance, travaille à l’annonce de l’Évangile, accomplis jusqu’au bout ton ministère. »
Qu’est-ce que connaître lorsqu’il s’agit de connaître Dieu ? Nous pouvons dire que seuls le Père et le Fils ont une connaissance « surnaturelle » l’un de l’autre. Cependant, cette connaissance est ouverte à toute créature, par le don de l’Esprit de Jésus, comme lui-même dessilla les yeux des deux disciples d’Emmaüs, en ouvrant leur cur à l’intelligence des Écritures (Luc 24, 27.) Comment les hommes peuvent-ils connaître Dieu, si ce n’est Lui-même qui leur en donne connaissance ? « Je leur donnerai un cur pour connaître que je suis Le Seigneur . » (Jérémie 24, 7.)
Aujourd’hui, je me laisse interpeller.
Où en suis-je par rapport à mes études ? Des études théologiques ?
Quels efforts intellectuels dois-je fournir ?
Raisonner, apprendre sur Dieu, cela renforce t-il ma foi ou inversement est-ce que ma foi en est ébranlée ? Pourquoi ?
De quel côté est-ce que je me situe : élève ou enseignant ? Quels liens existe t-il entre apprendre et transmettre ? Puis-je réfléchir à la phrase de Paul « Je vous ai transmis ceci, ce que j’ai moi-même reçu. » (1Co 15, 3.)
Des enseignements bibliques, théologiques sont-ils proposés dans ma paroisse ?
Ai-je eu, un jour, envie de « mieux connaître » Dieu ?
Le service
« De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. »
Matthieu 5, 16.
Il y a deux dynamique dans la biographie de Robert Bellarmin. Tout d’abord cette intelligence brillante qui donne une route bien sûre et bien droite comme frère de la Compagnie, comme enseignant et recteur, comme personne d’autorité à Rome, auprès du Pape. Mais il y a aussi son expérience de mise à l’écart de la curie, entre 1602 et 1605, à Capoue, suite à un différent théologique avec Clément VIII. Il s’improvise alors pasteur. Nous pouvons lire dans le Missel romain : « qu’il se révéla d’emblée comme évêque modèle. Il se mit à visiter les paroisses, prêchant et catéchisant jusqu’à l’épuisement de ses forces, d’une charité sans bornes envers les miséreux. »
Vrai disciple, à la suite de Jésus dont toute la vie témoigne du service, lui-même à genoux devant ses disciples pour leur laver les pieds (Jean 13.) « S’il me manque l’amour, je ne suis rien » nous chante, en écho, Paul dans son hymne à la charité (1 Co 13, 2.)
Peut-être que cette expérience de don total a permis de mesurer la fécondité de sa vie ?
Aujourd’hui, je me laisse interpeller.
Ai-je vécu une mise à l’écart ? Une « mauvaise » promotion ?
Qu’en ai-je fait ?
Quel souci du pauvre, du petit, ai-je ? Quelle est ma patience envers les plus faible ?
Me suis-je déjà senti utile, en aidant une personne ?
« Préserve aussi ton serviteur de l’orgueil :
qu’il n’ait sur moi aucune emprise.
Alors je serai sans reproche,
pur d’un grand péché.
Accueille les paroles de ma bouche,
le murmure de mon coeur ;
qu’ils parviennent devant toi,
Seigneur, mon rocher, mon défenseur ! »
(Psaume 18 B (19 B), v 14 à 15.)