Tim Guénard, marié et père de 4 enfants, vit dans la région de Lourdes. Il partage son temps entre l’apiculture, l’accueil dans sa ferme de personnes en difficulté et des conférences à travers le monde.
C’est qu’il a une expérience forte à nous livrer : celle du pardon, de l’amour plus fort que la haine qu’il relate dans ses deux ouvrages autobiographiques Plus fort que la haine et Tagueurs d’espérance. Nous te proposons de le suivre dans son enfance et adolescence puis dans sa rencontre d’amour avec Dieu et les hommes.
Une enfance et une adolescence placées sous le signe de la violence et de la désespérance
Abandonné très jeune par sa mère, brutalisé par son père, il se retrouve cloué sur un lit d’hôpital pendant 2 ans et demi. Il va ensuite errer au gré des décisions de l’Assistance publique, de familles d’accueil en maison de correction jusqu’à finir dans la rue.
Une jeunesse martyrisée, nourrie d’injustices, de violence et de solitude.
« Croire en la vie est vraiment dur quand on a fait l’objet d’un traitement de choc dans l’enfance. Au début, j’espérais
Après
mon coeur s’est fermé. La haine a grandi en moi, elle me bouffait de l’intérieur. Cette haine pour mon père était devenue ma raison de vivre
C’était plus fort que moi. »
« Je me suis bâti une cuirasse
La meilleure façon de ne plus avoir mal, c’est de ne pas aimer »
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Citations extraites de :
Plus fort que la haine, T. Guénard, Presses de la Renaissance, Paris, 1999
Tagueurs d’espérance, T. Guénard, Presses de la Renaissance, Paris, 2001
Thomas Philippe, Frédéric et Jean Vanier, trois rencontres
Des rencontres l’aident à tenir et à se reconstruire : un clochard lecteur assidu du « Monde », une juge attentive qui lui propose de devenir tailleur de pierre avec les compagnons du Tour de France, le père Thomas Philippe et les handicapés de l’Arche. Autant de personnes qui le conduisent à découvrir celui qu’il appelle le Big Boss , un Dieu Père et aimant.
« L’Arche [de Jean Vanier] est un signe que les êtres humains ne sont pas condamnés au baston, à la guerre, à la lutte où les plus forts écrasent toujours les plus faibles. L’amour est possible ! Chaque personne humaine est précieuse et sacrée. »
« Moi l’insoumis orgueilleux, j’apprends à être au service des plus faibles. C’est décapant ! Les handicapés sont mes maîtres ».
C’est au contact de Frédéric que sa vie bascule. Il raconte : « Frédéric, un jeune garçon au handicap très lourd Malgré son handicap qui le prive de toute communication orale, il a trouvé un moyen d’entrer en communication avec les autres : la machine à écrire Après chaque lettre, le fauteuil roulant recule d’un bon mètre C’est une lutte magnifique et pathétique Pendant deux jours, Frédéric tape. J’imagine les aller et retour du petit corps recroquevillé vers l’engin. Cette volonté irréductible d’expression qui force l’admiration Le soir du 9 août, Frédéric me tend une lettre de 5 lignes. Cinq lignes écrites en deux jours de frappe harassante Cinq lignes pour me souhaiter un bon anniversaire. Cinq lignes d’amour. Le premier cadeau d’anniversaire de ma vie. Je saisis ma lettre d’amour et je pars comme un voleur dans ma chambre Frédéric a compris l’essentiel : l’amour gratuit, l’effort, la générosité. C’est pour moi un exemple de vie. Ce cadeau me met à genoux dans mon cur Ma colère laisse place aux larmes. Je chiale comme un gamin. Ma vie vient de basculer ». »
L’amitié du père Philippe est aussi déterminante pour Tim.
« J’ai eu un père de violence. Dieu m’a donné un père de miséricorde qui me prend tout contre lui. Il révolutionne mon image du père. Je commence à pourvoir imaginer l’idée d’un Dieu Père sans avoir envie de boxer. »
« A travers la bonté et la patience de mon père, je comprends que Jésus ne me lâchera pas et me pardonnera les bêtises de mon passé mal léché. Si le père Thomas m’a pardonné, alors Dieu m’a tout pardonné. Du coup, je veux faire partie de l’Eglise, la grande famille. J’accepte tout, même l’obéissance, je prends tout, j’ai soif de tout. Je veux rentrer dans la bande des chrétiens. »
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Citations extraites de :
Plus fort que la haine, T. Guénard, Presses de la Renaissance, Paris, 1999
Tagueurs d’espérance, T. Guénard, Presses de la Renaissance, Paris, 2001
Pardonner, un long chemin
Ce chemin de pardon dans le cur de Tim Guénard me touche par sa force et son réalisme. « Le pardon n’est pas une baguette magique. Il y a le pardon du vouloir et celui du pouvoir
Lorsqu’enfin la tête et le cur finissent par être d’accord, il reste le souvenir. C’est le pardon de la mémoire
Il exige beaucoup de temps .»
Avec Tim, cette expérience du pardon nourrit mon espérance.
« Je témoigne qu’il n’y a pas de blessures qui ne puissent être lentement cicatrisées par l’amour »
« L’amour c’est mon poing final. Je marche sur les sentiers de la paix ».
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Citations extraites de :
Plus fort que la haine, T. Guénard, Presses de la Renaissance, Paris, 1999
Tagueurs d’espérance, T. Guénard, Presses de la Renaissance, Paris, 2001